Evadés de l’Enfer ! (Escape From Hell !)
Un assassin, une pute, un sodomite et un suicidé se retrouvent en enfer. Un enfer qui ressemble de manière troublante à la vie qui était la leur avant de mourir, en pire, mais à peine, finalement… Contre toute attente, ils vont tenter de s’évader et de mettre le feu à l’enfer lui-même… au point de faire trembler jusqu’au paradis lui-même !
Sur un sujet particulièrement difficile, Hal Duncan nous livre un roman offrant différentes facettes.
Au départ, les destins croisés des quatre personnages principaux nous interpellent. Un tueur professionnel qui semble avoir conservé quelques traces d’humanité, un SDF, un jeune homme ayant subi une très violente agression et une jeune femme battue, décèdent tour à tour… et se retrouvent dans le même bateau, au sens propre comme au sens figuré, en direction de l’enfer.
Dans un premier temps, on est surpris par la vision de cet enfer développée par Hal Duncan, finalement assez limitée, peu imaginative, un peu trop ordinaire. Car son enfer n’est ni plus ni moins qu’une cellule de prison pour le tueur, une chambre d’hôtel pour la prostituée, la rue pour le SDF et l’hôpital pour le jeune agonisant. Puis on se dit que c’est peut être le message que l’écrivain souhaite faire passer : l’enfer, finalement, c’est une version à peine accentuée du monde dans lequel nous vivons !
Puis le roman prend une tournure assez inattendue. Se succèdent alors des dizaines de pages d’action non-stop relatant l’évasion et la fuite des quatre personnages, bourrées de clichés dignes des pires films d’action. Les péripéties de Seven (le tueur), notamment, semblent directement inspirées de scènes des films interprétés dans les années 80 et 90 par Schwarzenegger, Stallone, Jean-Claude Van Damme et autres Steven Seagall (oui, même lui !). Malheureusementr, ce qui peut encore passer à l’écran (même si quiconque ayant déjà participé à une partie de paintball sait que cela ne se passe pas du tout ainsi dans la « vraie vie ») devient très vite intolérable à la lecture …
Quant aux dialogues, n’en parlons pas. La version française est remplie de « putain », tout comme certains films répètent les « fuck » à l’infini…Bref, ça ne vole vraiment pas très haut.
Hal Duncan n’est pourtant pas dénué de talent, loin de là. Certains passage se révèlent véritablement brillants, très évocateurs, voire émouvants, mais ils sont hélas noyés dans des considérations mélo-psycho-philosophico-dramatiques sans aucun intérêt. On notera également avec intérêt l’utilisation surprenante de la deuxième personne du singulier, à certains moments du roman, alors que l’auteur ne s’adresse pourtant pas au lecteur ! Un peu perturbant au début, le procédé est plutôt habile et nous incite, d’une certaine manière, à nous identifier au personnage en question.
Le roman ne prend véritablement son envol que sur la fin, avec l’apparition des anges ennemis, Lucifer et Gabriel. Mais même si l’action trouve un second souffle salvateur, on reste un peu sur sa faim. L’entrée en scène de tels personnages aurait pu être l’occasion pour Hal Duncan de prendre un peu de hauteur et de donner à son roman une autre dimension… mais il s’obstine à rester la plupart du temps, malheureusement, dans le registre du film de super héros à deux dollars…
Pour autant, Evadés de l’Enfer n’est pas inintéressant, avec une trame qui nous amène finalement assez loin en dépit d’un démarrage un peu poussif… On regrettera simplement que l’auteur n’ait pas fait preuve d’un peu plus de subtilité. A certains égards, ce texte un peu extrémiste rappelle les premiers romans du Norman Spinrad, tels que Le Chaos Final ou Les Pionniers du Chaos, excessivement sanglants.
On ne peut que souhaiter à Hal Duncan qu’il évolue comme son illustre prédecesseur et qu’il nous livre désormais des romans un peu plus travaillés, tout en conservant cette violence et cet esprit subversif… mais mieux maîtrisés !
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