Blade Runner 2049
Trente ans après l’élimination de six humanoïdes du modèle Nexus-6 par Rick Deckard, les réplicants sont plus que jamais utilisés dans la société, mais sont toujours aussi mal acceptés par les humains. Les blade runners continuent de traquer et d’éliminer les anciens modèles. K est l’un d’entre eux, et un réplicant lui-même. Mais il va faire accidentellement une découverte qui risque de faire l’effet d’une bombe : les restes d’une réplicante ayant apparemment donné naissance à un enfant. Pour certains, cela pourrait conduire à une véritable guerre entre réplicants et humains. Mais pour Niander Wallace, le dirigeant de la société fabricant les réplicants, cette découverte pourrait ouvrir la voie à une société nouvelle. K est alors chargé de retrouver l’enfant de cette réplicante, une certaine Rachel...
Rick Deckard était-il ou non un réplicant lui-même ? Telle est la question qui a animé les fans du premier Blade Runner, film culte, au gré des différentes versions qui ont été habilement délivrées au fil des années suivant sa sortie (car il existe pas moins de 7 versions différentes du film)...
Sans répondre directement à la question, cette suite positionne d’entrée de jeu son personnage principal, un "blade runner" lui aussi, comme un réplicant, chargé de pourchasser, de retrouver et d’éliminer les anciens modèles jugés déviants. Pas d’amigüité, donc... mais par chance, on va retrouver Rick Deckard et Harrison Ford, qui n’en finit décidément plus de revisiter rôles et les personnages qui l’ont rendu célèbre.
Réalisé par Denis Villeneuve, un réalisateur très apprécié de la critique et qui s’est fait remarquer des fans de SF avec l’excellent Premier Contact, Blade Runner 2049 reprend l’essentiel de ce qui avait fait l’originalité du film de Ridley Scott. On retrouve donc la même atmosphère oppressante, des scènes extérieures qui se déroulent presque toutes de nuit et sous la pluie, ainsi que cet esthétisme urbain si particulier, qui avait marqué les esprits en 1982 et influencé par la suite de très nombreux films de SF (notamment Dark City et récemment Ghost In The Shell).
Comment celui de 1982, l’intrigue du film se déroule avec une certaine lenteur, à contre-courant de la tendance actuelle des blockbusters boostés à l’adrénaline. Mais ce ne sera pas une surprise pour ceux qui avaient découvert Premier Contact, un film dans lequel Denis Villeneuve démontrait déjà - si besoin était - qu’il n’est nul besoin d’action pour réussir un film de SF ! Et il faut bien reconnaître que, même si on peut parfois être tenté de regarder sa montre, les presque trois heures que compte le film s’écoulent sans ennui.
Le scénario s’avère excellent (et auquel a participé Ridley Scott) et respecte lui aussi les jalons posés par le film de 1982, en apportant une véritable suite, logique et cohérente par rapport aux événements et aux problématiques abordées dans ce premier opus. Il apporter également quelques nouveaux éléments, ainsi que quelques surprises, à la fin du film...
Bien évidemment, on attend avec une certaine impatience l’apparition d’Harrison Ford, d’autant que Ryan Gosling, dans son rôle de réplicant, semble traverser le film tel un zombie inexpressif à la recherche de son identité. Les autres acteurs du film réalisent heureusement de meilleures prestations, comme Robin Wright (vue récemment dans Wonder Woman et Justice League dans le rôle d’Antiope), Jared Leto (le Joker de Suicide Squad) ou Dave Bautista (alias Drax le Destructeur dans Les Gardiens de la Galaxie).
Même si le succès commercial de Blade Runner 2049 reste mitigé, les fans du premier semblent avoir apprécié cette suite qui sait rester fidèle à l’original tout en développant l’intrigue commencée 35 ans avant. Il faut sans doute saluer le choix d’avoir confié la réalisation à quelqu’un d’autre que Ridley Scott. On attend souvent trop de la suite d’une oeuvre culte, d’autant plus lorsque on retrouve le même réalisateur aux manettes, d’où une déception accrue (cf. Prometheus)... Ce n’est pas le cas avec le film de Denis Villeneuve, qui rend hommage à celui de Ridley Scott, mais avec un ton subtilement différent... et à des années-lumière de la production hollywoodienne actuelle, ce qui fait du bien !