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Freaks (la Monstrueuse Parade)

Tod Browning
lundi 5 octobre 2009
par Laurence Verdier
popularité : 2%

Freaks de Tod Browning est l’un des tous premiers films "d’horreur" du cinéma. Il a tellement choqué les spectateurs de l’époque, en 1932, que de nombreuses scènes furent censurées ou raccourcies.

Bande annonce IMG/flv/Freaks.flv

Il n’y a aucun effet spécial dans Freaks. Toutes les créatures ont existé. Seule la scène finale sera truquée. Le réalisateur Tod Browning, très en avance sur son époque, a d’ailleurs inspiré de nombreux réalisateurs et artistes comme David Lynch (Eraserhead, Elephant Man), Werner Herzog (Les nains aussi ont commencé petits) ou Mark et Michael Polish pour leur film Les Frères Falls, mais aussi d’excellentes séries télé comme Carnivàl et même beaucoup de musiciens.

Freaks est plus qu’un film fantastique, c’est le témoignage d’une époque où la science n’avait pas encore progressé, où des êtres humains naissaient avec de telles difformités qu’ils étaient forcément exclus de leur propre espèce. Beaucoup partaient vivre dans des cirques et devenaient des phénomènes de foire. Certains étaient même très célèbres dans le monde entier, comme Prince Randian que l’on peut voir dans Freaks.

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1931, le cirque Tetrallini est en tournée en Europe. Les freaks : siamois, homme-tronc, lilliputiens, femme sans bras et autres êtres « différents » partagent le spectacle avec des humains « normaux » : trapézistes, jongleurs, acrobates, clowns… Le quotidien d’une communauté paisible, où l’équilibre semble possible (vie de famille, fêtes, amitié) est soudain perturbé quand le lilliputien Hans tombe amoureux de la beauté du cirque : la trapéziste Cléopâtre. Celle-ci d’abord amusée par les sentiments du lilliputien, décide, avec la complicité de son amant Hercule, d’empoisonner Hans, afin de lui dérober son héritage. Les noces entre Hans et Cléopâtre se déroulent dans la bonne humeur et les freaks sont heureux de compter la belle trapéziste parmi eux. Celle-ci, un peu éméchée et sûre de sa position de force, se trahit et leur crache son dégoût pendant le banquet. Les freaks plus unis que jamais décident alors de se venger…

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Le film choqua le public de l’époque, et marquera longtemps tous ceux qui le visionneront. La vision dérangeante de tous ces êtres fragilisés par leur corps difforme met mal à l’aise, car dans le film de Tod Browing les freaks ne sont pas ceux que l’on imagine : les « gentils » sont incarnés par les êtres aux corps déformés, tandis que les hommes et les femmes aux corps parfaits sont bel et bien les « méchants ».

Le film perturbe qui le regarde car les normes sont ici inversées. Tous les repères des spectateurs formatés par nos sociétés qui imposent des canons de beauté sont ainsi ébranlés. Tandis que ceux qu’on appelle les freaks forment une communauté désireuse de s’intégrer au groupe dominant, les êtres dits « normaux » rejettent toutes idées humanistes à leur encontre. On ne peut alors que s’attacher à ces "pauvres êtres" car, malgré leur apparence horrible, leur désir de vivre et d’aimer est d’autant plus bouleversant. La virtuosité de la mise en scène de Tod Browing accentue l’atmosphère étrange et particulière du film. Comme « ses » freaks dont il a partagé quelques années de sa vie dans les cirques, Tod Browning s’est lui-même toujours senti à part de la société, incompris, ayant du mal à communiquer avec les autres. Ainsi, sa réalisation s’en ressent et le recours aux effets de crépuscule durant presque tout le film, rappelle la période peinture noire du peintre Francisco de Goya. Le lieu, un cirque itinérant où chaque plan en contre-plongées accentue l’impression de domination des humains « normaux » sur les freaks si « démunis », renforce le climat de violence physique ou psychologique.

