Le Serment de l’Ambre T1 & T2 (L’Amojar - Portendick)
Il y a bien longtemps, 8 frères, les 8 plus meilleurs pêcheurs ayant jamais parcouru les mers, se lancèrent le plus grand des défis : venir à bout du Tichit, le roi des mers, un animal mythique. Après une traque de 20 ans, Tichit, finalement capturé, proposa aux pêcheurs un pacte : il leur offrit la vie éternelle mais en échange, ils durentrenoncer à tuer toute créature animale. Ils acceptèrent et devinrent les sorciers de Tichit. Bien des années plus tard, leur route croise celle du mercenaire Moudjeria et du marchand Ayoun, qui se sont rencontrés par hasard sur la route de l’amojar, le plus grand et le plus réputé des bordels. Les deux hommes font la connaissance de deux "pensionnaires", Emba et Senga, deux (charmantes) jumelles... mais leur séjour va être rapidement écourté, lorsque les sorciers de Tichit font intrusion dans l’Amojar. Pour une raison mystérieuse, ils sont à la recherche de l’une des deux soeurs. Ces dernière s’enfuient avec les deux hommes et une autre jeune femme et une longue course-poursuite commence...
Voilà une BD qui démarre fort, avec une légende aussi originale que prometteuse et ces 8 "sorciers de Tichit" dont on ignore encore tout ou presque, si ce n’est l’origine de leur immortalité. Et le dessin est à la hauteur (du moins sur le premier tome, car hélas on change de dessinateur dès le deuxième, ce qui est toujours regrettable...), avec notamment des sorciers très réussis, avec leurs masques particulièrement inquiétants.
Malheureusement, on reste un peu sur sa faim, sur le premier album comme sur le second. Certes, on ne s’ennuie pas car l’action et le rythme ne manquent pas, de même que les jeunes femmes très légèrement vêtues (pour les amateurs, voire les amatrices)... mais le scénario reste réduit à sa plus simple expression. On n’apprend pas grand chose dans ces deux albums, mis à part la raison pour laquelle les sorciers recherchent l’une des deux soeurs, qui est révélée en quelques planches assez belles dans le deuxième tome, de la même manière qu’est révélée l’histoire des sorciers dans le premier album.
Pour le reste, l’univers imaginé par Frédéric Contremarche reste dans les "normes" de la Fantasy traditionnelle, mais là encore on aimerait en apprendre un peu plus. En effet, mis à part le fait qu’il existe des bordels, des marchands, des mercenaires, des pêcheurs et une guilde des assassins, on ne sait pas grand chose sur ce monde. Qui le dirige ? Quelle est la religion dominante et ses divinités ? Quel est le rôle et l’influence de ces sorciers ? Quels sont au juste leurs pouvoirs ? Mystère... De la même manière, on ne sait pas grand chose des personnages, qui manquent un peu d’épaisseur, du coup.
On a certes l’impression, avec la fin du 2ème album, qu’un certain nombre de pièces du puzzle se mettent lentement en place... mais ça reste un peu trop confus, tant au niveau du scénario (mais combien sont-ils, au juste, à s’être échappés de l’Amojar avec Moudjeria ???) qu’au niveau du dessin, avec une bataille finale à laquelle on ne comprend pas grand chose.
Cela dit, même si on peut ressentir une certaine frustration à la lecture de ces deux albums, on a envie de laisser le bénéfice du doute à Frédéric Contremarche, en espérant que les albums suivants combleront les lacunes et effaceront les quelques défauts de ces deux premiers pour mieux mettre en valeur leurs qualités, indéniables.
Le Serment de l’Ambre n’est pas une saga humoristique, mais la lecture en sens inverse des noms des sorciers ( Iturba, Erat, Dranoc, Libed, Elbanim, Toban, Epolas) vaut son pesant de cacahuètes, sauf pour Penon, bizarrement. Faut-il en déduire que l’auteur a quelque chose contre les pêcheurs ?