Olympos
On avait laissé Ilium en pleine divergence par rapport au récit qu’avait fait Homère de la Guerre de Troie : Achille et Hector (avec l’aide des Moravecs, ces étranges IA) ont décidé de s’allier et de combattre les Dieux qui les contemplaient depuis le sommet du volcan Olympe, sur Mars. Pendant ce temps (si on peut dire ...) sur Terre, les "humains à l’ancienne" redécouvrent les joies de la lutte pour la survie, attaqués de toutes parts par les Voynix, ces céatures qui étaient jusqu’alors leurs serviteurs. Mais quel est le sens de tout cela ?
Tout se déglingue, tout fout le camp ! Depuis qu’il a pété un cable, Achille est devenu un tueur de Dieux. Et à sa façon, il est devenu immortel, une sorte d’anomalie quantique, un défi aux probabilités : son destin était de périr d’une flèche tirée par Pâris, mais ce dernier ayant disparu, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter, pas même Zeus !
Sur Terre, c’est la panique. Plus rien ne fonctionne : après la "firmerie" (qui était capable de ressusciter les humains morts accidentellement avant la fin de leur cycle de vie de 5 fois 20 ans), ce sont les "fax", ces dispositifs de téléportation, qui vont rendre l’âme, au plus mauvais moment. Car les Voynix se déchainent contre leurs anciens maîtres, qui n’ont pas été préparés à ça, eux dont la vie n’avait jusqu’alors été qu’une longue quête du plaisir...
Les Moravecs, eux, essaient de donner un sens à tout cela. La terraformation de mars, les humains à l’ancienne ... A quoi joue Odysseus ? Que sont devenus les Posthumains ? Que sont donc ces innombrables machines en orbite autour de la Terre ? Que sont Sétébos, Caliban, Prospéro, Sycorax ? Que s’est-il passé passé dans l’histoire de l’humanité pendant ce qu’on appelle l’Ere Perdue ?
Tout cela (ou presque) va trouver une réponse dans Olympos. Plus ou moins claire, plus ou moins satisfaisante... A de nombreux égards, la lecture de ce roman est enthousiasmante. A de nombre égards aussi, elle est frustrante et décevante, tant on a parfois le sentiment que Dan Simmons s’est laissé dépasser par la complexité d’une l’intrigue qu’il ne maîtrise plus tout à fait : il y avait probablement suffisamment d’idées dans Ilium / Olympos pour écrire 2 ou 3 romans de qualité. Malheureusement, on finit par regretter que Dan Simmons aie choisi de les confiner dans un seul récit !
On regrette aussi certains développements surprenants de la part d’un écrivain de l’envergure de Dan Simmons. Faire des musulmans les véritables méchants de cette "ère perdue" de l’histoire de l’humanité, avec un sous-marin suicide chargé de missiles à trous noirs dénommé "l’Epée d’Allah" a un côté très manichéen et surtout très "hollywoodien", comme s’il fallait absolument, après le 11 septembre, s’en prendre aux arabes ! Et pour faire bonne mesure, on apprend que les voynix étaient initialement programmés pour exterminer les juifs ...
A partir de là, on peut entrer ou pas dans une polémique concernant le message que cherchait à véhiculer Dan Simmons...
Mais le plus ennuyeux, du point de vue du lecteur, c’est que tout cela tombe come un cheveux sur la soupe, n’apporte rien à l’intrigue (bien au contraire) et renforce l’impression générale d’un roman à l’ambition sans doute trop vaste et trop élevée par rapport aux moyens que s’est donné son auteur.