The Man From Earth
John Oldman, un professeur d’université, décide soudainement de tout quitter. Alors qu’il s’apprête à déménager, ses plus proches amis débarquent et l’interrogent sur cette décision. Il leur fait alors une incroyable révélation : il est un homme des cavernes, âgé de 14 000 ans et, ne vieillissant pas, il est obligé de refaire sa vie tous les dix ans afin que son secret ne soit pas découvert. Mettant ses amis au défit de trouver une faille dans ses affirmations, il commence à répondre à leurs questions. Mais s’agit-il d’un jeu intellectuel ou de la vérité ? Au fil des questions-réponses, les convictions de ses amis sont mises à rude épreuve... car le récit de John Oldman va jusqu’à remettre en cause le fondement du christianisme !
C’est par le bouche-à-oreille des fans de SF que ce film est parvenu à sortir de l’anonymat. Il faut dire qu’a priori, il n’a rien de sexy. Pas la moindre scène d’action, pas d’effets spéciaux, pas de sexe, des acteurs très peu connus du grand public : juste un huis-clos entre quatre murs, pendant près d’une heure et demi... pas de quoi déplacer les foules ! Et pourtant, parti de rien ou presque, ce film a remporté les prix du meilleur scénario et du meilleur film au festival de Rhode Island en 2007, avant de se retrouver classé, 4 ans après, dans les 50 meilleurs films de SF de tous les temps sur IMDB !
Ceux qui se contentent de la SF sur grand ou petit écran ont peut être du mal à le croire, mais ceux qui ont l’habitude de la SF écrite le savent : les idées (pour peu qu’elles soient bonnes) et les mots (pour peu qu’ils soient bien arrangés) suffisent largement, notre imagination fait le reste et il n’est nul besoin de voir absolument quelque chose pour y croire, sauf si on s’appelle Saint Thomas...
De ce point de vue là, il n’y a rien à redire ni au scénario signé Jerome Bixby, qui a signé 4 épisodes de Star Trek (la série d’origine) et dont l’excellente nouvelle It’S A Good Life a donné un des meilleurs épisodes de The Twiligt Zone (dans lequel un enfant doté de puissants pouvoirs psychiques terrorisait tout son village et sa famille), ni aux dialogues qui constituent l’essentiel du film.
Il y aura peut être un jour un remake de The Man From Earth, qui nous proposera des flashbacks de la vie de John Oldman, dans lequel on le verra traversant les époque, à l’époque des cavernes, puis suivant l’enseignement de Bouddha avant d’embarquer avec Christophe Colomb ... mais il n’est pas certain qu’il sera plus captivant que ce simple récit oral, qui met à l’épreuve notre crédulité et notre scepticisme, en même temps que ceux des personnages.
Car évidemment, on se prend au jeu. Et le fait qu’il s’agisse d’un universitare, professeur d’histoire qui plus est, jète un doute : peut être écrit-il, comme il le suggère lui-même au début, un récit de SF ? Peut être a-t-il fait des recherches approfondies sur certaines des époques et des faits qu’il décrit sans aucune hésitation, avec bon nombre de détails troublants ? Peut être teste-t-il simplement auprès de ses amis, des scientifiques comme lui (biologiste, paléontologue, psychologue...) la crédibilité de son histoire avant de la publier ?
Mais peu à peu, le jeu tourne au vinaigre, car certaines personnes supportent mal qu’on remette en cause leurs certitudes... en particulier quand on aborde le sujet de la religion. Il est d’ailleurs surprenant que certaines associations ne s’en soient pas prises à ce film, dont le propos est largement plus subversif que celui du Da Vinci Code ! C’est sans doute parce qu’il est passé inaperçu qu’il a échappé aux foudres de ces fanatiques qui auraient probablement tenté de le faire censurer...
Quel que soit le camp dans lequel on se range, qu’on soit sceptique ou qu’on admette la possibilité de l’existence d’un homme ayant vécu 14 000 ans, le film n’en est pas moins passionnant, en bousculant nos certitudes et en jetant un regard vertigineux sur 140 siècles d’Histoire. C’est aussi la démonstration que la SF n’est jamais plus passionnante que lorsqu’elle est écrite par un spécialiste plutôt que par des scénaristes professionnels, aussi talentueux soient-ils.
The Man From Earth :un film presque indispensable, pour rétablir les connexions entre nos neurones parfois attaquées par les images et les scénarios de films qui misent tout sur les effets spéciaux. Hein ? Quoi ? Qui a parlé de Michael Bay et des Transformers ?
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