Old
Prisca et Guy, sur le point de divorcer, décident de partir une dernière fois en vacances en famille avec leurs jeunes enfants Maddox et Trent, dans un lieu tropical paradisiaque. Une fois sur place, il partent en excursion avec quelques autres touristes pour une plage isolée située dans une réserve naturelle. Après avoir traversé un étroit canyon pour y accéder, les touristes se retrouvent bloqués sur la plage par un éboulement. Rapidement, la mère de l’un d’entre eux décède et le groupe doit se rendre à l’évidence : les enfants grandissent presque à vue d’oeil, au rythme approximatif d’une année par demi-heure. S’ils ne parviennent pas à quitter la plage au plus vite, tous vont vieillir et mourir. Mais sont-ils arrivés sur cette plage par hasard ?
Est-il encore possible, en 2021, entre deux blockbusters de super-héros, de réaliser un film fantastique sans effets spéciaux ? Est-il possible de générer un sentiment d’angoisse, voire d’horreur, en plein jour sur une plage paradisiaque ? Un bon scénario, quelques acteurs et quelques dialogues peuvent-ils sufire à tenir en haleine des spectateurs blasés, habitués aux scènes les plus spectaculaires, ou les plus horribles, qu’on puisse imaginer sur un écran ? Si on en croit M. Night Shyamalan, oui, sans aucun doute !
Au départ, on se demande si le propos du film n’est pas, en fait, une satire sociale. Car le microcosme réuni sur cette étrange plage s’y prête assez bien, entre le rappeur, le riche chirurgien et sa jeune bimbo décérébrée qui se shoote au cocktails de fruits bourrés de calcium en prenant des poses, la famille apparemment idéale qui est en fait sur le point d’exploser... Mais assez rapidement, on se rend compte qu’il s’agit de tout autre autre chose. Car quasiment chacun des touristes souffre d’une grave maladie. Ce qui, en un lieu où le temps passe très, très vite, va poser de grave problèmes...
On apprend ainsi que l’amie du rappeur, retrouvée noyée, souffrait de sclérose en plaque alors que lui-même est hémophile. Une autre touriste est épileptique. Le chirurgien souffre de schizophrénie et sa bimbo de graves carences en calcium. Quant à Prisca, une tumeur de la taille d’une balle de ping pong diagnostiquée peu de temps avant son départ doit soudainement être extraite, ayant atteint la taille d’un melon... C’est là que les protagonistes se rendent compte du phénomène temporel à l’oeuvre sur la plage, alors que le corps de la noyée est quasiment complètement décomposé et que la cicatrice de Prisca se referme à la vitesse grand V ! Un phénomène confirmé par la croissance accélérée des enfants, dont deux devenus adolescents ne vont pas tarder à copuler, ce qui va provoquer quelques minutes plus tard un dramatiqur accouchement.
Comme à son habitude, le (parfois) génial scénariste qu’est Shyamalan exploite au mieux le potentiel de départ de son scénario, inspiré d’un roman graphique (une BD, quoi !) suisse. Et il a l’intelligence de ne pas céder à la tentation d’une fin heureuse trop hollywoodienne ! Guy et Prisca finiront donc par mourir de vieillesse, l’un aveugle et souffrant d’Alzheimer, l’autre sourde... et de tous les touristes venus sur la plage, seuls leurs deux enfants survivront... désormais âgés d’une cinquantaine d’années !
Vous l’aurez compris, Old n’est peut-être pas sorti au meilleur moment, en pleine pandémie de Covid, avec son éventail de maladies plus ou moins mortelles. Ce n’est en effet vraiment pas le genre de film à voir si vous déprimez à l’idée d’être infecté par un virus potentiellement fatal (du moins si on en croit ce qu’on nous raconte à longueur de journée depuis près de deux ans au moment où cette chronique est écrite). D’un autre côté (en même temps, comme dirait l’autre...), Old s’inscrit complètement dans l’air du temps complotiste de méfiance à l’égard de "Big Pharma".
Car devinez quoi ? [Shyamalan6>è_(], grand maître des "twists" finaux, nous a concocté une fin qui jète un éclairage inattendu sur les événements survenus sur cette plage. Attention spoiler. En effet, le groupe de touristes correspondrait à "l’essai 73", une expérience menée par un centre de recherches médicales utilisant les étranges propriétés de la plage pour tester des traitements (à l’insu des "patients", évidemment) dans un temps record, ce qui explique a posteriori l’impressionnant échantillon de maladies dont étaient atteints les touristes réunis sur cette plage pas du tout par hasard ! Cruel ? Bah allez savoir... C’est peut être comme ça qu’on arrive à trouver un vaccin (enfin, un vaccin... faut le dire vite) en un an !
Plus sérieusement, pour en revenir au film, Old n’est sans doute pas le meilleur Shyamalan, mais pas le pire non plus ! Avec son petit budget et la présence d’un seul acteur réellement célèbre (Rufus Sewell, l’inoubliable John Murdoch de Dark City), même si on a déjà aperçu Abbey Lee Kershaw dans Mad Max : Fury Road, Gods of Egypt, The Neon Demon et La Tour Sombre), Old s’en sort plutôt bien et, dans le genre fantastique, sort clairement du lot des productions standardisées qui ne font que reprendre, année après année, les mêmes thèmes éculés et usés jusqu’à la corde. Un vrai bol d’air pur, donc, un peu comme sur une plage paradisiaque du bout du monde... Même s’il ne s’avère pas tout à fait aussi captivant que ce que l’excellente bande annonce laisse à penser.
On aurait en effet aimé découvrir des personnages auxquels on aurait pu s’attacher, ce qui aurait donné au film davantage d’enjeu, davantage d’angoisee et d’émotions diverses et l’aurait rendu réellement passionnant. De ce point de vue là, le film est raté et le spectateur voit les personnages disaraître les uns après les autres dans une relative indifférence. Dommage, car dans le cas contraire, Old aurait pu se classer tout en haut de la filmographie de M. Night SHyamalan !
Documents joints
- MPEG4 - 12.2 Mo