Mémoire Effacée ( The Forgotten )
Telly est sur le point de devenir folle, à moins qu’elle le soit déjà. Elle est persuadée que son fils Sam a disparu dans un crash d’avion, alors qu’il partait en colonie de vacances avec d’autres enfants. Mais son mari et son psy sont d’un tout autre avis : selon eux, elle n’a jamais supporté que son enfant soit mort-né et s’est inventée pendant des années de faux souvenirs d’un fils qui n’a jamais existé. Mais la vérité est beaucoup plus complexe que cela... Car comment expliquer que Ash souffre des mêmes symptômes et se souvienne d’une fille ayant disparu en prenant le même avion ?
Si ce film est mal noté sur la plupart des sites cinématographiques de référence, c’est sans doute parce qu’il a trop bien caché son jeu et n’a pas été vu par le bon public. Avec un titre tel que "Mémoire Effacée" et un résumé suffisamment abscons pour ne rien révéler sur la véritable nature du scénario, on pourrait penser qu’on a affaire à un film d’espionnage façon Jason Bourne, voire à un thriller de type hitchcockien dans lequel l’épouse en détresse est victime d’un énorme complot d’un entourage diaboliquement pervers ...
Mais la vérité est ailleurs ! Car c’est plutôt du côté de la série X-Files qu’il faut chercher les influences de ce film réalisé par Joseph Ruben, qui avait déjà abordé le thème des manipulations de l’esprit dans l’excellent Dreamscape en 1084. On y retrouve en effet l’ambiance paranoïaque si chère aux fans des agents Dana Scully et Fox Mulder, qui nous plonge dans une théorie du complot devenue réalité, dans laquelle des citoyens innocents peuvent devenir des sujets d’expérience pour une puissnce inconnue, avec la bénédiction d’autorités qui ferment les yeux.
Si Mémoire Effacée fonctionne aussi bien, c’est parce qu’il joue la carte d’un certain réalisme, d’une certaine sobriété et ne bascule dans la SF que vers la fin, laissant planer le doute jusque là sur la santé morale des deux principaux personnages. Mais attention : même si le film est avare en effets spéciaux, vous risquez de vous souvenir longtemps de la manière particulièrement spectaculaire dont ceux qui sont derrière ces étranges événements se débarrassent des gêneurs... Surprise garantie !
Les acteurs eux aussi jouent la carte de la sobriété, avec une Julianne Moore très digne dans ce rôle de mère tourmentée par les (vrais ou faux) souvenirs de fils, tout comme son homologue masculin, Dominic West (vu récemment dans La Maison Des Ombres et John Carter) ainsi que Gary Sinise (La Ligne Verte, Mission to Mars, Impostor). Et on a plaisir à retrouver Anthony Edwards, qu’on avait vu dans Thunderbirds mais surtout dans le rôle du docteur Green d’Urgences !
Ne vous laissez donc pas influencer par les mauvaises critiques qu’on trouve ici et là sur Mémoire Effacée, qui s’avère un efficace thriller de SF, bien réalisén captivant et émouvant. Et au passage, vous aurez une pensée pour toutes ces victimes de la maladie d’Alzheimer qui vivent, sans doute en pire, les mêmes souffrances et les mêmes tourments que l’héroïne du film. Sauf que malheureusement pour eux, il ne s’agit pas d’un film...