Les Derniers Hommes
Le thème n’est pas nouveau, loin de là. Sans les citer tous, les romans nous ayant proposé une vision d’une fin possible de l’humanité sont presque devenus un genre à part entière. A LA Fin de l’Hiver de Robert Silverberg, Le Fléau de Stephen King, La Mort Blanche de Frank Herbert, la saga d’Helliconia de Brian Aldiss (même s’il ne s’agit pas de notre planète) et bien d’autres romans encore nous ont proposé leur version de la fin de du monde, ou de sa renaissance.
Publié initialement sous la forme d’un roman-feuilleton en 6 épisodes, Les Derniers Hommes est ensuite devenu un roman à part entière, récemment réédité chez Au Diable Vauvert.
Suite à une guerre mondiale totale, notre planète est devenue quasiment invivable. La faute aux armes utilisées, en particulier l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés pour anéantir les ressources naturelles de l’ennemi, à commencer par l’eau, désormais empoisonnée.
Seuls quelques rares survivants, organisés en tribus nomades, sont parvenus à subsister. Parmi elles, les aquariotes ont acquis le monopole de l’eau, grâce notamment à leurs sourciers capables de trouver les rares nappes phréatiques ou réservoirs restés miraculeusement sains. Une eau qu’ils troquent ensuite en échange d’autres biens avec les autres tribus.
Les sourciers ne sont pas les seuls humains doués de capacités extraordinaires. Les manipulations génétiques, les radiations, ont créé des mutations, certaines bénéfiques, d’autres particulièrement horribles. C’est ainsi que Solman devient le Donneur des Aquariotes, capable de lire l’esprit de ses semblables et, parfois, de pressentir l’avenir. C’est ainsi également que Raïma la guerisseuse est elle-même atteinte de la transgénose, une maladie dégénérative qui va peu à peu la transformer en une créature qui n’a plus rien d’humain, ce qui ne va toutefois pas l’empêcher de tomber amoureuse de Solman.
L’humanité aurait sans doute pu renaître de ses cendres, même dans ces conditions particulièrement difficiles. Mais les catastrophes s’enchaînent les unes aux autres... Des catastrophes qui n’ont rien de naturel et derrière lesquelles Solman devine l’influence d’une entité particulièrement puissante et apparemment déterminée à débarrasser la planète de la race humaine, en suivant la chronologie d’une fin du monde décrite dans un très ancien livre. Parviendra-t-il à découvrir quelle est cette entité et à contrer ses plans ?
Il y a fin du monde et fin du monde ... On se souvient par exemple des romans de Gilles Thomas (La Mort en Billes, L’Autoroute Sauvage) et de leur équivalent cinématographique, Mad Max, tournés vers l’action et la violence. Mais il y a d’autres romans qui ont choisi de poser des questions un peu plus profondes, de se demander si la race humaine mérite ou pas la place qu’elle occupe sur terre, si une autre voie ne serait pas envisageable sous réserve de repartir sur de nouvelles bases (c’est à dire après avoir frôlé l’extinction), s’il ne serait pas temps pour l’être humain d’évoluer vers quelque chose d’autre, s’il ne veut pas disparaître.
Des questions difficiles à aborder, en particulier dans un roman "grand public". Et c’est précisément le principal mérite de ces Derniers Hommes et le petit exploit réalisé par Pierre Bordage qui, au travers de plusieurs histoires d’amour et d’un véritable exode ponctué de nombreuses aventures en forme de "road movie", parvient à tenir le lecteur en haleine, tout en l’amenant à réfléchir sur les points de vue des différents protagonistes de son roman.
Certains regretteront sans doutes les trop nombreuses références à la Bible et à la religion (uniquement chrétienne, curieusement). Mais après tout, la religion n’est jamais que le reflet d’une certaine conception de la morale, qui s’avère finalement un carcan dont l’homme ne peut apparemment se délivrer que dans des situations extrêmes. De ce point de vue, le roman de Pierre Bordage est finalement assez proche de celui de Cédric Desseaux (jeune auteur du roman Dédale Vers l’Empyrée, amplement commenté sur ce site), dont le héros suivait lui aussi un cheminement moral assez tortueux...
On peut ne pas être d’accord avec Pierre Bordage et la conclusion de son roman, bien entendu, mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est de se poser les questions soulevées par le roman et d’y apporter sa propre réponse !
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