Avalon

Cela saute aux yeux (et aux oreilles) dès les premières images et les premières notes de musique : Avalon n’est pas un film comme les autres. Sans effets spéciaux spectaculaires (le film n’a coûté que 8 millions de dollars), on se retrouve pourtant immédiatement plongé dans une ambiance, un univers très particuliers, celui des joueurs d’Avalon, un jeu de réalité virtuelle partciluièrement réaliste et dangereux...
Avalon n’est rien de plus qu’un jeu de guerre comme il en existe tant, aujourd’hui déjà. La seule différence - de taille - est qu’il s’agit d’un jeu de réalité virtuelle, entraînant chez certains joueurs une véritable addiction... et certains, qu’on appelle des "non-revenus" se sont même retrouvés en état de mort cérébrale après s’être fait tuer dans le jeu.
Ash est une joueuse de haut niveau. Elle est parvenue au niveau "classe A", le plus élevé du jeu... à moins que les rumeurs concernant un niveau secret appelé "spécial A" ou "classe réelle" soient vraies. Dans ce niveau, extrêmement difficile, il serait possible d’accumuler suffisamment de points d’expérience pour faire évoluer son avatar en Evêque (Bishop), qui sont les personnages les plus puissants du jeu. Mais d’après les rumeurs, toute mort du joueur à ce niveau spécial A serait fatale ...
Ash décide de tenter sa chance. Mais pour cela, elle doit trouver dans la classe A une étrange petite fille au regard triste, appelée "ghost" (fantôme) et l’éliminer.
Difficile de comparer ce film à un autre. On peut parfois penser à Matrix... mais la Matrice n’avait rien d’un jeu. Et la différence entre le monde réel et le monde virtuel était évidente. On peut également penser à eXistenZ de Cronenberg... mais le jeu lui-même (ses objectifs, ses règles) restait assez obscur. Dans Avalon, les amateurs de jeu vidéo ne sont pas dépaysés : jeu de guerre, points d’expérience, jeu en solo ou en équipe, niveau secret à "débloquer", on est en terrain bien connu.
Mais s’il ne s’agissait que de savoir si Ash va remporter le jeu, accéder au niveau "classe réelle" et devenir Bishop ... ce serait un peu léger. Car le scénario n’est qu’un simple prétexte pour poser un certain nombre de questions. Sans y apporter la moindre réponse d’ailleurs !
Et Mamoru Oshii (touche-à-tout de génie, réalisateur entre autres du film d’animation Ghost In The Shell) pose ces questions par de simples (mais subtils) artifices de réalisation... A commencer par les tons monochromes (à dominante ocre, proche du sépia) utilisés pendant la majeure partie du film... jusqu’au moment où, dans le niveau "classe réelle" (le nom n’est d’ailleurs pas innocent), on retrouve des couleurs normales. Dans le même esprit, il inbtroduit un fort contraste entre la vie quotidienne d’Ash (d’une lenteur et d’une monotonie à la limite du supportable, renforcées par une bande son, très lente elle aussi, de Kenji Kawai) et sa vie virtuelle, éviedemment beaucoup plus agitée et rythmée.
Alors pourquoi Ash et les autres sont-ils aussi "accro" au virtuel d’Avalon ? Parce que leur vie quotidienne est d’une tristesse et d’un ennui insondables ? Ou bien leur vie quotidienne leur semble-t-elle triste et ennuyeuse à cause de leur addiction au monde virtuel ?
Et où se trouve au juste la réalité ? Y a-t-il même dans le film un seul moment où le réalisateur nous montre la réalité ? Ne se pourrait-il pas que ce qui est censé être la "vraie vie" ne soit en fait que le "niveau zéro" du jeu ?
A moins que la réalité, ce soit le niveau "classe réelle" ? Un niveau duquel on ne ressort pas... sauf par la mort... ça ne vous rappelle rien ? C’est après tout une assez bonne définition de la vie, non ?
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2 remarques en passant : les acteurs polonais sont excellents... et les amateurs d’Alien n’auront pas manqué de noter qu’Ash et Bishop sont les noms de deux androïdes de la saga. Et les androïdes sont, eux aussi, une imitation de la "vraie vie". Décidément, on est en plein dans un univers à la Philip K. Dick !
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