La Sagesse des Crocodiles (The Wisdom of Crocodiles)
Steven Grlscz (non, je n’ai pas oublié de voyelle...) est un séducteur. Mais ses conquêtes ont une fâcheuse tendance à disparaître. Ce qui n’est guère étonnant, puisqu’il s’en nourrit... jusqu’au jour où un inspecteur de police commence à le suspecter, au moment même où il tombe amoureux d’une jeune femme, Anna. Subira-t-elle le même sort que les autres ?
L’intrigue, avec ses quelques rebondissements, ne présente qu’un intérêt moyen tant elle est finalement assez banale et se résume aux deux questions suivantes :
Steven, qui n’est après tout, pour la police, qu’un tueur en série comme un autre (une sorte de Dexter, avec un "rituel" assez minutieux), sera-t-il démasqué par l’inspecteur ?
son amour pour Anna sera-t-il plus fort que son instinct de conservation ?
Car Steven n’est pas un vampire au sens traditionnel du terme. Il ne semble pas bénéficier d’une longévité particulière, ne craint pas le soleil, n’éprouve aucun besoin de dormir dans un cercueil et ne possède pas d’autre pouvoir qu’une force semble-t-il un peu au dessus de la normale. Il n’en connaît pas d’autre comme lui et fait de son mieux pour survivre tout simplement, car en l’absence de sang humain, au bout d’une certaine période, il s’affaiblit et son organisme dégénère. A la limite, on pourrait imaginer qu’il est davantage victime d’une maladie rare et inconnue que le descendant d’un lointain ancètre des carpates...
Du point de vue de la réalisation, là aussi, la Sagesse des Crocodiles évoque davantage le film policier, évoluant à la vitesse approximative d’un épisode de Columbo. Mais, sans être particulièrement prenant, le film parvient dans un premier temps à intriguer le spectateur, puis éventuellement à le séduire. Son ambiance particulière, son esthétique travaillée, ses allusions et références discrètes à l’univers classique des vampires (soyez attentif et vous en trouverez, comme ce signe de croix ébauché par l’éponge d’un laveur de carreaux !) ne manquent pas de classe, tout ceci se faisant dans la plus grande sobriété tout en créant une ambiance étrange et par moments fascinante.
Et au delà de la forme, le film s’avère également intéressant sur le fond. Le propos du réalisateur nous est révélé vers la fin du film (mais il n’est pas inintéressant de le savoir avant), lorsque Steven fait état de la théorie des 3 cerveaux : le cerveau humain, en "dessous" duquel se situeraient un cerveau de mammifère (le côté animal) et un cerveau reptilien, le plus ancien, celui qui abrite les instincts de base, tels que celui de conservation.
Un sujet particulièrement passionnant pour les amateurs de fantastique qui fréquente ce site ... mais c’est aussi, hélas, la limite du film, qui ne va pas au delà, n’exploite pas réellement cette idée, se contentant de l’utiliser pour expliquer le comportement du "héros".
C’est toutefois le seul "bémol" que l’on peut apporter. Pour le reste, on se régale du jeu élégant de Jude Law et on découvre avec plaisir un film qui n’est certes pas réellement destiné au grand public (rien que son titre est prodondément anti-commercial !), mais qui reste très accessible et qui séduira tous ceux qui sont davantage sensibles à un fantastique d’ambiance plutôt qu’à des effets spéciaux omniprésents et des scénarios abracadabrants !
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Le film contient une autre idée intéressante : celle d’un "vampire" qui ne pourrait se nourrir que du sang de personnes qui l’aiment ! Une idée qui n’a été exploitée, à ma connaissance que par l’excellent roman Les Fauche-Mort de Nathalie Suteau.
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