Perry Rhodan
K.H. Scheer et Clark Darlton sont à la SF allemande ce que Gérard de Villiers est au polar en France ... et je n’en dirai pas plus, sur les conseils de mon avocat ! Cela dit, un succès qui perdure sur un demi-siècle ne peut pas être complètement dénué d’intérêt. Et pour avoir lu un certain nombre de romans de la saga (une cinquantaine environ, mais j’étais jeune, j’avais des circonstances atténuantes), je peux comprendre qu’elle compte de nombreux fans...
Quels sont les "univers" aujourd’hui qui peuvent se targuer d’avoir dépassé les 100 romans ? Je n’en vois que deux : Star Wars et Star Trek. Le premier est issu du cinéma, le second de la télévision. Perry Rhodan, lui, est un pur produit littéraire. Oui, je sais ... le mot "littéraire", s’agissant de cette série, risque d’en faire bondir plus d’un ! Mais tant pis, il faut vivre dangeureusement ...
Tout commence d’une manière toutà fait anodine, avec une expédition terrienne sur la Lune ... qui va découvrir un vaisseau extraterrestre. Ces aliens sont des Arkonides, une race extrémemement avancée ... et dégénérée, à de rares exceptions près. A ce sujet, il faut souligner le côté relativement visionnaire de ces premiers épisodes : l’état de dégénérescence des arkonides semblent en effet être du à l’abus de l’utilisation des mondes virtuels ...
Perry Rhodan, très rapidement, va s’approprier la technologie arkonide et permettre à la terre d’acquérir un statut galactique, en formant dès les premiers épisodes l’Empire Solaire, dont il devient le Stellarque quasiment immortel (sous réserve de passer sous une "douche cellulairee tous les 60 ans). Et ce n’est qu’un début ...
Sans entrer davantage dans les détails d’une histoire évidemment riche en aventures diverses et variées (Wiki cite le chiffre de 230 romans en langue française !), il faut bien reconnaître à la saga Perry Rhodan quelques qualités, notamment celle de se lire comme un livre d’histoire, tant la situation de notre terre évolue rapidement au fil des différents épisodes ! Du coup, la saga acquiert une dimension qui nous fait, le plus souvent, oublier la pauvreté littéraire de certains (une majorité) de ses épisodes. On en oublie les détails, pour ne retenir que cette incroyable progression de la race humaine dans la hierarchie galactique ...
Du coup, s’agissant d’écrivains allemands, certains mauvais esprits ont vu dans la saga une apologie déguisée du nazisme, avec Perry Rhodan en Führer à la conquête d’un nouvel espace vital dans l’espace, avec d’un côté les terriens dans le rôle de la race aryenne et de l’autre des arkonides dégénérés ... Inutile d’aller plus loin ?
Mais il est vrai qu’on peut voir le mal partout, avec un minimum d’imagination ! Personnellement, je n’adhère pas à cette thèse. Perry Rhodan est de la SF basique, manichéenne, construite autour de principes simples qui ont fait leurs preuves. Le personnage de Reginald Bull, par exemple, est assez proche de celui du meilleur ami de Bob Morane, Bill Ballantine... Et on pourrait passer un certain temps à trouver les références / influences d’un certain nombre de développements de la série. Les Bioposis, par exemple, ressemblent étrangement, par certains aspects, aux Borgs de Star Trek Next Generation.
Qu’importe ? Il n’en reste pas moins que la saga, dans son ensemble, présente une intéressante vision de l’histoire de l’humanité replacée dans un contexte galactique. En ce sens, c’est un vrai "space-opera". Et certains romans constituent d’heureuses surprises, même s’ils sont rares. Alors pourquoi ne pas vous laisser tenter par l’aventure ?