Rage -- Votre note ?


Rage

Richard Bachman / Stephen King
samedi 7 mai 2011
par giraud
popularité : 7%

Charlie Decker est lycéen. Il est également un psychopathe... ce dont tout le monde va se rendre compte lorsqu’il est convoqué par le principal de son lycée, qui lui annonce son renvoi. Charlie, qui est armé, assassine alors froidement sa prof de maths et prend sa classe en otage. Alors que la police cerne les lieux, Charlie commence à raconter sa vie à ses camarades de classe...

Publié à l’époque sous le pseudonyme de Richard Bachman, que Stephen King utilisait lorsqu’il souhaitait publier des romans non fantastiques - et d’une certaine manière plus personnels - Rage surprend peut être encore plus aujourd’hui qu’à l’époque.

Aussi glaçant que visionnaire, Stephen King décrivait en 1977 un phénomène qui, hélas, n’a cessé de prendre ensuite de l’ampleur. C’est ainsi que Wiki nous apprend qu’en 1988 un lycéen prit sa classe en otage, puis un autre en 1989. En 1996, un autre abat un professeur et deux élèves. L’année suivante, un autre encore fait 3 morts et 5 blessés. Tous avaient lu Rage...

Puis il y eut le drame de Columbine (13 morts, 24 blessés) dont Michael Moore s’est inspiré pour le titre de son documentaire Bowling for Columbine... mais Stephen King avait déjà demandé l’arrêt de la publication de son roman.

Il faut dire que Rage contient des passages d’une force rarement atteinte par Stephen King. Le chapitre 10 (4 pages environ) en particulier va, me semble-t-il, bien au delà de ce que King a pu écrire dans ses autres romans. Ce n’est qu’une théorie mais selon moi, ces quelques pages constituent une véritable clé pour décrypter les motivations profondes qui ont poussé l’écrivain à nous livrer tant et tant de pages consacrées à l’horreur. Je peux me tromper bien entendu, mais j’ai du mal à imaginer que ces lignes puissent être issues de l’esprit d’un simple personnage. Pour moi, c’est Stephen King lui-même qui s’exprime.

Je vous laisse juge, en prenant le risque (très relatif) de reproduire ici une partie de ces quelques pages sans l’autorisation de l’auteur, qui a sans doute mieux à faire que de se préoccuper de ce qui peut être publié sur ce site... d’autant que je ne peux qu’espérer que cela vous incitera à découvrir l’intégralité de ce roman étonnant, sans doute le plus pessimiste et le plus noir du maître de l’horreur.

Et c’est parti...

"La vie saine :

On peut passer sa vie entière à se dire que la vie est logique, prosaïque, saine. Saine, surtout. Je crois que c’est vrai. J’ai eu tout le temps d’y penser. Et je reviens toujours à la dernière déclaration de Mme Underwood, quelques secondes avant sa mort : Vous comprenez donc bien que même si l’on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides.

J’y crois dur comme fer.

Je pense donc je suis. j’ai des poils sur le visage, donc je me rase. Ma femme et mes enfants ont été grièvement blessés dans un accident de voiture, donc je prie. Tout est logique, tout est sain. Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, alors passez-moi une Kent pour ma main gauche, une bière Bud pour la droite, allumez Starsky et Hutch et écoutez cette note douce et harmonieuse de l’univers qui tourne gentiment sur son orbite céleste. C’est comme Coca-Cola, c’est ça.

Mais comme le savent si bien la Warner Brothers, John Mac-Donald et l’autoroute-tombeau de Long Island, il y a un Mister Hyde caché derrière tous les joyeux lurons de Docteurs Jekyll, un visage noir de d’autre côté du miroir. L’esprit qui se cache derrière ce visage n’a jamais entendu parler de rasoirs, de prières ou de la logique de l’univers. Il suffit de tourner le miroir sur le côté pour voir votre reflet se distordre de manière sinistre, d’un air mi-sain, mi-fou. Les astrologues appellent cette ligne de démarcation entre l’ombre t la lumière la ligne terminatrice.

De l’autre côté, l’univers a la logique d’un gosse en costume de cow-boy le soir d’Halloween, avec les tripes et les bonbons qu’on lui a offerts répandus sur deux kilomètres le long de la nationale 95. Ca, c’est la logique du napalm, de la paranoïa, des valises piègées portées par des crétins d’Arabes, du cancer qui frappe au petit bonheur la chance. Cette logique-là se mord la queue. Elle dit que la vie c’est un singe sur des échasses, elle dit que la vie tourne aussi follement et aussi anarchiquement que la pièce que l’on lance en l’air pour tirer au sort celui qui payera le dîner.

Personne ne regarde de ce côté sans y être obligé et je le comprends facilement. On ne s’y intéresse que si on a été pris en stop par un chauffard ivre dans une grosse bagnole, qui roule à cent soixante-dix à l’heure et commence à bredouiller que sa femme l’a fichu dehors ; on s’y intéresse quand un type décide de parcourir l’Indiana et de tirer à vue sur tous les gosses à bicyclette ; on s’y intéresse si sa soeur vous dit : "je vais faire des courses, j’en ai pour cinq minutes, mon grand" et qu’elle se fait tuer dans un hold-up. On s’y intéresse quand on entend son père parler de trancher le nez de sa mère.

C’est une partie de roulette, mais si on se plaint que le jeu est truqué, ce sont des jérémiades, c’est tout. Peu importe le nombre de chiffres, le principe de cette petite boule blanche et sautillante ne change jamais. Ne dites pas que c’est dingue. C’est normal, normal et parfaitement sain.

L’étrange, cela n’existe pas simplement à l’extérieur. C’est en vous, en ce moment, cela grandit dans le noir comme des champignons magiques. Appelez ça le Chose de la Cave. Appelez ça le Facteur de Dégueulis. Appelez ça les Trompettes de la Folie. Moi, j’y pense comme à mon dinosaure personnel, une créature gigantesque, décharnée et stupide qui patauge dans les marais puants de mon subconscient et ne trouve jamais de puits à fossiles assez grand pour s’y réfugier."

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Commentaires  (fermé)

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mercredi 13 février 2013 à 11h45, par  deca

Salut,
Je ne connaissais pas ce livre apparemment sulfureux. Merci du tuyau !

Site web : wow
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dimanche 15 mai 2011 à 19h15, par  Alan Spade

Oui, Stephen King avait déjà parlé de ce dinosaure à déterrer pour créer les histoires, dans son livre Ecriture, je pense donc qu’effectivement, il dit réellement ce qu’il pense plus qu’il ne fait parler un personnage, dans ce passage.

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