Prédestination (Predestination)
Un agent temporel a pour mission de retrouver le Plastiqueur Pétillant, un dangereux poseur de bombes dont l’une d’entre elles doit détruire plusieurs immeubles de New York, faisant plus de 10 000 morts. Au cours de la mission, sur le point d’arrêter le Plastiqueur, son visage est accidentellement brûlé. Il parvient à retourner dans le futur, où un nouveau visage lui est greffé. Il retourne alors dans le passé, pour reprendre sa mission sous l’identité d’un barman. Il fait alors la connaissance de John, un homme étrange qui la raconte son histoire, qui commence à l’époque où il était une petite fille...
Si vous pensiez que le paradoxe temporel de Retour Vers Le Futur (dont le héros Marty empêche accidentellement la rencontre initiale de ses deux parents, au risque de provoquer sa propre disparition) était un des pires qu’on puisse imaginer, alors accrochez-vous, car celui de Prédestination est infiniment plus retors et infiniment plus complexe ! Et pas question de vous révéler ici en quoi il consiste précisément, car cela reviendrait à retirer au film l’essentiel de son intérêt et la magie du twist final des dernières secondes... Mais attendez-vous à vous faire des noeuds au cerveau !
Avec Prédestination, les frères Spierig confirment tous les espoirs qu’avaient pu faire naître l’étonnant Undead et l’excellent Daybreakers (également avec Ethan Hawke), en nous faisant découvrir une formidable nouvelle de Robert Heinlein. Décidément, voilà un écrivain qui, bien que né en 1907, mérite bien d’être redécouvert. Car comment imaginer qu’un même auteur puisse être à l’origine de Starship Troopers et de Prédestination ? Et si Hollywood pouvait continuer à exploiter le filon, on pourrait se rendre compte de l’extraordinaire diversité des textes d’ Heinlein, dont certains feraient de formidables films !
Cela dit, il faut avouer que le film peut sembler à certains moments assez déroutant. On se demande notamment où les scénaristes veulent en venir avec l’histoire de Jane / John, qui donne lieu à un assez long dialogue et introduit un élément qui, en apparence, n’a rien à voir avec le sujet du film ! Car franchement, que vient faire un hermaphrodite dans une histoire de voyage temporel ? Et pourtant, tout cela finira par devenir parfaitement cohérent...
De plus, les deux réalisateurs ont fait le choix d’un film plutôt initimiste, avec très peu d’action et beaucoup de dialogues, une photographie soignée et un rythme assez lent (même si ça s’accélère un peu sur la fin)... Heureusement, les deux acteurs sont à la hauteur, notamment Sarah Snook, étonnante dans les deux rôles de Jane et John. Quant à Ethan Hawke (Bienvenue à Gattaca, Sinister), il n’a plus à faire la preuve de son talent et s’avère excellent dans ce rôle d’agent temporel qui, peu à peu, va perdre pied...
Mais si on a parfois le sentiment de ne pas tout comprendre, si le film peut par moments s’avérer déstabilisant, s’ il comporte certaines lenteurs inattendues... c’est précisément ce qui fait son charme et son intérêt ! Prédestination n’est pas un film comme les autres, ce n’est pas un blockbusteur formaté pour le spectateur américain moyen (d’autant que le film est australien), il n’y a quasiment pas d’effets spéciaux ni aucun verbiage pseudo-scientifique relatif au voyage dans le temps. Pourtant, ce n’est pas le genre de film qu’on oublie facilement après l’avoir vu. Bien au contraire, c’est plutôt le genre de film qu’on a envie de revoir une seconde fois, pour être certain de n’avoir rien manqué et d’avoir tout compris !
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