Aquablue
Suite à l’explosion accidentelle de leur vaisseau, le jeune Wilfried Morgenstern se retrouve séparé de ses parents, échappant de justesse à bord d’une chaloupe de sauvetage en compagnie de Cybot, son robot-nounou. Après avoir dérivé pendant 8 ans dans l’espace, Cybot finit par trouver une planète habitable, constitué à 97% d’eau et à 3% de terres. Wilfried grandit donc sur cette planète, peuplée d’humanoïdes amphibies qui le prenomment Nao et le considèrent avec le plus grand respect, car Nao semble avoir un lien empathique avec leur Dieu Uruk-Uru, une gigantesque créature aquatique. Mais quelques années plus tard, lorsque les terriens débarquent pour exploiter les ressources naturelles de la planète ainsi que sa population, Nao choisit son camp et décide de se battre pour libérer Aquablue...
Au début,on se demande un peu à quel type de BD on a affaire. Vraie SF ou SF pour ados ? Les premières pages ne sont guerre convaincantes, avec ce curieux robot-nounou au design très "eighties". Quant au dessin, on se rend assez vite compte qu’il est assez irrégulier, parfois un peu "fouillis", avec des visages pas toujours très réussis (voire très moches, pour être franc) et un encrage très moyen, avec des couleurs souvent un peu trop criardes...
Mais rapidement, on change d’avis au vu des étranges créatures qui peuplent Aquablue, comme ces tortues géantes qui servent de moyen de transport et surtout l’impressionnant Uruk-uru, mais aussi et surtout d’un scénario qui s’avère bien plus riche et surprenant que ce qu’on pouvait imaginer, avec l’arrivée des terriens.
On se retrouve alors avec des personnages finalement assez complexes, tel que Maurice Dupré, ethnologue idéaliste et divorcé, qui va prendre le parti de Nao et des autochtones et défier ceux qui sont venus exploiter la planète et ses habitants. Une exploitation utilisant des méthodes qui ne sont pas sans rappeler celle des indiens d’amérique, menée sur la planète par une femme qui n’est autre que Ulla Morgenstern... la tante du jeune Nao !
Ajoutez à cela une jolie histoire d’amour (du moins pour l’instant) entre Nao et la charmante (quoi qu’extra-terrestre) Mi-Nuee, un bon nombre de personnages tels que la journaliste et ex-femme de Dupré et son ami Carlo, étrange croisement entre Han Solo et un pizzaiolo italien... et vous obtenez une histoire des plus passionnantes, qui fait rapidement oublier les faiblesses du dessin (qui semble toutefois s’améliorer avec le deuxième album). Tout cela sur fond d’écologie puisque l’exploitation de la planète par les terriens, qui consiste à extraire la chaleur de ses eaux pour produire de l’énergie, doit la conduire à court terme vers une période de glaciation !
On est donc impatient, à la fin de ces deux premiers albums, de découvrir la suite de cette saga (en 12 volumes) et d’en savoir plus sur les créatures aquatiques de la planète, sur le lien empathique entre Nao et Uruk-uru.
Pas de doute, c’est bien de la véritable et de la bonne SF. Comment en douter, d’ailleurs, quand on voit que le vaisseau faisant naufrage au début dans le secteur NCC 1701 (c’est l’immatriculation du vaisseau Enterprise de Star Trek) s’appelle l’Etoile Blanche, quand un personnage cite comme proverbe "dans l’espace profond, personne ne vous entend crier" (c’était le sous-titre d’Alien) et place le personnage de Carlo aux commande d’un vaisseau ressemblant étrangement au Faucon Millénaire ?
On reparlera donc rapidement sur ce site de la suite des aventures de Nao !