La Nuit Derrière La Porte
A trois ou quatre siècles de notre ère, l’humanité subit une invasion qui ne lui laisse aucune chance. Une race extra-terrestre appelée Les Invisibles déciment la population, sans même que les humains puissent la combattre. A coups de virus, bactéries et autres spores, les humains meurent en masse. Et les survivants doivent faire face à de nouvelles espèces animales redoutables. Dans ce nouvel environnement, chaque jour plus hostile, une famille du village Saint Nicholas tente de continuer à vivre, au jour le jour. Mais pour la jeune Bénédicte, victime d’une maladie apportée par Les Invisibles, la fin est proche. A moins que l’étranger qui vient de frapper à leur porte puisse changer son destin... ainsi que celui de l’humanité ?
Le thème de l’invasion extra-terrestre n’est pas le plus original qui soit et la littérature de même que le cinéma ne manquent de variations diverses et variées autour de ce sujet qui figure parmi les plus classiques de la SF. Et s’il ne fallait retenir qu’une qualité du roman de Frédéric Darriet, ce serait sans doute d’avoir réussi à nous donner une version inédite, originale d’une invasion extra-terrestre parmi les plus déprimantes et cauchemardesques qui soient !
Mais ce qui est fort, c’est qu’il parvient à ce résultat sans jamais entrer dans une surenchère de violence ou d’horreur. Bien au contraire, il parvient à créer une ambiance particulièrement pesante, stressante et désespérante rien qu’en nous faisant partager la vie de quelques survivants regroupés dans une auberge, non loin d’un village dans lequel, tant bien que mal, la vie continue.
On avait parfois imaginé que l’homme pourrait terraformer d’autres planètes pour y vivre plus facilement, mais plus rarement que nous pourrions être victimes d’une "terradéformation" ! En outre, ses Invisibles s’avèrent des créatures assez fascinantes, avec leur côté pré-historique...
Et cerise sur le gâteau, l’invasion qu’il nous décrit est d’un genre plutôt inédit, qui semble se dérouler presque sans violence, tant est grande la supériorité des Invisibles sur les humains, qui se retrouvent traités comme des insectes nuisibles, peu à peu méthodiquement exterminés, sans pour autant que les exterminateurs leur porte une quelconque attention !
Mais heureusement, quelques survivants qui semblaient condamnés vont se voir offerte une seconde chance, par l’intermédiaire d’un personnage qui semble en savoir beaucoup sur les Invisibles. Mais rapidement, ils vont se rendre compte que ce même personnage leur cache la vérité, qui pourrait bien s’avérer plus horrible encore que celle à laquelle ils viennent d’échapper ...
C’est à ce moment, qui se situe à peu près la moitié du roman, que malheureusement l’intrigue s’essouffle un peu. Frédéric Darriet lance à deux reprises ses personnages sur des fausses pistes dont de toute manière les lecteurs un tant soit peu attentifs avaient déjà perçu les incohérences.
L’auteur se lance alors dans des voies qui, à mon sens, compliquent inutilement l’intrigue (jusque là remarquable) et finissent par l’affaiblir. On a du mal à croire à ces multiples rebondissements qui vont conduire à une fin qui peut à certains moments sembler invraisemblable. De plus, sans rentrer dans les détails pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs et même si aucun d’entre nous ne peut prétendre détenir la vérité sur les paradoxes temporels, on a du mal à percevoir la logique de la fin proposée par l’auteur*. On a donc envie de lui recommander, pour son prochain roman, de se contenter d’une fin plus simple.
Mais est-ce une raison pour ne pas lire La Nuit Derrière La porte ? Certainement pas. Que ce soit pour les idées originales développées par l’auteur (ce qui n’est pas un mince exploit sur un thème aussi rebattu que celui-ci), pour la qualité de la première moitié de son roman, ou encore pour sa description post-apocalyptique, très réussie, d’un monde victime d’une invasion terrifiante, ce roman mérite de trouver son public.
* Pour ne rien révéler, je vous propose une image : supposons qu’une équipe de football marque le premier but dans un match. Un fan ayant la capacité de voyager dans le temps supprime le buteur avant qu’il puisse marquer. Et pourtant, l’équipe adverse se retrouve quand même menée au score ...
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