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Rampant sous les roulottes, cachés dans les recoins obscurs du cirque, observant les artistes « normaux » répétant leurs numéros, n’entendant plus les rires ou ne remarquant plus les grimaces des spectateurs tantôt horrifiés tantôt subjugués par leur apparence, les freaks deviennent des personnages, puis des personnalités uniques attachantes et dramatiques. Les malformations s’estompent à mesure que les sentiments de chacun se dévoilent, montrant ainsi toute l’humanité de ces êtres réduits à divertir, tels des singes grimaçants affublés de costumes ridicules, la société de l’époque.

Le film bascule véritablement dans l’horreur quand les freaks décident de punir Cléopâtre et son amant. Par une nuit noire traversée d’éclairs, tandis que de violents coups de tonnerre couvrent les cris du couple « normal » cernés par les "créatures", les freaks avancent lentement, ruisselants sous une pluie torrentielle, certains en rampants à même la boue épaisse et collante vers leurs deux bourreaux. Le châtiment sera à la hauteur de la colère des freaks, et justice sera enfin faite…

On ne sort pas indemne d’un tel film.

C’est un témoignage unique, cauchemardesque d’une société égocentrique, vouant un culte à la force physique et rejetant tout ce qui est différent, étrange ou inesthétique. Un an après la projection de ce film, qui a été un échec commercial, Adolf Hitler prenait le pouvoir en Allemagne, clamant une ère nouvelle basée sur les principes eugénistes.

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Commentaires  (fermé)

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lundi 11 avril 2011 à 13h33, par  Laurence Verdier

Cher ami de l’Étrange,
Je n’ai aucunement été blessée par votre réponse rassurez-vous. Entre passionnés il est normal de parfois s’insurger sur un commentaire quelque fois mal interprété : Il faut bien sûr aborder l’allusion à Claude-Jean Philippe avec un certain second degré... Degré qui nous est cher au docteur Furter, au Capitaine Giraud, à Joe Black et à moi bien sûr.
Pour ma part, il y a beaucoup de films fantastiques qui me suivent depuis l’adolescence, voir l’enfance : La Planète Sauvage, The Time Machine et Blade Runner (comme vous). Je vous invite à vous reportez à ma "liste fantastique" : http://www.mondesetranges.fr/spip.p... et y laisser ainsi votre propre liste dans les commentaires.

@ bientôt cher Kerkery.

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samedi 9 avril 2011 à 19h32, par  Kerkery

Chère Laurence,

Permettez moi tout d’abord de m’excuser (et oui, une fois de plus) pour le terme "discussion stérile" qui, je l’ai remarqué, vous a blessée... Là n’était pas mon intention. Moi aussi, bien sur, je suis passionné par le cinéma fantastique et des chefs-d’oeuvre comme celui de Tod Browning m’ont marqué à jamais et m’ont conforté dans la certitude que j’avais que le cinéma et la littérature fantastique sont des machines à rêves extraordinaires.
De plus, vous avez raison : à part la littérature, seuls quelques films m’ont fait "voyager" au sens total du terme. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais en ce qui me concerne il y a : "Freaks", "Dracula" de Francis Ford Coppolla, "Blade Runner" de Mr Ridley Scott, "The Time Machine" (version 1962), "Forbidden Planet" et "Metropolis" de Fritz Lang.
Voilà, j’espère m’être mieux exprimé et m’être fait comprendre. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop.
Amicalement, de la part d’un passionné maladroit et quelque peu balourd...
(C’est fou la puissance des mots, tout de même)...
Kerkery.

Site web : s s
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jeudi 10 décembre 2009 à 11h22, par  Laurence

Oui il est grand temps de mettre fin à la discussion (aucunement stérile pour ma part cher monsieur Kerkery). Mais, car il y a un mais (j’suis une fille après tout, donc la discussion peut s’éterniser... !) il y a toujours quelquechose de positif quand des passionnés de cinéma évoquent l’origine de cette passion. Pour ma part CJP, PT ou même JTP (et JPP là c’est un clin d’oeil aux premiers lecteurs de Mad Movies) ont été les passionnés qui m’ont fait découvrir un univers encore inégalé avec celui de la lecture.

