Tusk
Wallace Bryton est un podcaster américain. Après avoir vu plusieurs vidéos d’un jeune canadien, il décide de partir l’interviewer. Malheureusement, une fois sur place, Wallace apprend que le jeune homme est mort. Plutôt que de rentrer bredouille, il décide alors de tenter de trouver un autre original à interviewer. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Howard Howe, un vieil homme dans un fauteuil roulant qui, pour ne pas rester seul, propose aux gens de passage une nuit gratuite chez lui en échange d’un peu de conversation. Wallace accepte et apprend qu’Howard est un ancien maruin qui a eu une une vie aventureuse, jusqu’au jour où, après un naufrage, il a été sauvé par un morse avec lequel il a ensuite noué une relation d’amitié et qu’il avait surnommé Monsieur Tusk...
Comme souvent avec Kevin Smith, on a du mal à savoir si Tusk est une véritable comédie horrifique ou s’il s’agit d’autre chose... du moins jusqu’au générique de fin dans lequel on entend la voix du réalisateur qui nous fait comprendre que son film n’est qu’une vaste blague. Et là, curieusement, on pousse un soupir de soulagement... Parce que à l’idée de prendre au sérieux cette histoire quasiment irracontable, on ne peut pas s’empêcher de se sentir mal à l’aise.
Tusk fait en effet partie de ces films d’horreur qui, même sans montrer grand chose, s’avèrent particulièrement dérangeants. Kevin Smith en est tout à fait conscient et a d’ailleurs reconnu avoir été influencé par un autre film hautement bizarroïde et perturbant, The Human Centipede*, définissant Tusk comme un croisement entre ce dernier et le film Misery dans lequel un auteur se retrouvait, après un accident de voiture, prisonnier de sa plus grande fan (qui est également une psychopathe).
Evidemment, on a un peu de mal à croire à cette histoire invraisemblable (du moins, on a envie de croire qu’elle l’est !) d’un homme qui décide de transformer un de ses semblables en morse, avec ce que ça implique comme amputations diverses et variées... mais le talent de Kevin Smith est tel qu’il parvient à éviter le ridicule et à nous faire frémir à l’idée qu’homme puisse être ainsi "transformé" en une créature bien plus monstrueuse que n’importe quel monstre de Frankenstein.
C’est ce talent, aussi, qui lui a permis de réunir autour d’un projet aussi déjanté un casting improbable, avec Justin Long (Galaxy Quest, Jeepers Creepers, Planet Stupid), Haley Joel Osment (le jeune garçon du Sixième Sens de Shyamalan et du A.I. de Spielberg) et Johnny Depp !
Dire que le film est passionnant serait sans doute excessif, d’autant qu’il présente quelques moments assez faibles (notamment avec Johnny Depp dans un rôle et surtout un emploi qui semble lui convenir assez mal)... mais il est réellement impressionnant, au sens où on s’en souvient longtemps (à la différence de la plupart des films d’horreur, qu’on oublie aussitôt après les avoir vus). Donc même s’il s’agit d’une comédie horrifique, ne vous attendez pas trop à rire aux éclats...
* le pitch du film est très simple : un chirurgien tente de produire un "mille-pattes humain" en reliant les uns aux autres, par la bouche et l’anus, trois jeunes touristes qu’il a enlevés...