Ready Player One
En 2045, la vie est devenue très difficile pour une grande partie de l’humanité, entre la pauvreté, les déréglements climatiques, la pénurie d’énergie... à tel point que beaucoup ont choisi de trouver refuge dans un monde virtuel, l’OASIS. Mais alors qu’il avait été conçu à l’origine comme un simple jeu vidéo, l’OASIS est devenu une source d’espoir pour les meilleurs gamers le jour où James Halliday, son créateur qui venait de décéder, a annoncé dans une vidéo qu’il avait caché un "easter egg" dans le jeu... et qu’il léguerait le contrôle de sa société ainsi que la fortune qui va avec, à celui qui parviendrait à le découvrir ! Mais 5 ans après cette annonce, aucun joueur n’est parvenu à résoudre la première des 3 énigmes menant à cet "oeuf de Pâques". Jusqu’au jour où Wade Watts, un jeune orphelin, parvient à débloquer la première des trois clés, et devient la cible d’Ogden Morrow, le dirigeant de la société et de ses "chasseurs d’oeufs". Avec ses alliés virtuels, Wade va tenter de les devancer. Mais Morrow est prêt à tout pour gagner et rapidement, la lutte va dépasser le cadre du jeu et se dérouler également dans le monde réel...
La période est à la nostalgie des années 80 et à la culture geek, comme le démontre notamment les succès des séries Stranger Things et The Big Bang Theory. Cela n’a pas échappé au redoutable renifleur de tendances qu’est Steven Spielberg, en plus de ses talents de réalisateur. Pour autant, l’exercice n’était pas gagné d’avance. On se souvient notamment que dans un registre finalement très proche, le Pixels de Chris Columbus, sorti deux ans avant, s’est avéré un relatif échec commercial...
Mais Spielberg a décidé de pousser le bouchon beaucoup, beaucoup plus loin que Pixels, tout en élargissant autant que possible la cible de ses spectateurs potentiels. Car les références, qui se comptent par dizaines (pour ceux qui voudraient en avoir une liste assez complète, l’article wikipédia consacré au film semble en répertorier une bonne partie), ne se limitent ni aux jeux vidéo, ni à la SF pour s’étendre à l’ensemble de la pop culture, incluant par exemple Michael Jackson, Prince, Mary à Tout Prix ou le Rubik’s Cube. Il est même allé jusqu’à s’auto-référencer (avec Jurassic Park, les Goonies et surtout Retour Vers Le Futur) !
Et la bande orginale du film est du même tonneau, avec de nombreux titres tirés des années 80 (et même 70, avec un enchaînement improbable du Blue Monday de New Order et de Staying Alive !), comme la bande son qui, glisse des extraits subliminaux des bruits des vaisseaux de La Guerre des Mondes (celui de 1953), de la musique de Retour Vers Le Futur ou de l’incantation d’Excalibur.
Et pour couronner le tout, le réalisateur a choisi de donner aux avatars virtuels de ses personnages un look directement tiré de l’esthétique manga, afin d’attirer un public plus jeune. Il faut dire que son OASIS fait irrémédiablement penser à Sword Art Online, un des plus grands succès récents du manga, dans lequel des joueurs se retrouvent piégés à l’intérieur d’un jeu en réalité virtuelle par son créateur.
Mais au delà de son sens du marketing, la talent premier de Spelberg est celui de réalisateur et il en fait une nouvelle fois la démonstration dans ce film. Avec autant de références, un autre que lui serait sans doute tombé dans la lourdeur alors que là, elles se succèdent à un rythme impressionnant sans que jamais cela nuise à l’histoire et au rythme du film ! D’ailleurs, Ready Player One pourrait également être vu par un ermite qui ignorerait tout des films, séries, jeux et autres éléments de la pop culture auquel le film fait référence.
Pour ce qui est des effets spéciaux, rien à dire non plus. Non seulement ils s’intègrent de manière parfaitement naturelle compte tenu du sujet du film, mais en plus ils contribuent à simplifier la compréhension de l’histoire qui se déroule en parallèle dans l’univers virtuel de l’OASIS (séquences d’animation) et dans le monde réel (séquences "live" avec de véritables acteurs).
Là où le film pêche un peu, en revanche, c’est au niveau du scénario, hyper prévisible et bourré de clichés. Le méchant homme d’affaires qui a supplanté le sympathique et génial créateur de jeu vidéo, on connaît ça depuis Tron (1982) ! Sans parler du profil des joueurs qui constituent l’équipe du personnage principal et l’inévitable histoire d’amour... Et comme souvent avec Spielberg (qui a les défauts de ses qualités...), à force de vouloir ratisser large pour proposer un film tous publics, le résultat obtenu s’avère vraiment trop gentillet, avec une "happy end" 100% bisounours dans laquelle même le méchant de l’histoire s’en sort vivant !
Dommage, car avec un peu moins de bons sentiments, un peu plus de réalisme et un message un peu plus sérieux, Ready Player One aurait pu prétendre à un autre statut que celui d’un simple divertissement.