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Intelligence Artificielle

vendredi 21 mai 2010
par Didier Giraud
popularité : 9%

On pourrait croire que le thème des IA est relativement récent et lié au développement de l’informatique. C’est partiellement vrai, mais il est quand même étonnant de constater que, très tôt, dès l’apparition des premiers ordinateurs, la SF s’est emparée du sujet ... et avec le plus grand sérieux. Cela a commencé dans les années 60 et on est loin d’avoir fait aujourd’hui le tour du sujet !

Qu’est ce qu’une IA ? Il faut s’entendre sur ce que le thème recoupe... Si on revient au bon vieux "test de Turing", on peut parler d’IA si au terme d’un dialogue à distance (par l’intermédiaire d’un écran et d’un clavier par exemple) l’humain est incapable de dire avec certitude si son interlocuteur était un homme ou une machine (ou plus exactement, un logiciel). On le voit, cela dépasse largement le cadre de la simple puissance de calcul, du raisonnement logique. Ce qui fait d’un humain ce qu’il est, c’est sa capacité à interpréter le langage, sa conscience morale, sa capacité à éprouver des émotions... et à réagir ainsi de manière parfois irrationnelle !

Evidemment, les premières représentations d’IA proposées par la SF furent incomplètes et souvent limitées à une puissance de calcul phénoménale, associée à la capacité de prendre des décisions. En littérature, on pourrait citer Le Lendemain de la Machine, publié en 1951 et pour le cinéma 2001 l’Odyssée de l’Espace avec le fameux ordinateur HAL 9000 en 1969, puis Le Cerveau d’Acier en 1970. Auparavant, le grand écran nous avait principalement proposé des robots, plus ou moins évolués (Robbie dans Planète Interdite, Gort dans Le Jour Où La Terre S’Arrêta), mais dont aucun ne montrait le moindre signe d’intelligence, artificielle ou pas ...

Mais du côté des écrivains, c’est évidemment avec Isaac Asimov que la réflexion sur l’IA a le plus progressé, avec son oeuvre monumentale consacrée aux robots ... même si le terme d’IA n’a jamais ou presque jamais été employé par l’écrivain ! Difficile en effet de ne pas citer les fameuses Lois de la Robotique, inventées par Asimov : les conflits qu’elle générent dans "l’esprit" des robots ressemblent de manière très troublante à des cas de conscience... Des lois visionnaires, qui pourraient bien être utilisées un jour ou l’autre ! Et qui furent illustrées au cinéma, avec L’Homme Bicentenaire et I, Robot, mais de nombreuses années plus tard...

Car pendant ce temps (années 70 et 80), le cinéma prenait du retard ... jusqu’en 1977, avec l’excellent Génération Proteus, inspiré du roman de Dean Koontz, La Semence du Démon. Pour la première fois, le cinéma nous montrait un ordinateur véritablement humain, plus encore encore que celui de 2001 (auquel il manquait une fonction essentielle, comme le démontre Génération Proteus), car doté d’une conscience, d’émotions et de sentiments et surtout d’un instinct très développé...

En fait, les écrivains ont toujours eu un temps d’avance sur le cinéma en matière d’IA ... ce qui peut se comprendre compte tenu de la complexité du sujet, une complexité parfaitement rendue par la série de romans de Frank Herbert débutant avec Destination Vide et se poursuivant avec l’Incident Jésus, L’Effet Lazare et Le facteur Ascension (les références religieuses ne vous auront pas échappé), qui s’interrogeait principale sur la notion de conscience artificielle.

Philip Dick, lui, réinventait un test de Turing amélioré dans son roman "Est-ce que les Androïdes Rêvent de Moutons Electriques ?" ... traduit de manière pus simple (et plus commerciale) au cinéma par Blade Runner.

Et puis ... la littérature a fini de s’interroger sur la notion d’IA pour l’incorporer de manière "naturelle" dans de nombreux romans, de nombreux auteurs, un peu comme si elle faisait désormais partie du décor de la SF, au même titre que les rayons lasers et les voyages en hyperespace. C’est par exemple le cas des IA de la saga Hypérion, de Dan Simmons. La seule exception notable provient des romans de Vernon Vinge, qui a remis le sujet au gôut du jour avec la notion de "singularité" : une sorte de point d’inflexion dans l’histoire humaine, marquant la prise de pouvoir des machines sur l’homme, d’une manière ou d’une autre.

De ce point de vue là, ceux qui connaissent bien le jeu d’échecs ont du (ou auraient du ...) se poser de sérieuses questions le jour où l’ordinateur Deep Blue a battu Kasparov ... en 1997, il y a déjà 13 ans !

Au cinéma, cette prise de pouvoir des machines sur l’homme a été amplement utilisée, que ce soit avec Terminator et Skynet ou avec Matrix. Mais ces IA restent incomplètes et ne sont guère éloignées, finalement, du Colossus du Cerveau d’Acier, dans la mesure où elles n’éprouvent aucune émotion. D’ailleurs, dans Matrix, la véritable IA n’est-elle pas l’agent Smith, aussi teigneux que revanchard, plutôt que la Matrice elle-même ?

Mais au cinéma aussi, l’utilisation d’IA est devenue courante. C’est ainsi qu’on peut en trouver dans Johnny Mnemonic, dans Resident Evil, dans Robocop 3 et autres productions allant du très bon film de SF à la série Z ...

Le seul réalisateur ayant attaqué le sujet sous l’angle des émotions et des sentiments est Steven Spielberg avec A.I., du moins pour le cinéma, car à la télévision, Star Trek Next Generation avait déjà bien balayé le sujet, dans divers épisodes consacrés au personnage de Data et à sa quête d’humanité ...

Quel est aujourd’hui l’avenir de l’IA dans la SF ? Ce n’est peut être pas la bonne question à se poser. Quelle est aujourd’hui l’avenir de l’IA dans notre société est sans doute une bien meilleure question, même si on anticipe un peu. Mais peut être vaudrait-il mieux se poser la question AVANT qu’une véritable IA voie le jour... Non ?



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