La Maison Du Diable ( The Haunting )
John Markway, un chercheur en parapsychologie, décide de mener une expérience dans un vieux manoir marqué par de nombreux événements aussi tragiques qu’étranges et qui serait hanté. Afin de prouver qu’il est possible d’entrer en contact avec un autre monde qui pourrait être celui des esprits, il réunit plusieurs personnes : Luke, un jeune homme qui ne croit en rien et encore moins aux fantômes ; Theodora, une médium et Eleonore, une femme en proie à des problèmes psychologiques. Et dès leur première nuit au manoir, d’étranges phénomènes se produisent. Considérant qu’elle est trop fragile pour supporter l’expérience, Markway conseille à Eleanore de quitter l’es lieux. Mais elle refuse. Selon elle, la maison ne veut pas qu’elle parte...
Bien avant Amityville (1979), le Shining de Kubrick (1980) et le Poltergeist de Tobe Hooper (1982), il y avait eu La Maison Du Diable, signé par un des plus grands noms du cinéma de l’époque, Robert Wise, qui avait commencé sa carrière avec La Malédiction des Hommes-Chats (qui était la suite de La Féline), et qui l’a ensuite poursuivie avec Le Jour Où La Terre s’Arrêta, Le Mystère Andromède et Star Trek Le Film, pour ne citer que ceux qui intéressent ce site.
Tiré d’un roman de Shirley Jackson considéré par Stephen King comme un des meilleurs du genre ( il est fan de Shirley Jackson, dont il mentionne une des nouvelles dans son roman 22/11/63), le film bénéficie d’un excellent scénario, plutôt en avance sur son époque pour ce qui est des thèmes abordés, puisque la parapsychologie ne connaîtra son heure de gloire que dans la décennie suivante. Et on appréciera aussi bien les rapports complexes qui s’établissent entre les personnages pris dans ce qui est finalement un huis-clos, que les pistes, fausses ou pas, sur lesquelles il nous emmène, ainsi que la dimension psychologique du film, qui fait la part belle aux traumatismes de l’enfance.
Mais le travail de Robert Wise va porter essentiellement sur la réalisation. A l’époque, le grand maître du suspense et de l’horreur (depuis Psychose en 1960) s’appelle Alfred Hitchcock et Wise va s’employer à démontrer qu’il peut faire aussi bien, voire mieux...
Comme Psychose, le film est réalisé en noir et blanc. Et son héroïne blonde et perturbée est typiquement "hitchcockienne"... mais là où Robert Wise va innover, c’est dans la recherche permanente, au niveau visuel, d’éléments susceptibles de perturber le spectateur, de le mettre mal à l’aise et cela sans aucun effets spéciaux !
Les décors choisis pour le film fourmillent d’éléments étonnants, de détails, de motifs, de sculptures, de cages d’escalier impressionnantes, d’une architecture et d’une décoration surchargées, presque torturées... et sa caméra va partout ! C’est comme s’il avait décidé de choisir les angles et les plans les plus improbables. Plongées, contre-plongées, cadrages parfois (mais volontairement) approximatifs, caméra souvent légèrement inclinée (un procédé très utilisé, bien plus tard, par David Fincher dans Seven), vue subjective, vue au ras du sol, utilisation des ombres, des miroirs... c’est une véritable leçon de cinéma, donnée ici par un virtuose de la caméra !
Et pour couronner le tout et "plomber" encore un peu plus l’ambiance, une voix off, celle d’Eleanore, qui tendrait à nous faire croire qu’elle sombre peu à peu dans la folie... ce qui n’explique pas tout, toutefois !
Si on compare La Maison du Diable à Hantise, son remake de 1999 (plutôt raté d’ailleurs)signé Jan De Bont ou aux films d’aujourd’hui, il est clair que le film de Robert Wise ne joue pas dans la même catégorie : peu d’action, peu de sang et d’horreur véritable, pas d’effets spéciaux (et pas de sexe, faut-il le préciser ?). Certains s’ennuieront donc avec ce film qu’ils considéreront comme lent, plat, bavard et sans intérêt. Et d’une certaine façon, ils auront raison.D’autres, au contraire, se régaleront de son charme désuet, de ce noir et blanc rétro, de la réalisation, de l’ambiance, et ils auront raison aussi !
A vous de voir dans quel camp vous vous situez...
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