Deadpool
Wade Wilson, un ancien soldat des forces spéciales, est devenu un mercenaire qui exécute des missions minables à la limite de l’illégalité. Mais sa vie va basculer lorsqu’il tombe amoureux de Vanessa, une ancienne prostituée... et découvre peu de temps après qu’il est atteint d’un cancer généralisé en phase terminale. Wade est alors approché par un homme mystérieux qui lui propose un traitement qui fera de lui un super-héros et le débarrassera de son cancer. Suspectant que l’homme ne lui a pas tout dit, il refuse tout d’abord la proposition, puis finit par accepter. C’est ainsi qu’il devient Deadpool, guérit de son cancer grâce à son pouvoir de régénération accélérée qui le rend quasiment immortel, mais se retrouve horriblement défiguré. Le seul qui puisse lui rendre un visage humain est Ajax, le scientifique qui l’a traité et torturé pour provoquer sa mutation. Deadpool se lance à sa recherche dans l’espoir de pouvoir ensuite retrouver Vanessa, qui le croit mort...
Dès le générique, le ton est donné. Décalé, déjanté, pas du tout politiquement correct et en dessous de la ceinture ! Rien à voir avec les Avengers de Disney, donc. Deadpool fait en effet partie de l’univers des X-Men (comme Wolverine), dont les droits ont été rachetés par la Fox en 1994. Et si jusqu’à présent les films issus de l’univers des X-Men sont restés dans les normes des blockbusters classiques, ce n’est pas le cas de ce Deadpool, pour lesquels les producteurs ont pris un vrai risque en lui donnant une orientation très "trash".
Il y a toujours eu de l’humour chez Marvel, depuis le début. Spider Man notamment avait le don d’agacer ses adversaires avec les piques qu’il leur lançait en plein combat et bien d’autres personnages ont adopté cette attitude, comme la Chose par exemple. Evidemment, cela restait très "bon enfant", mais au début des années 90, lorsque Marvel a voulu prendre un tournant pour aller vers des comics un peu plus "adultes", les créateurs de Deadpool ont décidé d’aller plus loin. Beaucoup plus loin...
Le film est donc fidèle aux comics, mais il faut rendre pour une fois hommage aux producteurs hollywoodiens, pourtant habituellement très frileux, qui ont accepté que ce Deadpool joue la carte du décalage et de la provocation. Ils ont même pris le risque de faire appel à Ryan Reynolds, un acteur souvent décrié par la critique, raillé notamment (et un peu injustement) pour son interprétation de Green Lantern. Mais l’acteur avait déjà interprété le personnage de Wade Wilson dans le premier Wolverine et le réalisateur a choisi de jouer la carte de la cohérence, ce qui est une bonne idée (même si le Deadpool de Wolverine n’a pas grand chose à voir avec celui de 2016).
L’humour est donc ce qui caractérise ce premier Deadpool (qui aura sans doute des suites, vu le succès rencontré !). Un humour très en dessous de la ceinture, qui tourne beaucoup autour de la masturbation, à mots toujours couverts toutefois, de manière assez habile : c’est à la fois très explicite pour les adultes, mais complètement incompréhensible pour les plus jeunes. Les dialogues se suivent en effet en rafales à la vitesse d’une mitrailleuse, un peu comme dans le dessin animé American Dad (pour adultes lui aussi, en principe), si bien que si on n’a pas compris une plaisanterie, on n’a même pas le temps de se poser de question si on ne veut pas manquer la suivante, et ainsi de suite !
Mais l’humour n’est pas le seul atout du film et les grands gagnants du film pourraient bien être le réalisateur Tim Miller et Ryan Reynolds. Le premier ne manquera pas de se faire un nom, avec un film aux scènes d’action hallucinantes, atteignant un niveau encore jamais vu, pourtant réalisées avec un budget très raisonnable (58 millions de dollars) et largement inférieur aux normes du genre ! Quant au second, il pourrait bien gagner avec rôle ses premiers galons de véritable acteur aux yeux des critiques.
Il faut également mentionner Morena Baccarin, déjà vue dans la regrettée série Firefly ainsi que dans Stargate SG-1 et qui possède un charme assez incroyable, ainsi que Ed Skrein (vu dans Game Of Thrones dans le rôle de Daario Naharis), excellent dans le rôle du salopard de service !
Contre toute attente, Deadpool est donc une réussite totale, surprenante, déstabilisante même parfois avec ce personnage qui s’adresse par moments directement au spectateur, face caméra, brisant le fameux "quatrième mur", avec des dialogues qui évoquent le projet d’une trilogie, avec un Ryan Reynolds qui joue avec sa propre image en évoquant les critiques dont il fait l’objet... Et surtout, le film confirme, après les séries Daredevil et Jessica Jones produites par Netflix, que l’univers Marvel en version "pour adultes" peut se révéler encore meilleur, même sans budget, que certaines grosses productions Disney !