Apollo 18
La vie vous occasionne parfois de jolis tours ou de sinistres déconvenues. Vous espérez avoir entre les mains une plante potagère de concours, alléché il est vrai par une accroche des plus "prometteuses" : "Quand Alien rencontre Paranormal Activity ". Mais...
Officiellement, Apollo 17 fut en 1972 la dernière mission lunaire de la NASA, les missions suivantes ayant été annulées pour des raisons (bassement) budgétaires (1). Or en 2011, 80 heures de séquences classées Top Secret sont mises en ligne anonymement sur internet (2). Le film présenté, et portant le nom de la mission qui n’a jamais existé, dévoile dès lors le contenu de ses mystérieux rushes filmés en décembre 1974 et apparus par magie sur la toile...
Réalisé par l’espagnol Gonzalo López-Gallego et produit par le russe Timur Bekmambetov ( Night Watch ) Apollo 18 se veut un nouvel avatar du genre found foutage, genre popularisé et mise en lumière par l’italien Ruggero Deodato et son craspec Cannibal Holocaust . Or, en apparté, si le cinéma bis est intrinsèquement codifié, ce genre "métrage trouvé" est néanmoins régi par un cahier des charges des plus strictes ne permettant par nature aucune véritable originalité (il est de bon ton par exemple que le dernier qui filme ait la politesse de mourir juste avant le générique de fin (3) : Cloverfield , REC , etc...), à charge donc pour le metteur en scène et son équipe de proposer "autre chose". Oui mais...
Reprenant l’intrigue inverse du film de Peter Hyams de 1978, Capricorn One (4), et évoquant également le faux-documentaire de William Karel Opération Lune (tout du moins sur le papier), le long-métrage apparaît très rapidement comme une suite d’évènements prévisibles, mâtiné qui plus est par une théorie du complot des plus basiques, 1974 étant pour rappel aussi l’année du Watergate.
Trois astronautes dans l’espace ayant pour mission d’installer des caméras pour le département de la Défense sur la Lune, et qui découvriront à leur dépend qu’une forme de vie extraterrestre existe bel et bien sur ce satellite rocheux. Et ? Et puis c’est tout hormis la découverte d’un module lunaire soviétique abandonné. Certes, contrairement au Blair Witch Project , les apparitions hostiles apparaissent plus concrètes, mais l’ennui et une carence scénaristique manifeste font le reste (les bonus et les scènes coupées et alternatives témoignent de ce manque cruel de direction). En conséquence, une intrigue embryonnaire cousu de fil blanc, et une gravité lunaire elle-aussi aux abonnées absentes (5), Apollo 18 a tout du film à oublier. Pas mauvais mais suffisamment dénué d’originalité pour en garder un souvenir, même quelconque.
Quant à la conclusion du métrage, si la disparition des pierres lunaires offertes à divers dignitaires à travers le monde a été avérée, l’invasion des crabes lunaires se fait malheureusement toujours attendre.
(1) "La Lune c’est bien, mais le Vietnam c’est mieux" aurait répondu Henry Kissinger à son président Richard Nixon après le refus du Congrès d’allouer un budget conséquent à la NASA.
(2) Le buzz devant à l’origine venir du site lunartruth.com (qui semblerait être en rade aujourd’hui). Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire...
(3) Quoi je spoile ?! Mais non puisqu’on vous dit que ça fait parti du cahier des charges !! Suivez un peu...
(4) La mission spatiale vers Mars est annulée à la dernière minute pour un problème technique. Le voyage est officiellement maintenu mais les images seront tournées sur Terre en studio...
(5) Dommage car hormis ce "détail" important, l’imitation lunaire pouvait relever du sans faute.
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