Hulk l’Intégrale 1962-1963
Bruce Banner est un brillant scientifique qui supervise le premier essai de la bombe gamma. Malheureusement, au dernier moment, il se rend compte qu’un jeune homme se trouve par hasard en plein milieu de la zone d’essai. Pour le sauver, Bruce se retrouve exposé aux rayons gamma qui vont à jamais changer sa vie et faire de lui un monstre. Désormais, dès qu’il s’énerve, le brillant scientifique se change en une créature quasiment invulnérable, dotée d’une force incroyable, mais d’une intelligence très réduite. Pour lui, c’est une malédiction...
On sait aujourd’hui que Stan Lee adore les héros affligés d’une faiblesse. Peter Parker (Spider Man) était d’une timidité maladive, Tony Stark (Iron Man) était un alcoolique au coeur particulièrement fragile, Matt Murdock (Daredevil) était aveugle... Et Bruce Banner*, lui, cumule deux handicaps : d’une part il ne contrôle pas ses transformations et d’autre part, sous sa forme de Hulk, il est totalement stupide, incontrôlable et dangereux, ce qui lui interdit tout espoir de mener une vie normale.
Pour résumer, Bruce Banner et Hulk sont un peu les Jekyll et Hyde de Marvel. Hulk a d’ailleurs souvent flirté avec les aspects les plus sombres de son personnage. Toutefois, même doté d’un QI ridicule, Hulk possède un véritable sens moral, simpliste mais suffisant pour faire de lui un héros plutôt qu’un méchant. Certes, il lui arrive assez souvent de se faire manipuler par des ennemis plus intelligents (ce qui est quasiment le cas de tous...), mais il finit toujours par se rendre compte compte de ma supercherie et là, malheur à celui qui lui a menti ! Et heureusement pour lui, Hulk va se trouver des amis. C’est ainsi qu’il va très vite rejoindre les Vengeurs (désormais appelés Avengers) et plus tard les Défenseurs.
Mais avant cela, dans ces six premiers numéros, Hulk se cherche... et ses créateurs partent un peu dans tous les sens. Soyons clairs : les débuts de Hulk sont loin d’être aussi bons que ceux de la plupart de ses camarades super-héros... Avant de devenir vert, Hulk est tout d’abord gris. Et pour ce qui est du dessin, le personnage est loin d’être stabilisé. Pire encore, on ne reconnaît qu’à peine le style de Jack Kirby sur certaines planches, à se demander si c’est bien lui qui les a dessinées... Quant au passage de relais avec Steve Ditko**, il est tout aussi curieux, un peu comme si un film dont le début a été réalisé par Spielberg était terminé par John Carpenter !
Et ce n’est guère meilleur au niveau des scénarios... Dans ces six premiers numéros, Stan Lee oppose à Hulk des adversaires qui sont loin d’être à sa hauteur et dont la plupart ont rapidement (et heureusement) basculé dans l’oubli. On croise ainsi le chemin de la Gargouille, un scientifique russe difforme mais au cerveau boosté par les radiations ; des hommes-crapauds venus de l’espace (si, si...) ; le Maître de Manège (qui deviendra plus tard Ringmaster, le leader du Cirque Infernal) ; le guerrier extra-terrestre Mongu, et pour finir le Maître du Métal...
La seule chose à retenir finalement de ces 6 premiers épisodes, ce sont les personnages qui vont constituer l’entourage de Banner / Hulk, avec le génral Ross (qui sera longtemps un de ses pires ennemis, sa fille Betty (amoureuse de Bruce) et Rick Jones, qui jouera un temps le rôle de "l’acolyte" de Hulk... avant de devenir celui de Captain Marvel !
* Et comme Peter Parker et Matt Murdock (et bien d’autres), il porte les fameuses "doubles initiales" ! ** Ditko a été génial dans les débuts de Spider Man, mais son style est peu adapté à un personnage aussi puissant que Hulk