Knock at the Cabin
En vacances dans un chalet perdu au milieu de la forêt, Andrew et Eric, accompagnés de leur fille adoptive Wen, reçoivent la visite de quatre individus inquiétants. Entrés de force après avoir assommé Eric, les deux hommes se retrouvent ligotés. L’impressionnant Leonard, un colosse qui semble être le meneur du groupe, lui explique alors qu’ils ont été choisis pour sauver l’humanité. La fin du monde approche et le seul moyen de l’éviter est de sacrifier l’un d’eux. Le moment venu, persuadés d’avoir affaire à des illuminés, Eric et Andrew refusent de faire un choix. Mais ce refus, suivi du sacrifice d’un des quatre intrus est sacrifié, ce qui semble déclencher une catastophe mondiale... Il leur reste encore trois possibilités de désigner l’un d’entre eux. Eric et Andrew ne savent plus quoi penser. Et si c’était vrai ? Et s’ils avaient le pouvoir d’éviter la fin du monde ? Cela vaudrait-il la peine de sacrifier l’un d’entre eux ?
Les cavaliers de l’apocalypse... Qui au juste sait ce que recouvre cette expression ? Les chrétiens ayant un minimum de connaissance de la Bible et du livre de l’Apocalypse, et les fans des X-Men, qui ont connu au fil des années de nombreuses incarnations des quatre cavaliers que sont Guerre, Famine, Pestilence et Mort. Certes, il n’est pas nécessaire de connaître ces cavaliers pour apprécier le film, mais c’est néanmoins un plus...
Minimaliste sur la forme, puisqu’il s’agit à peu de choses près d’un huis-clos entre sept personnes dans une cabane, ce nouveau film du champion du twist final ne comporte - attention spoiler ! - aucun twist final ! Mais le film n’est pas pour autant dénué d’intérêt, loin de là.
Tout d’abord pour son suspense, qui commence dès les toutes premières secondes avec un long dialogue entre Wen, une petite fille de sept ans et le colossal Leonard (Dave Bautista), seuls dans la forêt... , un suspense qui ne fait que monter ensuite jusqu’au dénouement final, et qui est servi par des acteurs excellents et très impliqués, même si aucun d’entre n’est connu, à l’exception de Dave Bautista et de Jonathan Groof (le nouvel agent Smith dans Matrix Resurrections), ainsi que par une réalisation sobre et impeccable, comme cela est généralement le cas avec M. Night Shyamalan.
Ensuite pour les questions qu’il pose, au-delà du simple choix qui est proposé au couple de sacrifier l’un d’entre eux. Le film pose en effet la question de la foi et ce n’est donc pas par hasard si Shyamalan a voulu suggérer que les quatre intrus sont peut-être les quatre cavaliers de l’apocalypse... Car avec chacun une arme (artisanale), une couleur bien spécifiques rappelant la manière dont ils sont représentés dans de nombreux tableaux, et même des caractéristiques bien marquées, on n’a guère de mal à identifier Famine, Pestilence, Guerre et Conquête !
Mais en dépit de tout ces signes, tous ces indices, leurs deux "victimes" ne les croient pas, les prenant pour des illuminés, même si, au fur et à mesure des sacrifices des "cavaliers", des catastrophes s’abattent sur le monde. Il est à noter également que les premières catastrophes (tsunamis, épidémies, crashs d’avions) nous sont montrés (ainsi qu’à Eric et Andrew) uniquement au travers d’images provenant d’une chaîne d’info, allumée à chaque fois par Leonard, ce qui renforce les soupçons de manipulation des deux personnages principaux, et ce qui peut également interroger quant à notre rapport à l’image, à l’époque des réseaux sociaux, des fake news et du complotisme généralisés...
Et la foi dans tout ça ? Aucun des personnages ne se réclame d’une quelconque église ou religion. Bien au contraire, aucun des quatre cavaliers ne sait pourquoi il a été choisi... Pourtant, chacun d’entre eux a fait le choix d’accepter comme une vérité les visions qu’il semble avoir reçues, et de mourir si nécessaire, afin d’éviter qu’elles deviennent réalité. Un choix que Eric et Andrew ont beaucoup plus de mal à accepter, puisqu’il leur faut croire ce que les quatre cavaliers leur prédise, sans pour autant avoir partagé leurs visions. Des deux, c’est finalement (attention : spoiler !) Eric, qui a pris un coup sur le crâne lors de l’attaque des intrus et souffre sans doute d’une commotion cérébrale, qui semble être le plus réceptif au discours des quatre cavaliers...
Est-ce pour cette raisin qu’Eric décide finalement de se sacrifier ? Aurait-il eu lui aussi une vision, provoquée par le coup qu’il a reçu, ou par autre chose ? Toujours est-il que la fin du monde semble prendre fin suite à sa mort. Semble... car encore une fois, tout cela nous est montré uniquement à travers un écran !
A ce stade du film, les fans de M. Night Shyamalan s’attendent à un de ces twists finaux dont il a le secret. Mais le twist final, cette fois, sera qu’il n’y en a aucun ! A la différence de Old, son film précédent, rien ne sera expliqué, pas plus le choix des cavaliers que celui de la famille, et encore moins la raison pour laquelle "depuis toujours, des familles sont choisies pour faire ce choix" (ni par qui elles sont choisies), laissant à chaque spectateur la liberté d’interpréter la fin du film, de croire ou de ne pas croire aux événements montrés à la télévision, de croire ou de ne pas croire qu’Eric a sauvé l’humanité en se sacrifiant... Et c’est sans doute bien mieux ainsi !
Documents joints
- MPEG4 - 8.3 Mo