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mercredi 9 décembre 2009 à 22h39, par  kerkery

Nous devrions clore cette discussion stérile, puisque de toute façon, on ne se bouffe pas le nez entre passionnés (ni le nez, ni autre chose d’ailleurs)

Oups, je suis en train de devenir primesautier...

Bonjour chez vous !

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mercredi 9 décembre 2009 à 21h52, par  Didier Giraud

Oui... bon ... ben... c’est bien tout ça ... Moi, perso, je le connais même pas ce monsieur aux trois prénoms dont je n’ai toujours pas compris le bon sens d’utilisation ! Et puis, franchement, il aurait pu prendre un pseudo pour faciliter la vie de ses fans ! C’est un peu comme un certaine Jean-Teddy Filippe. A moins que ce soit Jean-Teddy Philippe ... Je sais plus, ça me saoule grave comme dirait sans doute le doc... Ca me gonfle comme dirait sans doute Kerkery, dont l’âge est plus proche du mien. Quant à Lolo, j’ai de bonne raisons de penser qui’elle s’en fout un peu. Mais on va pas en faire un fromage non plus, hein ? Ai-je bien résumé la situation ?

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mercredi 9 décembre 2009 à 19h37, par  Laurence

Merci à Monsieur Kerkery d’avoir si bien rappelé "Téléchat".
J’avais évoqué dans ma chronique du "Locataire" le travail de Roland Topor sur l’émission "Téléchat" et cette très bonne idée d’initier les enfants au Surréalisme.
Pour "l’affaire" Claude-Jean Philippe, je me suis en effet trompée (sans doute à cause de mon emportement "habituel" dès qu’il s’agit de passion cinéphilique : j’ai confondu le Ciné-Club et le Cinéma de Minuit. Mea-Culpa.
Quant à Pierre Tchernia, j’ai toujours sa collection "Pierre Tchernia présente" parue chez Casterman dans les années 80 qui trône dans ma bibliothèque ! C’est dire si j’aime le monsieur. Claude-Jean Philippe a marqué bien plus d’une génération (et donc la mienne) en nous faisant découvrir tant de chef-d’oeuvres ! Respect aux deux Maîtres.

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mercredi 9 décembre 2009 à 12h00, par  dr frankNfurter

Premier point, oui en écrivant trop vite, j’ai remarqué avoir marqué Jean-Claude au lieu de Claude-Jean.

Second point, vous vous doutez bien cher Kerkery qu’il s’agissait avant d’une petite boutade et rien d’autres. Comme je le soulignais plus haut dans mes comm’ précédents, il n’y a rien de méchant dans mes propos, je taquine simplement son look désuet, ne remettant pas en cause la passion et l’amour du cinéma qui anime ce monsieur, bien au contraire. ;-)

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mardi 8 décembre 2009 à 23h01, par  kerkery

Trés chère Laurence, cher Dr Furter,

Je viens de réaliser que ma mémoire de vieux tromblon a mélangé honteusement le cinéma de minuit et le ciné-club, donc je vous présente toutes mes confuses !
Mais pitié, ne dites pas de méchantes choses sur Mr Claude-Jean Philippe (et pas Jean-Philippe Claude comme j’ai cru le lire plus haut).
C’est à ce monsieur, avec Pierre Tchernia que je dois mon amour du cinéma.

Merci néanmoins d’avoir corrigé mon erreur.

Kerkery

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mercredi 4 novembre 2009 à 12h49, par  dr frankNfurter

Pas sympa, oui je sais, je fais amende honorable, punition pouf pouf tout ça.
C’était facile, moqueur... ceci dit, on a beau être passionné, qd on passe devant la caméra, la télévision étant un média avant tout visuel, on a droit de soigner un peu son apparence.
Mais bon, c’était avant tout une boutade, le peu que je connaisse de Claude-Jean Philippe me le rend sympathique de toute façon. Y’a(vait ?) déjà pas bcp de passionnés à la tv, c’est pas le moment de leur tirer dans les pattes ;-)

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mercredi 4 novembre 2009 à 10h46, par  Laurence

Réduire une vie de passion cinéphilique à des cheveux gras, des lunettes relevées sur un front luisant, c’est comme même pas sympa. Non docteur Furter, je ne vous félicite pas... Vous passerez dans mon bureau pour votre punition ! Didier est d’accord avec moi de toute façon. Quand à monsieur Kerkery il approuvera, j’en suis certaine !

