George Romero
George Romero n’a pas attendu longtemps avant de devenir célèbre, puisque son premier film a fait de lui un réalisateur culte ! Mais à la différence d’autres qui se sont également fait connaître avec un film d’horreur (Tobe Hooper, Sam Raimi, Wes Craven), George Romero a été immédiatement reconnu pour le propos social qui sous-tendrait, d’après les critiques, la plupart de ses films, notamment ceux de zombies. Mouais... pas si évident que ça quand même.
Dès 1968, on entre dans le vif du sujet : réalisé en noir et blanc avec des bouts de ficelle, La Nuit des Morts-Vivants définit ce genre nouveau qu’est le film de zombies, ou de morts-vivants : ils sont contagieux, ils se nourrissent de chair humaine, se déplacent lentement mais sont difficiles à tuer... Mais ce qui vaut à Romero sa réputation de réalisateur "engagé", c’est le choix d’un héros noir opposé à un personnage blanc antipathique et une fin tragique pour le héros, abattu par la milice chargée d’éliminer les zombies ! Un choix courageux, c’est vrai, pour l’époque.
Il récidive 5 ans plus tard avec La Nuit des Fous Vivants, une variation sur le thème des zombies, avec cette fois en toile de fond une critique de l’armée américaine, responsable de la catastrophe et qui n’hésite pas à employer les grands moyens pour éradiquer le problème !
En 1977, il s’essaie à un nouveau genre, en renouvelant le thème du vampire dans le film qui est considéré par beaucoup comme son chef d’oeuvre : Martin, l’histoire d’un jeune homme et de son oncle, persuadés d’être des descendants de Nosferatu.
L’année suivante, il revient toutefois à son thème de prédilection avec Zombie (Dawn of the Dead) dans lequel un groupe d’humains tentant de survivre à l’invasion des zombies, trouvent refuge dans un centre commercial. Et évidemment, on ne manque pas de souligner qu’il s’agit là d’une vive attaque contre la société de consommation !
Mais Romero s’intéresse aussi à la littérature fantastique et il le prouve avec Creepshow en 1982 en adaptant 5 nouvelles de Stephen King, avec une distribution très hétéroclite, puisqu’on retrouve entre autres Ed Harris, Adrienne Barbeau, Leslie Nielsen et ... Stephen King lui-même !
Il remettra ça en 1990 avec Deux Yeux Maléfiques et l’adaptation de deux textes d’Edgar Poe (dont un réalisé par Dario Argento).
Mais entretemps, il revient aux morts-vivants en 1986 avec Le Jour des Morts Vivants, qui par certains aspects évoque la guerre froide, avec l’opposition entre scientifiques et militaires, les zombies devenant presque accessoires, pour la première fois.
Il réalise aussi en 1988 Incident de Parcours, un bon petit film d’horreur / suspense dans lequel un singe censé être dressé pour aider un handicapé va peu à peu devenir fou...
En 1992, il revient à Stephen King en adaptant son roman La Part des Ténébres, une adaptation fidèle et réussie.
En 2000, après 8 années d’inactivité (commer réalisateur du moins), on le retrouve avec Bruiser, un film très personnel sur la quête d’identité d’un homme ayant perdu son visage...
Puis il fait un retour fracassant vers les morts-vivants avec trois films consécutifs :
Le Territoire des Morts en 2005, dans lequel les zombies semblent développer une forme d’intelligence et même des émotions... alors que les humains ont adopté une structure sociale assez particulière pour assurer leur survie !
Chroniques des Morts-Vivants en 2008, dans lequel il évoque la télé-réalité et les médias avec une réalisation en caméra subjective façon Blair Witch !
Survival of the Dead en 2009, qui nous montre la lutte entre deux familles isolées sur une île et qui s’opposent sur la manière de régler le problème des zombies ... une nouvelle belle illustration de la bêtise humaine !
Mais ce n’est pas tout puisque George Romero a également signé les scénarios de La Nuit des Morts-Vivants de Tom Savini (qui a travaillé de nombreuses fois avec lui) et de L’Armée des Morts de Zack Snyder ! George Romero consultant de luxe dès qu’il est question de morts-vivants ? C’est ce qui semblerait ...
En tout cas, voilà un réalisateur qui a signé les scénarios de la totalité de ses films, ce qui est généralement la marque d’un grand. Et c’est aussi un réalisateur qui, à 70 ans, ne fait pas du tout son âge ! Si seulement les films réalisés par les réalisateurs trentenaires étaient tous de la même qualité que les siens ...
Un seul bémol, sur le côté "critique de la société américaine". Certes, george Romero montre bien la stupidité et les travers de ses concitoyens et contemporains. Mais pour ce qui est par exemple, de la critique de la société de consommation, on est quand même loin d’Invasion Los Angeles de Carpenter, le maître en la matière, infiniment plus subversif que Romero !