Knights Of Sidonia T1 - T4
Il y a environ 1000 ans, la terre a été détruite par de gigantesques créatures polymorphes extra-terrestres appelées Gaunas. Ce qui en restait a été utilisé pour construire d’immenses vaisseaux spatiaux à bord desquels les survivants ont pu fuir. L’un d’eux, le Sidonia, abrite désormais un demi million d’habitants. Sans nouvelles des autres vaisseaux, ce sont peut être les derniers survivants de la race humaine. A bord, de nouvelles technologies ont été développées, une nouvelle société a vu le jour, avec des humains génétiquement modifiés pour se nourrir par photosynthèse, se reproduire de manière asexuée...et pour une poignée de privilégiés, pour vivre éternellement. Afin de lutter contre les Gaunas qui continuent de les traquer, les survivants du Sidonia ont créé les Sentinelles (ou Aristas), équipés d’une arme faite d’un métal rare qui semble être le seul élémen t capable de détruire les Gaunas. Nagate Tanikaze, un jeune garçon élevé par son grand père, a passé toute son enfance à s’entraîner dans un simulateur de combat. A la mort de ce dernier, il décide de devenir pilote de Sentinelle pour défendre Sidonia...
L’idée de départ, celle d’une humanité en fuite à bord de vaisseaux spatiaux gigantesques, est assez fascinante même si elle n’est pas nouvelle (l’exemple le plus célèbre étant celui du film et des séries Galactica). Mais Tsutomu Nihei y introduit une dimension nouvelle en abordant l’évolution sur le long terme de la société et de la population à bord de tels vaisseaux... Et l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère, en imaginant des humains dotés de la capacité de photosynthèse, ou d’individus ni hommes ni femmes capables de se reproduire de manière asexuée. On découvre également l’existence d’une "fête de la gravité" et d’une caste de quelques privilégiés génétiquement modifiés pour vivre éternellement...
On en sait beaucoup moins, hélas, sur les fameux Gaunas qui cherchent à exterminer les humains. On connaît certes leur structure, avec cet étrange "amnios", cette étrange enveloppe presque indestructible qui leur permet de changer de forme à volonté et protège leur corps des agressions... mais rien de plus. D’où viennent-ils ? Pourquoi s’en sont-ils pris aux humains ? Sont-ils intelligents ? Vivent-ils en société ? Communiquent-ils entre eux ? Mystère...
Si c’était le seul défaut de cette série de mangas, cela ne serait pas trop gênant. Malheureusement, le dessin de Tsutomu Nihei est également défaillant. Il est certes très à l’aise avec les personnages (au dessin irréprochable) et se révèle parfois impressionnant lorsqu’il s’agit des décors intérieurs du Sidonia (sans doute aidé en cela par sa formation d’architecte). En revanche, ses extra-terrestres, de même que les vaisseaux conçus pour les combattre sont complètement ratés.
Que les Gaunas ne ressemblent à rien, ça peut se comprendre compte tenu de leur nature polymorphe... mais on a connu des mangakas un peu plus inspirés lorsqu’il s’agit de dessiner des "méchas", puisque c’est de cela qu’il s’agit. Et non seulement les sentinelles ne ressemblent à rien, mais de plus on n’a aucune indication quant à leur taille, par manque de points de répère et de comparaison par rapport à celle de leur pilote par exemple, ou par rapport à celle de leurs adversaires extra-terrestres. On voit régulièrement les sentinelles affronter les gaunas, mais les deux pourraient tout aussi bien mesurer 50 cm que 2 kilomètres de long... Du coup, des scènes de bataille censées être impressionnantes se révèlent à peu près aussi efficaces qu’un Star Wars visionné sur un écran de smartphone. Ce ne serait pourtant pas si compliqué que ça de donner les mensurations des uns et des autres ou, mieux encore, de nous les montrer en situation : une sentinelle à l’intérieur du Sidonia, un pilote de sentinelle se glissant dans son "cockpit", un Gauna s’ attaquant au Sidonia...
Et pour ce qui est du scénario, tout n’est pas parfait non plus. Les personnages manquent un peu d’épaisseur, on en sait finalement assez peu pour eux, et pour arranger le tout, l’auteur fait de fréquents flash-backs, sans que cela toujours bien explicite et on peut donc avoir parfois avoir un peu de mal à se repérer dans la trame de l’histoire.
Certes, on a bien compris que les auteurs de mangas gèrent au mieux le nombre de volumes (15 à ce jour pour Knights Of Sidonia) de leurs séries... Il est donc assez logique qu’ils révèlent certains éléments de leur scénario au goutte-à-goutte. Mais à trop tirer sur la ficelle, l’intérêt du scénario peut en pâtir et c’est peut-être pour cette raison qu’au bout de quatre volumes, on n’a déjà plus vraiment envie de connaître la suite...