La Planète des Singes (Planet of the Apes)
Et dire que tout est parti d’un roman français de Pierre Boulle ! Comme quoi nous ne manquons pas en France d’idées, mais juste de talent et de réalisme pour les rendre divertissantes et ... rentables. Les producteurs n’ont pas hésité : ils ont choisi une star de l’époque, Charlton Heston, et ont misé sur de formidables maquillages (et un Oscar, un !) pour un film qui a donné lieu à quatre suite, une série, un téléfilm et un remake !
Au quarantième siècle, un vaisseau spatial terrien s’échoue sur une planète inconnue, sur laquelle les singes sont la race dominante et civilisée, alors que les humains sont des animaux incapables de prononcer la moindre parole, réduits en esclavage par les singes.
Les terriens vont donc inévitablement se faire remarquer, ... et se retrouver emprisonnés comme cobayes dans un laboratoire ! Heureusement certain singes éprouvent de la sympathie pour les humains, et remettent en cause la théorie ancestrale de la supériorité du singe sur l’homme.
Taylor (Charlton Heston) et deux scientifiques chimpanzés (les célèbres Zira et Cornélius) vont se heurter aux préjugés, aux idées reçues, au racisme, à l’inertie et au conservatisme des dirigeants singes, et finiront par se rebeller ... jusqu’à la révélation finale.
Des acteurs impecables (Roddy MacDowall notamment, qu’on retrouvera dans 3 des 4 suites, dans la série et dans le téléfilm), une bande son qui n’a pas vieilli, des maquillages extraordinaires, un scénario en béton et des messages forts, ainsi qu’une scène culte à la fin du film : il était difficile pour ne pas dire impossible, de faire mieux. Et avec tout le respect que l’on doit à son immense talent, Tim Burton n’a pas fait mieux que Franklin Schaffner avec son remake. Dans ces conditions, à quoi bon faire un remake ? Car dans dix ans, dans 50 ans, dans 100 ans ... on ne fera toujours pas mieux, pas plus réaliste que ces singes de 1968.
Le message du film est clair, et il passe très bien dans cette Amérique de la fin des années 60, piègée au Vietnam et en pleine guerre froide ! Entre les gorilles militaristes (des guerriers aussi belliqueux que bornés) et les chimpanzés pacifistes (des scientifiques, des philosophes, à l’esprit ouvert et tolérants), le choix est vite fait !
Quant à la scène finale avec la Statue de la Liberté sur la plage (40 ans après, il y a prescription ...), ce n’est pas un scoop de révéler ici qu’elle a sans doute plus fait pour la paix dans le monde en 2 minutes que bon nombre d’articles, de reportages, d’essais ou de films censés alerter l’humanité vis à vis des dangers de l’arme nucléaire !
Car au cas où vous n’auriez pas vu le film, ou pas encore compris, les terriens du quarantième siècle n’ont pas fait un voyage dans l’espace, mais dans le temps. Et cette planète dominée par les singes n’est autre que notre terre, dans l’avenir ...
Il est difficile aujourd’hui d’imaginer ce que fut La Planète des Singes pour les spectateurs de 1968... mais ce fut un véritable choc visuel, peut être à l’image de Matrix, avec une chute finale équivalente à celle du 6ème sens de Shyamalan. Fort, très fort !