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que le pâle souvenir de lui même. Tant bien que mal, les hommes essayaient de conserver un semblant de civilisation mais il n’était pas facile d’oublier la mort, la souffrance et l’incertitude du lendemain. Bénédicte se rappelait qu’après la mort de ses parents, sa grand-mère était venue la chercher à la Nouvelle Nantes pour l’emmener vivre dans son auberge perdue sur les falaises venteuses de Bretagne. Une région coincée entre l’océan Atlantique et une forêt que plus personne ne visitait. Ce fut peu de temps après son arrivée que Bénédicte déclara les premiers symptômes de sa maladie. Deux ans de calvaire déjà, qui ne prendraient fin qu’avec sa mort.
La jeune fille reposa l’album photos sur le plancher de sa chambre. Le simple étirement du bras lui arracha une grimace de douleur. Ses muscles atrophiés ne pouvaient plus soulever des masses dépassant le kilogramme, ses ligaments et ses nerfs n’étant plus qu’une masse de tissus dévastée par le virus. Bénédicte se laissa glisser sous la couette pour dormir. Le rire de Sophie fusa dans le couloir. Elle reconnut la voix traînante de Canisius puis le bruit d’une porte qui se ferme. Pourquoi se trouvait-elle encore seule avec son désarroi tandis que ces deux autres égoïstes là-bas, allaient de nouveau profiter des plaisirs de la vie ? Un jour, elle tuerait Sophie ! Papy cachait une boîte de mort aux rats dans le placard du cellier. Il lui faudrait réfléchir à la meilleure façon de lui administrer une dose mortelle de poison !

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