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L’Imaginarium du Docteur Parnassus

Terry Gilliam
samedi 21 novembre 2009
par Laurence Verdier
popularité : 100%

On a beaucoup parlé du dernier film de Terry Gilliam, car c’est le film posthume de l’acteur Heath Ledger (Les Frères Grimm, The Dark Knight). L’univers burlesque et pessimiste à la fois, aux images sombres et baroques, où la lumière jaillit de mille feux pour faire chavirer le film et le spectateur dans un rêve extraordinaire, aura permis de mettre en valeur et de confirmer le charisme du jeune comédien trop tôt disparu. Ainsi, il aura fallu la participation de Johnny Depp, Colin Farrell et de Jude Law pour « jouer » les scènes manquantes de Heath Ledger ! C’est dire le charisme du jeune homme !

Bande annonce IMG/flv/LImaginariumDuDocteurParnassus.flv

A notre époque, le docteur Parnassus parcourt une sombre mégalopole avec sa petite troupe de théâtre « l’Imaginarium », invitant le public noctambule à traverser le Miroir magique pour pénétrer dans les mondes parallèles, les mondes de leurs rêves ! Il y a 1000 ans, le don du docteur Parnassus, ainsi que son immortalité, lui ont été transmis au cours d’un pari perdu avec le Diable lui-même (le sombre et bizarre Tom Waits dans le rôle de Lucifer… quoi de plus normal !) : la fille du docteur, Valentina (l’actrice Lily Cole dont le visage d’ange convient parfaitement au rôle) deviendra la fiancée du diable dès ses 16 ans. Le docteur, aidé des membres de sa troupe, un nain « grincheux » et le jeune amoureux transi de la malheureuse promise, ainsi qu’un mystérieux amnésique (le lumineux Heath Ledger), vont tenter de rompre le pacte diabolique en traversant le Miroir magique pour arracher la jeune fille à son terrible destin.

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Même si l’intrigue se perd souvent dans la complexité du « pari » ambigu entre le Bien et le Mal (le bon docteur et le terrible Lucifer), le spectateur reste constamment attiré par l’attraction du Miroir et des merveilles qui s’y cachent. JPEG - 3.1 ko Terry Gilliam n’a jamais aussi bien représenté la singularité de son monde depuis son fameux « Brazil ». Le recours à une mise en scène théâtrale dès les premières images est remarquable. Il nous donne la possibilité à nous, spectateurs confinés (oui, il y avait salle comble ce jour-là !) dans leur fauteuil et au pitoyable public de l’Imaginarium, de pénétrer facilement dans un monde féerique, celui de notre imagination. La richesse des détails et des décors (le théâtre ambulant nous renvoie dans l’Angleterre du 19ème siècle, époque propice à une ambiance gothique), l’utilisation des effets numériques pour représenter les mondes parallèles sont un tel contraste avec les décors « réels et tristes » de la cité déshumanisante ! On a une seule envie, c’est de traverser le Miroir. C’est bien là toute la réussite du film. JPEG - 3.9 ko La profusion des couleurs, des matières, l’intérieur du théâtre, les costumes lourds, éclatants et poussiéreux à la fois, l’action soutenue, la musique très présente, l’interprétation des acteurs tous magnifiques et habités (Andrew Garfield est un comédien à suivre et Christopher Plummer a toujours autant de Classe !) permettent à l’imaginaire de prendre vie.

"L’Imaginarium du docteur Parnassus" est un film déroutant et intelligent, où le rôle de l’Artiste dans la société est souvent évoqué, Terry Gilliam n’hésitant pas à faire quelques « clins d’œil » à sa relation avec l’« échec » dans la créativité. De même, il rappelle ses propres débuts dans un rêve loufoque évoquant sa période Monty Python. Jubilatoire ! Même "Brazil" est évoqué avec le premier costume que porte Anton, le Monsieur Loyal du spectacle : une armure de Samouraï. JPEG - 2.9 ko Le choix d’un univers chamarré et poêtique pour représenter les mondes parallèles, les personnages marginaux du théâtre représenté par une sorte de haute caravane étriquée et bringuebalante, défiant souvent les lois de la gravité, évoquent l’univers narratif et visuel de Tim Burton (Edward aux mains d’argent, Beetlejuice...) mais aussi l’univers des tableaux surréalistes de Salvador Dali et de la peinture « sombre et mystique » d’un Jérôme Bosch.

Pendant deux heures, le spectateur assiste à une représentation digne des plus beaux spectacles où l’imaginaire est le personnage principal. Le spectateur « baigne » dans une profusion de couleurs tantôt sombres tantôt lumineuses, dans un rythme intense. L’émotion est présente pendant tout le film et laisse, malgré un scénario complexe, le spectateur quitter la salle de cinéma avec le sentiment d’avoir lui aussi traversé le miroir magique.

Un film rare par un réalisateur encore plus rare dans le cinéma actuel bien aseptisé. Je laisserai le mot de la fin à Anton joué par Andrew Garfield : « Voilà !!!! » (en français dans le film).



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