Duma Key
On n’écrit bien que sur ce qu’on connaît bien. Cela pourrait être une devise de Stephen King, lui dont les héros ont souvent été des écrivains, et ont souvent vécu dans le Maine ! Dans Duma Key, cette devise est doublement vraie : parce que le personnage principal est à nouveau un artiste (un peintre, cette fois) et parce qu’il vient de connaître un terrible accident ... comme Stephen King lui-même en 1999.
Rien ne laissait présumer qu’Edgard Freemantle, qui a fait fortune dans l’industrie du bâtiment, deviendrait un artiste... jusqu’au jour où un accident sur un chantier lui a fait perdre un bras, lui a gravement endommagé une jambe et perturbé le fonctionnement normal de son cerveau.
Pour tout arranger, il finit par perdre sa femme... après avoir tenté de l’étrangler dans un moment d’égarement, emporté par une de ces colères qu’il ne parvient plus à maîtriser.
Edgar doit tout réapprendre. A marcher, à penser, à vivre ... jusqu’au moment où le psychologue qui le suit lui pose la bonne question : quelles sont les activités qui l’ont, un jour, rendu heureux et qu’il pourrait reprendre dans sa nouvelle vie ? Une réponse s’impose, incongrue : le dessin.
Pour démarrer cette nouvelle vie, Edgar décide de déménager. Et là aussi, une destination s’impose : Duma Key, une île de Floride, dont le prospectus l’a séduit au premier coup d’oeil. Et dès qu’il s’installe dans sa nouvelle demeure, Edgar se met à dessiner. De manière compulsive, à un rythme infernal et avec un talent inoui ... qu’il ne pourra d’ailleurs garder secret bien longtemps ! Et sa condition physique, rapidement, s’améliore et il finit par retrouver une vie quasi-normale.
Mais Edgar va rapidement se rendre compte que ce talent, qui se manifeste par des démangeaisons dans son bras disparu, recèle un pouvoir. Ce qu’il dessine ou peint peut influencer la réalité ... mais d’où vient ce pouvoir ? N’y a-t-il pas un prix à payer ? Et quel est ce mystérieux bâteau qui semble vouloir s’imposer, peu à peu, sur ses toiles ?
Faut-il le répéter une fois de plus ? Stephen King possède un incroyable talent de conteur. Rarement, toutefois, ses personnages ont eu une telle épaisseur, une telle profondeur. Duma Key est une formidable aventure humaine, celle d’un homme qui aura tout connu ou presque : le bonheur, la réussite, l’amour, le drame, le rebond, l’amitié, le désespoir à nouveau ...
Comme souvent depuis maintenant de nombreuses années, le fantastique est presque accessoire, marginal... même si la dernière centaine de pages du roman est consacrée à la lutte menée par Edgar et ses amis contre une entité malfaisante. Car aussi fascinante que soit l’histoire de Duma Key, des drames qui s’y sont déroulés et la manière dont ils bouleversent la vie d’Edgar, le principal intérêt du roman n’est pas là...
Alors Duma Key est-il le meilleur Stephen King à ce jour ? Je ne suis pas loin de le penser. Et vous, qu’en pensez-vous ?
