Le Récupérateur de Cadavres (Body Snatcher)
Le docteur MacFarlane est un professeur réputé et un chercheur passionné. Bien décidé à faire progresser la médecine et la chirurgie, il se procure des cadavres par l’intermédiaire d’un certain John Gray, qui écume les cimetières des environs. Son assistant, le docteur Fettes, désapprouve ces recherches illégales. Mais pour convaincre MacFarlane d’opérer la fille d’une amie, paralysée, il accepte de l’aider. Peu à peu, Fettes se rend compte que MacFarlane est complètement sous l’influence de Gray, qui commence à commettre des meurtres pour continuer à lui fournir des cadavres...
L’un est célèbre pour avoir été à plusieurs reprises Dracula, l’autre pour avoir incarné de nombreuses fois la créature de Frankenstein. Bela Lugosi et Boris Karloff, les deux stars du fantastique de l’entre-deux guerres, étaient plus rivaux qu’amis, mais cela ne les a pas empêchés de tourner à plusieurs reprises ensemble. Cela dit, dans Le Récupérateur de Cadavres, il s’agit surtout d’une opération de marketing, le rôle de Bela Lugosi étant assez court !
Tiré d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson inspirée de faits réels (des meurtres commis par les deux tueurs Burke et Hare dont il est question à plusieurs reprises), le film a été considéré comme un film d’horreur à l’époque de sa sortie. Aujourd’hui, évidemment, cela fait sourire... Mais heureusement, son intérêt ne se limite pas à l’aspect horrifique.
Car le film bénéfice d’un solide scénario, avec des personnages intéressants et en particulier le duo MacFarlane / Gray, qui entretiennent une relation particulièrement malsaine, se détestent mais sont unis par un secret qu’on découvrira sur la fin. Et Boris Karloff, dans ce rôle, montre toute l’étendue de son talent, avec ce personnage pervers et manipulateur, presque diabolique au sens propre du terme... à tel point d’ailleurs qu’on finit par se demander si MacFarlane n’aurait pas conclu un pacte avec le diable ! Et la fin du film reste ouverte à une interprétation fantastique, même si l’hypothèse de la démence semble la plus probable.
Pour son troisième film, deux ans après La Malédiction des Hommes-Chats (censé être la suite de La Féline) et six ans avant Le Jour Où La Terre S’Arrêta, Robert Wise s’affirme déjà comme un grand réalisateur, avec quelques scènes mémorable, comme celle où Boris Karloff fait boire Bela Lugosi pour mieux l’assassiner (intention qui devient très vite évidente pour le spectateur, d’où une assez belle montée du suspense).
En dépit de son âge avancé, Le Récupérateur de Cadavres* est donc tout sauf ennuyeux. Certes, il n’a plus rien d’un film d’horreur aux yeux d’un specyateur d’aujourd’hui. Mais le suspense fonctionne toujours et on se régale de la performance d’acteur de Boris Karloff. Plus de 70 ans après sa sortie, c’est déjà pas si mal !
* En dépit de son titre anglais, "Body Snatcher", le film n’a rien à voir avec Invasion Of The Body Snatchers (1956), qui a donné lieu à de nombreux remakes.