Un Enfant Pas Comme Les Autres
Enfant, David Gordon était renfermé et torturé et, pour compenser ses difficultés relationnelles, se réfugiait dans des mondes imaginaires. Adulte, il est devenu un célèbre écrivain de Science Fiction, dont le dernier roman est en cours d’adaptation au cinéma. Lorsqu’il décide d’adpter un enfant, il s’attache à un enfant encore plus curieux que celui qu’il était dans sa jeunesse. En effet, celui-ci passe l’essentiel de son temps dans une boîte en carton, pour se protéger du soleil et porte une ceinture avec du plomb pour éviter de s’envoler : il est en effet persuadé de venir de la planète Mars...
Tiré d’une célèbre nouvelle ayant remporté le Prix Hugo, le Prix Nebula et le Prix Locus (un véritable exploit) écrite par David Gerrold (auteur entre autres du célèbre épisode Tribulations de Star Trek et de l’excellent roman Harlie Avait Un An), Un Enfant Pas Comme Les Autres a du mal à tenir ses promesses.
Evidemment, le sujet en lui-même est suffisamment émouvant que le film supporte sans grandes difficultés une certaine dose de médiocrité. D’autant que John Cusack est absolument irréprochable dans ce rôle d’un père adoptif qui se retrouve totalement dans cet enfant à problèmes, à tel point qu’il va jouer le jeu et accepter d’aller très loin dans le délire imaginaire de l’enfant...à tel point qu’il va se retrouver en quelque sorte pris au piège de la cohérence du monde imaginaire de l’enfant et de son obstination à en faire une réalité.... à tel point qu’il va finir par se demander si finalement l’enfant, superbement interprété par le jeune Bobby Coleman, n’aurait pas raison.
On retrouve alors la problématique qui avait été développée dans K-Pax, avec cet étrange patient d’un hôpital psychiatrique, persuadé d’être un extra-terrestre. Le film aurait d’ailleurs sans doute pu être bien plus intéressant si le réalisateur avait entretenu l’ambigüité un peu plus longtemps. Malheureusement - et c’est peut être même involontaire - on n’imagine à aucun moment que le petit garçon puisse être réellement ce qu’il prétend être.
Du coup, l’amateur de SF risque de rester un peu sur sa faim et surtout de se lasser assez rapidement de tous ces bons sentiments, de cette succession de scènes terriblement convenues, de cette fin si prévisible. On n’échappe même pas à l’invitable histoire d’amour - pourtant pas du tout indispensable - et à une scène dramatique finale en forme d’apothéose*, probablement censée provoquer des torrents de larmes chez les spectateurs émerveillés. Mais l’émerveillement ne fonctionne hélas à aucun moment, le film utilisant des ficelles usées jusqu’à la corde, notamment par Disney dans ses productions du siècle dernier. C’est dommage, vraiment. Espérons qu’un jour, un bon réalisateur aura l’idée d’en faire un remake !
* dans laquelle le héros prononce enfin les mots tant attendus par l’enfant, que n’importe quel adulte censé aurait trouvé au bout de quelques jours passés avec lui tout au plus et qui, en quelques secondes, effacent comme par miracle tous ses problèmes. Ah il n’y a pas à dire, elle est plus belle la vie, vue par Hollywood !