Les Yeux de Laura Mars -- Votre note ?
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Les Yeux de Laura Mars

1978
mardi 24 janvier 2012
par Laurence Verdier
popularité : 2%

Laura Mars est une photographe américaine qui connait un certain succès dans le milieu branché de New-York de la fin des années 70. Un jour elle subit d’étranges visions, dans lesquelles elle voit ses proches se faire assassiner dans une mise en scène rappelant ses célèbres clichés. Bientôt ses rêves mystérieux deviennent réalité. Ses visions lui montrent ce que l’assassin voit lui-même pendant les meurtres qu’il perpétue dans son entourage proche. Laura Mars assiste alors impuissante, comme le spectateur, à la succession des meurtres sadiques de ses amis, puis finira par se voir elle-même à travers les yeux du tueur, car c’est elle la prochaine victime. Un jeune policier prend en main l’enquête, tout en devenant l’amant de Laura.

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En 1978, le réalisateur John Carpenter (Il deviendra mondialement célèbre quelques mois plus tard avec son film Halloween) écrit un scénario Eyes pour la chanteuse et comédienne Barbra Streisand (à l’époque, elle est la compagne de Jon Peters le producteur du film). Mais celle-ci se retire du projet jugé trop violent. John Carpenter décide alors d’abandonner lui-aussi le projet. Le film sera finalement réalisé par Irvin Kershner (L’Empire contre-attaque) avec l’élégante et charismatique Faye Dunaway (Bonnie et Clyde, Chinatown). On « retrouvera » malgré tout Barbra Streisand dans le très beau générique avec la chanson Prisoner.

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C’est par une mise en scène et une trame post-Hitchcockienne que Les Yeux de Laura Mars rappelle le style de Brian De Palma (Carrie au bal du diable, Phantom of the Paradise) avec les nombreux plans séquences où l’on suit le point de vue du héros, mais rappelle aussi le style des réalisateurs Dario Argento (L’Oiseau au plumage de Cristal, 1970) et Mario Bava (La Baie Sanglante, 1971).

Alors de là à vouloir qualifier Les Yeux de Laura Mars en digne héritier du giallo à la sauce américaine il n’y a qu’un pas que je vais bien vite sauter… Hop !

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Comme dans tout bon giallo donc, tout le monde est suspect (tel le tout jeune acteur Brad Dourif jouant déjà à la perfection les schizophrènes mystiques) ou l’ex-mari de Laura Mars, l’acteur Raùl Julià (La famille Adams). Un bon giallo, c’est aussi un thriller flirtant avec une ambiance fantastique : ici l’héroïne voit les meurtres de ses amis à travers le propre regard du tueur. Ainsi les meurtres sont filmés en caméra subjective dans une « démonstration » de violence stylisée. Les célèbres clichés (1) de Laura Mars prendront réalité quand le tueur reproduira les scènes de crimes imaginées sur papier glacé par la photographe.

Mais si l’enquête policière passe au second plan (on comprend assez rapidement qui est l’assassin, mais on ignore l’origine du don de Laura), le suspense reste toutefois bien entretenu… malgré une mise en scène plus que convenue en 2012 c’est certain !

La beauté sulfureuse et la classe de Faye Dunaway, ainsi que la célèbre scène de photos tournée à Columbus Circle, mais aussi la présence de Tommy Lee Jones (acteur alors débutant), et celle du toujours inquiétant Brad Dourif, restent les atouts maîtres qui donnent envie de (re)découvrir ce film sans prétention à l’époque, mais annonciateur « involontaire » (?) de nouveaux mœurs : ceux des années 80.

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Une séance "mode" version Mondes Étranges !
.

Sans essayer d’analyser le contexte économico-politique de l’époque, il est bon de rappeler que les Etats-Unis sortaient de deux crises importantes : l’affaire du Watergate et la guerre du Vietnam. La société américaine commence à cette époque à remettre en cause son idéologie trop manichéenne, voire même maccarthyste.

En 1978, la société capitaliste est alors en pleine crise. Déboussolée, elle se cherche de nouveaux repères, et pourquoi ne pas les retrouver dans la décadence sous toutes ses formes ? Commence alors une nouvelle soif de pouvoir, mais traduit cette fois-ci par un insatiable appétit sexuel… N’est-ce pas les débuts de la série télévisée Dallas !

A cette époque, l’érotisme commence à entrer dans les médias (la publicité, la télévision et le cinéma) et heurte la société puritaine. Ainsi, Laura Mars, divorcée d’un homme faible et alcoolique, photographie les couples dans des mises en scène provocantes (elle fait mourir les hommes dans ses photographies et fait porter systématiquement des tenues légères et sexy aux femmes). Son but étant de montrer, mais sans dénoncer, dit-elle, la violence de la société de consommation, base de la culture américaine. Ainsi, les photos (mêlant sexe et mort) et séances de travail de Laura Mars illustrent bien la liberté de ton régnant à l’époque. A travers les yeux du tueur (la société ?), Laura Mars redécouvre alors son propre travail comme si elle était elle-aussi une meurtrière (une consommatrice ?).

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De belles séquences « mode » pré-années 80 (avec l’éphèbe crypto-gay Sterling Saint-Jacques (2) cher au dr frankNfurter !), un procédé ingénieux pour les scènes de meurtre (vous voyez l’assassin avancer vers vous alors que vous êtes dans l’obscurité !), des personnages complexes et une scène finale, certes facile mais travaillée, font des Yeux de Laura Mars un thriller ingénieux qui mérite d’être redécouvert encore de nos jours.

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Infos sur l’achat en ligne


(1) Les photographies de Laura Mars sont les œuvres d’Helmut Newton et Rebecca Blake.

(2) Allez faire un petit tour par là pour découvrir ce fameux Sterling Saint-Jacques : http://www.therockyhorrorcriticshow...



Commentaires  (fermé)

Logo de Laurence Verdier
vendredi 27 janvier 2012 à 10h46, par  Laurence Verdier

Il est certain que les séances photos et la touche "Newtonienne" ont beaucoup contribué au succès du film. Quant à Sterling Saint-Jacques, il était grand temps en effet d’en parler, ce qui a été fait avec les Funky front covers. Merci dr Furter ;-)

Logo de dr frankNfurter
mercredi 25 janvier 2012 à 18h03, par  dr frankNfurter

Effectivement je ne suis pas étonné de constater que les photos du film ont été réalisés par l’un des pères du porno chic, Helmut Newton !
Quant à Sterling Saint-Jacques, que dire de plus ! Une réhabilitation, vite ! ^^

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