Les Autres (The Others)
Pas une goutte de sang, pas un seul monstre, pas de portes qui grincent ou de coups de tonnerre ... Oubliez tous les clichés du genre : Amenabar ne fait pas dans la facilité, il fait dans l’excellence, et exploite au mieux le décor de ce splendide manoir situé sur l’île de Jersey et le scénario dont il est l’auteur, pour développer une ambiance angoissante et un suspense qui va crescendo jusqu’à la fin du film et la révélation finale, digne de celle du Sixième Sens de Shyamalan.
Grace et ses deux enfants vivent seuls, son mari n’étant jamais revenu du front, à la fin de la seconde guerre mondiale. Elle doit en outre faire face à la maladie de ses enfants, qui ne peuvent supporter la lumière.
Tous trois vivent donc dans une immense et splendide demeure ... constamment plongée dans l’obscurité, car il y a une règle à respecter pour éviter que la lumière puisse se propager : avant d’ouvrir une porte, la précédente doit être fermée à clé.
Lorsque Grace embauche trois domestiques, ceux-ci doivent apprendre à respecter cette règle.
Mais il semble que Grace, ses enfants et les domestiques ne soient pas seuls ... Anne, la fille de Grace, assure avoir eu des apparitions, et avoir discuté avec un jeune garçon, qu’elle seule est en mesure de voir... Pour elle, il s’agirait d’un fantôme.
Pour Grace, qui est très croyante, c’est inconcevable. Mais alors, qui dans leur demeure laisse parfois des portes ouvertes, et des fenêtres sans rideaux ?
Il faut le dire : Nicole Kidman est remarquable dans ce rôle de mère pieuse et rigoureuse, parfois antipathique et à la limite du fanatisme religieux (à tel point qu’on pense par moments à la mère de Carrie dans le film de De Palma). Mais à la limite seulement, car Amenabar ne fait pas dans la caricature ... plutôt dans la subtilité ... et on peut comprend qu’il ne soit guère aisé pour elle, qui a perdu son mari, d’élever des enfants sont affligés d’une maladie aussi rare que terrible.
Signalons au passage que cette étrange maladie, véritable allergie à la lumière, existe malheureusement bel et bien. Elle porte le nom imprononçable de protoporphyrie érythropoïétique, et pourrait être à l’origine des mythes du vampire et du loup-garou.
Mais j’en ai déjà presque trop dit ... et il serait criminel d’en dire plus, tant la fin est surprenante, et constitue le révélateur a posteriori de l’intelligence du scénario et de la réalisation.
Vous l’aurez compris, Les Autres fait partie de ces films fantastiques, hélas trop rares, où la talent du réalisateur, le jeu des acteurs, des dialogues pertinents et des décors inquiétants font cent fois mieux que tous les effets spéciaux possibles et imaginables.
Oui, on peut stresser, angoisser faire peur au spectateur sans effets spéciaux. Si vous en doutez, regardez donc Les Autres !