Au-Delà (Hereafter)
Trois personnes, une française, un américain et un jeune britannique, ont été touchées par la mort, de trois manières différentes. Marie a été noyée en Thaïlande lors du Tsunami de décembre 2004 et a été ranimée de justesse ; George est médium et peut dialoguer avec les morts par un simple contact avec un proche ; Marcus, lui, ne parvient pas à accepter la mort accidentelle de son jeune frère jumeau. Bien que tout les éloigne, leurs destins respectifs vont les faire se rencontrer...
Le principe des destins croisés n’est pas nouveau au cinéma et si on prend la peine d’y réfléchir un peu, il n’y a finalement rien de plus banal : dès que quelqu’un rencontre quelqu’un qu’il ne connaît pas, ce sont deux destins qui se croisent !
Dans Au-Delà, peut être pour rendre encore plus improbable leurs croisements, le scénariste a choisi de placer ses personnages dans 3 pays différents, et dans des milieux opposés. Marie Lelay (enfant cachée de Marie Drucker et de Patrick Le Lay ?) est ainsi une journaliste star de la télévision, alors que le jeune Marcus est le fils d’une toxicomane qui ne tarde pas à être enlevé à sa mère et placé dans une famille d’accueil. Quant à George, il a choisi de mener une vie simple d’ouvrier, refusant d’exploiter son don de médium qu’il considère comme une malédiction, pour le plus grand malheur de son frère qui, lui, aimerait bien exploiter les deux, le don et son frère !
Tout cela est parfaitement interprété par des acteurs remarquables, qu’il s’agisse de Matt "Jason Bourne" Dillon, de Cécile de France ou de l’épatant Frankie McLaren (le jeune Marcus). Il faut dire aussi que Clint Eastwood, après avoir passé la majeure partie de sa carrière d’acteur à jouer les bourrins, a déjà prouvé depuis longtemps sa capacité à diriger des acteus et à réaliser des films pleins de finesse et de sensibilité.
Mais entre sensibilité et sensiblerie, il n’y a qu’un pas... qui est malheureusement franchi dans ce film, qui en fait en peu trop, que ce soit dans les clichés, les invraisemblances ou le mélo. On a ainsi un peu de mal à croire à ce personnage de journaliste sympathique, spontanée, fraîche et ... totalement naïve ! Quant à l’histoire du jeune Marcus, on a parfois l’impression que c’est Cosette et le petit poucet réunis. Tout cela aurait pu passer inaperçu avec une fin originale, suprenante ou tout simplement intéressante. Malheureusement, ce n’est pas le cas : elle est totalement baclée, ratée à un point difficilement imaginable pour un réalisateur de la qualité d’Eastwood ! Inévitablement, on se dit alors : tout ça pour ça ?
Car le gros point faible du film, c’est qu’il n’est porteur d’aucun message. On aurait pu s’attendre à autre chose de la part d’un réalisateur talentueux et qui ne s’était jamais intéressés jusqu’à présent au fantastique. L’au-delà existerait ? On comprend que Clint Eastwood, âgé de 80 ans, ait envie d’y croire... Certes le film n’est pas désagréable à suivre, loin de là. Mais au bout de plus de 2 heures de film, on se demande où il a voulu en venir. Ou même s’il voulait en venir à quelque chose !
C’est bien beau d’évoquer la mort, la vie après la mort et les destins croisés, mais c’est quoi la signification de tout cela ? Pour ce qui est des NDE (Near Deatch Experiences), on a déjà vu mieux avec L’Expérience Interdite. On a vu mieux aussi, pour ce qui est de dialoguer avec les morts, avec La Voix des Morts... sans parler des innombrables films sur le thème des médiums et des esprits de proches disparus. Alors que doit-on retenir d’Au-Delà ? Qu’il y a bien une vie après la mort, qu’une "conspiration du silence" nous cache ? Ou que tout cela n’avait d’autre but que de faire se rencontrer Marie et George ... et Marcus, qu’ils ne manqueront pas d’adopter ?
Mouais ...bienvenue au pays des bisounours !