Hollow Man
Sebastian Caine est un chercheur brillant, ambitieux et un brin mégalo... Ses recherches sont sur le point d’aboutir, mais Sebastian est pressé : il décide de s’injecter le produit qu’il a mis au point et qui fonctionne sur des animaux... avec quelques effets secondaires ! Sebastian devient invisible et l’expérience est un succès. Mais peu à peu, son comportement change et il devient de plus en plus agressif et paranoïaque... notamment à l’égard de deux de ses collègues : Linda, qui est aussi son ex et Matthew, le nouvel amant de Linda ...
Cette fois il ne s’agit pas de sauver une colonie martienne de la tyrannie d’un vil exploiteur (Total Recall) , de rétablir l’ordre dans une société en voie de décomposition (Robocop) ou de sauver la race humaine face à une terrifiante race d’insectes extra-terrestres (Starship Troopers) ! Hollow Man est une sorte de drame horrifique sur fond de triangle amoureux qui se joue en huis-clos, avec comme décor un simple laboratoire.
Rien de bien extraordinaire donc et c’est bien ce qui déçoit un peu, de la part d’un réalisateur aussi provocateur que Paul Verhoeven ! Le principe du huis-clos aurait pu être une bonne idée, car quoi de plus angoissant que de se retrouver pris au piège avec un tueur invisible ? Sauf que Verhoeven préfère jouer la carte de l’horreur plutôt que celle du suspense. Et du coup, le huis-clos s’avère plutôt réducteur et c’est à se demander si le film n’aurait pas été plus spectaculaire et plus intéressant avec un tueur invisible lâché dans la ville !
Certes, certaines scènes s’avèrent un peu "borderline" au regard des standards hollywoodiens : meurtre d’un chien, viol d’une femme ... mais Verhoeven, étrangement assagi, semble se contenter de rester à la limite du politiquement incorrect, sans jamais tenter de la franchir. On est loin du croisement de jambes de Sharon Stone dans Basic Instinct, des danseuses de Showgirls, de l’ultra-violence de Robocop, du faux militarisme de Starship Troopers...
Heureusement, il reste la prestation toujours aussi convaincante de Kevin Bacon, qui était pourtant bien parti avec Tremors, L’Expérience Interdite et Hypnose et qui, depuis, s’est fait beaucoup plus rare sur les écrans de la SF et du fantastique (on attend avec impatience son retour annoncé dans X-Men : First Class).
Il reste aussi les effets spéciaux, remarquables et impressionnants, qu’il s’agisse des disparitions / réapparitions des sujets rendus invisibles, couche après couche (peau, organes, muscles, squelette) ou des scènes dans lesquelles Sebastian devient partiellement visible, sous l’eau ou dans la fumée, vraiment très réussies.
On pourrait s’en contenter, de la part d’un autre réalisateur. Mais de la part de Paul Verhoeven, on reste un peu sur sa faim et on se dit qu’il a finalement choisi la facilité en plaçant clairement son film sur le territoire de l’horreur : il s’affranchit ainsi d’un certain nombre de contraintes qui auraient été celles d’un film plus réaliste, dont l’impact aurait probablement été tout autre... Ce qui lui aurait sans doute valu quelques problèmes avec la censure et des commentaires une fois de plus très acerbes de la critique ! Mais après avoir été suspecté (à tort) de sympathie pour les nazis avec Starship Troopers ou de perversion (là, on évitera de se prononcer car cela...ne nous regarde pas !) pour l’ensemble de son oeuvre, il a peut être préféré jouer la carte de la prudence, ce qui peut se comprendre...
