Silo : Origines (Shift)
En 2049, alors que l’humanité vit encore à la surface, le jeune architecte Donald Green, récemment élu comme député, reçoit une mission du puissant sénateur Thurman : concevoir un modèle de gratte-ciel d’un genre particulier, destiné à être enterré.
Bien des années plus tard, un certain Troy est sorti d’hibernation pour une nouvelle faction au sein du silo 1, celui qui dirige la destinée des autres silos.
C’était plutôt malin de la part de l’auteur de livrer comme deuxième roman ce Silo Origines qui répond à de très nombreuses questions soulevées dans le premier roman, tout en maintenant un suspense maximal quant au sort réservé à son héroïne Juliette !
Et grâce à cet artifice, nous voilà repartis sur une nouvelle intrigue et de nouvelles questions ? Car comment et pourquoi en est on arrivés là, entre l’époque du député Donald Green, et celle de Troy, qui semble avoir des problèmes de mémoire...
Avec ce roman, Hugh Howey démontre que le succès aussi inattendu que mondial du premier Silo n’avait rien d’un coup de chance. Car on retrouve dans ce deuxième tome de la saga cette science du suspense qui a fait le succès du premier volet, même si le lecteur averti sentira sans doute venir la révélation concernant l’identité de Troy.
Ce qu’aucun lecteur ne sentira venir, en revanche, c’est la véritable origine des silos. Car, du moins à la connaissance de celui qui rédige cette chronique, aucun auteur n’a jamais évoqué cette hypothèse, proprement terrifiante.
Pourquoi terrifiante ? Parce que du temps où la moitié de l’humanité craignait que l’autre lance une attaque nucléaire, il y avait la possibilité d’une riposte. C’était ce qu’on appelait la théorie du "MAD (fou)" : Mutual Assured Destruction, ou destruction mutuelle assurée. En résumé, l’assaillant n’avait aucun intérêt à déclencher une attaque, puisqu’il était certain de déclencher par la même occasion une riposte qui l’anéantirait. C’était ce qu’on appelait la dissuasion nucléaire.
Mais que se passerait-il si une arme permettait de réaliser une attaque si foudroyante qu’aucune riposte ne serait possible ?
C’est la question posée par le roman, qui donne d’ailleurs la réponse évidente : dans ce cas, c’est le premier qui tire qui gagne ! Et même si, pour éviter de spoiler le lecteur, on n’en dira pas plus, sachez que cette arme existe déjà, ou presque. A la vitesse à laquelle la science progresse, en particulier dans le domaine militaire, le nombre d’années qu’il faudra pour développer ce genre d’armes se compte sans doute sur les doigts des deux mains, voire d’une seule... Et cela semble inéluctable. Que se passera-t-il ce jour là ? On ne peut qu’être extrêmement pessimiste au vu des événements récents et des graves tensions qui règnent entre les différentes grandes puissances d’aujourd’hui.
On en oublierait presque le roman ! Il faut surtout espérer qu’il ne sera pas prophétique, même si on ne parierait pas là dessus... Mais quoi qu’il en soit, Hugh Howey nous livre ici bon nombre des secrets qui taraudaient les fans de son premier roman, et c’est plutôt honnête de sa part de ne pas avoir trop fait durer le suspense, là où d’autres auraient multiplié les fausses pistes et les romans dans le but d’en faire un business...
A la fin d’Origines, le lecteur est donc armé pour retrouver Juliette et la suite de ses aventures. On peut imaginer qu’à la fin de cette trilogie, l’auteur pourra trouver un moyen de continuer à exploiter le filon, peut-être (sans doute ?) en nous racontant l’histoire des autres silos... A moins qu’il ait mieux à faire ? Espérons-le...
Quoi qu’il en soit, voilà un roman qui est à la fois une suite et une "prequel", à la hauteur du roman d’origine. Ce n’est pas si courant, alors ne boudons pas notre plaisir !