The Prodigies
Sous ses allures de gentil géant, Jimbo Farrar est un génie dangereux. Outre des capacités intellectuelles qui font de lui un prodige de l’informatique, il possède un étrange pouvoir, qu’il a toutefois appris à canaliser grâce au richissime Killian, qui l’a pris sous son aile et l’a adopté suite à la mort de ses parents. Quelques années plus tard, ensemble, dans le cadre de la foundation créée par ce dernier, ils ont lancé un programme destiné à détecter d’autres enfants doués des mêmes capacités. Lorsque 5 d’entre eux se manifestent en lui envoyant un message codé, Jimbo décide de les rassembler. Malheureusement, la rencontre tourne mal. Les jeunes surdoués se font agresser et l’une d’entre eux, violée et frappée, reste entre la vie et la mort. Les quatre autres décident alors de la venger ...
Quelques générations d’élèves y ont eu droit : La Nuit Des Enfants Rois, de Bernard Lenteric, fait partie depuis pas mal d’années du programme scolaire et ce n’est sans doute que justice. Même si le roman possède quelques défauts faciles à pointer, il soulève bon nombre de questions intéressantes et constitue également une réflexion sur le cap parfois difficile à passer de l’adolescence...
Tous ceux qui l’ont apprécié seront donc sans doute heureux de découvrir cette adaptation cinématographique, dont on peut se demander pourquoi elle n’a pas vu le jour avant. En effet, La Nuit Des Enfants Rois fait partie de ces rares romans de SF dont la transposition à l’écran ne demande quasiment aucun budget en matière d’effets spéciaux !
Certains seront peut être dubitatifs concernant le choix d’une adaptation sous forme de film d’animation, ce genre étant encore souvent associé aux films pour la jeunesse. Mais on se rend très vite compte, avec les images relatant l’enfance de Jimbo, maltraité par ses parents, qu’il n’en est rien. Comme certains "animes" dérivés de mangas interdits aux moins de 12 ans (voire plus), The Prodigies est un film tout ce qu’il y a de plus adulte. Vous devrez donc veiller à tenir les plus jeunes à l’écart ...
Très vite, on se rend compte des libertés prises au niveau du scénario par rapport au roman. Jamais le Jimbo imaginé par Bernard Lenteric n’avait été maltraité... et on ne retrouve pas trace dans le roman du moindre pouvoir pychique, pas plus que du jeu de télé-réalité auquel les personnages participent !
On peut toutefois comprendre que, 30 ans après, l’utilisation de l’informatique alors naissante par des enfants surdoués est devenue trop banale de nos jours pour passionner qui que ce soit. Ce qui explique que l’on fasse appel à des super-pouvoirs très à la mode et à la télé-réalité, omniprésente sur les écrans d’aujourd’hui. Toute la question est de savoir si ces ajouts trahissent l’oeuvre de Bernard Lenteric ou s’il restent dans l’esprit du roman. Personnellement, je pencherais plutôt pour cette deuxième interprétation.
Certains regretteront sans doute des choix graphiques contestables, le côté un peu trop manga, l’allure d’un Jimbo qui ressemble parfois au Neo de Matrix, la violence de certaines scènes... c’est vrai qu’on est loin de la qualité de l’animation et du motion capture de certains films hollywoodiens. Mais est-ce si important que ça ?
The Prodigies nous raconte une histoire et pose intelligemment (c’est à dire sans qu’on s’en rende compte et donc sans que cela devienne ennuyeux !) un certain nombre de questions sur notre société, nos jeunes et leur éducation, notre mode de vie, la marginalité, la violence qui nous entoure et la réponse qu’on peut ou doit y apporter... on ne peut en dire autant de bon nombre de films "classiques" qui sortent sur les écrans ! Alors que le graphisme soit un peu trop simpliste ou peu trop japonais, franchement, quelle importance ?