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mardi 3 novembre 2009 à 18h04, par  dr frankNfurter

comme j’ai envie d’avoir raison, je vous rappellerai chère Laurence que j’ai utilisé le présent, et donc le fait que je nomme France 2 et France 3 n’est en aucun cas une erreur hi hi hi (non je cherche personne, c’est pas mon rôle, et je ne fais jamais ça...), si j’avais placé ma phrase dans le passé, là, j’aurais dû utiliser Antenne 2 et FR3, mais comme ce n’est pas le cas... Comme chez Jacques Martin, tout le monde il a gagné :-P

Euh il manquerait pas un détail pour définir C-J P... ses cheveux gras ? pouf pouf... :-D

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mardi 3 novembre 2009 à 12h01, par  Laurence

En effet, c’est au Cinéma de Minuit sur France 3 (FR3 à l’époque, restons précis) que "Freaks" à été diffusé. Le Ciné-Club c’était donc sur la 2 (Antenne 2 docteur Furter...hi, hi !).
J’espère que Patrick Brion et sa voix hypnotique (à cette heure tardive, il était difficile pour une jeune fille comme moi de veiller si longtemps sans piquer du nez, et sa voix si particulière n’arrangeait rien), ainsi que Claude-Jean Philippe et ses irremplaçables lunettes au front me pardonneront cette erreur.

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lundi 2 novembre 2009 à 21h53, par  dr frankNfurter

Bon alors les amis, va falloir accorder vos violons passe que j’ai sauté au plafond en lisant ça...
1/ Le cinéma de minuit est diffusé sur France 3 et fut créé par Patrick Bion (et sa voix inimitable)
2/ Le ciné-club est diffusé sur France 2 et fut créé à l’origine par Jean-Claude Philippe (et Patrick Bion)

Alors on mélange pas les chaines sinon ça va aller très mal !!! :-D

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vendredi 30 octobre 2009 à 20h50, par  Laurence

En effet cher Kerkery, c’est au Ciné-Club de la 3 présenté par le très cinéphile Claude Jean-Philippe que moi aussi j’ai découvert "Freaks". C’était à l’occasion d’une rétrospective sur Tod Browning. Que d’émotions avec tous ces films dans ce Ciné-Club ! Ah bon, je radote encore ?

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mercredi 28 octobre 2009 à 20h56, par  Kerkery

J’ai vu ce film il y a longtemps : c’était l’époque du ciné-club sur la 3, l’émission de Claude-jean Phillippe.
Mais si, vous vous en souvenez forcément ; le présentateur avait une voix trainante et monocorde, mais ce qu’il racontait était tellement passionnant qu’on en oubliait totalement sa diction.
Je suis donc tombé ce soir là sur "Freaks ou la monstrueuse parade", un film tourné en Allemagne, dans les années 30, en noir et blanc (bien sur).
Le spectacle qui se déroula devant mes yeux était incroyable...
Une histoire à la fois belle et effrayante, une histoire d’amour qui se déroulait dans un cirque, peuplé de monstres à l’apparence effrayante et repoussante mais dont la beauté et l’humanité surpassait de loin celle des êtres dis "normaux".
"Freaks ou la monstrueuse parade" est un véritable joyau, à voir absolumment !
Quant en plus vous saurez que les montres étaient de VRAIS monstres, votre coeur, comme le mien chavirera.
"Freaks" est un chef-d’oeuvre et si vous ne me croyez pas, regardez le film, vous comprendrez !
Excusez-moi d’avoir été aussi prolixe...

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