A Scanner Darkly
Ce n’est pas un secret : Philip K. Dick a été accro aux drogues dures, notamment l’héroïne, a suivi une cure de désintoxication, et a rencontré et fréquenté de nombreux drogués. Quand il écrit Substance Mort en 1975, il sait de quoi il parle. Et cela lui donne l’occasion d’aller encore plus loin dans l’exploration des frontières entre le réel et l’illusion... en passant cette fois par l’absurde et la paranoïa.
Substance Mort avait la réputation d’être un roman inadaptable au cinéma... Pari relevé, et gagné, par Richard Linklater qui a eu l’idée géniale d’en faire un film à la limite de l’animation, la pellicule ayant été presque intégralement retouchée. Le résultat ? Des images qui ne ressemblent à rien de connu, ou déjà vu... des dessins qui sont animés à la perfection (et pour cause, puisque les mouvements sont ceux d’humains), qui se mélangent par moments à des éléments de décors réels (non retouchés) et restituent de manière incroyable et fascinante les expressions des acteurs ...
L’ambiance qui en résulte est pour beaucoup dans la réussite de ce film complexe, qui mérite d’être revu pour une meilleure compréhension... ainsi que pour le plaisir de ré-entendre la bande son excellente, majoritairement composée de titres de Radiohead.
Dans un avenir proche, la drogue est l’arme privilégiée des terroristes qui s’attaquent aux Etats Unis, en particulier la Substance M, qui finit par transformer en légumes ceux qui y sont accros.
Bob Arctor est un agent des stups connu sous le pseudo de Fred. Mais personne ne l’a jamais vu et ne connaît son identité car il travaille, comme les autres agents, sous un "costume de brouillage" (sans doute un des effets spéciaux les plus déroutants jamais vus au cinéma).
Il a infiltré un petit groupe de junkies dont il soupçonne une des membres d’être dealeuse... mais pour cela il s’est hélas mis lui-même à consommer de la substance M.
Et lorsque Fred reçoit l’ordre d’enquêter sur Bob Arctor, qui n’est autre que lui-même, il va rapidement sombrer dans la paranoïa, jusqu’à devenir Bruce, un 3ème lui-même devra finalement qui partir en centre de désintoxication...
Il y a du Kafka et du Jarry dans A Scanner Darkly, avec des moments d’absurde et de surréalisme qui ne manquent pas d’humour, tel ce long dialogue (franchement hilarant) sur le nombre de vitesses d’un vélo qui n’est pas de 18 mais de 9, avec 6 vitesses à l’arrière et 3 vitesses à l’avant ... Heureusement car sans cela le film serait difficilement supportable, tant il est pessimiste et finalement très proche, trop proche, de notre réalité quotidienne.
De la Science Fiction ? A peine, hélas ...
Si vous voulez vous faire une idée du film ... jetez un oeil à la bande annonce, tout simplement !
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