Troie - Le Seigneur de l’Arc d’Argent
Hélicon, fils de roi ayant choisi une vie d’aventurier plutôt que de régner, s’est peu à peu bâti une réputation de guerrier invincible, mais honorable et juste. Il s’est également fait de redoutables ennemis en la personne des Mycéniens, un peuple de guerriers désormais à sa recherche depuis qu’il a tué l’un des leurs. Pris dans un cercle vicieux de vengeances successives, Helicon perd peu à peu son sens moral, au point de ressembler de plus en plus à ses ennemis. Et lorsque son jeune frère, devenu roi de Dardanie, est assassiné par les Mycéniens, il n’a d’autre choix que de prendre sa place. Pour ne rien arranger, il tombe amoureux d’Andromaque, qui est promise à son ami Hector, le légendaire guerrier Troyen... mais qui est porté disparu à la suite d’une bataille en Egypte. Entouré de compagnons qui cachent de nombreux secrets, Helicon va devoir faire des choix et sauver Troie, lorsqu’un traître décide de livrer la ville aux Mycéniens...
Il faut sans doute avoir beaucoup de confiance en soi, en tant qu’écrivain, pour s’attaquer à des personnages aussi légendaires que ceux qu’on retrouve dans ce roman, puisqu’on y retrouve (entre autres) Hector, Ulysse, Andromaque, Priam, Pâris, Hécube et quelques autres noms rendus célèbres par l’Iliade d’Homère.
Il faut également beaucoup de talent pour intégrer ces personnages - et quelques autres nés de l’imagination de l’auteur - au sein d’une intrigue qui n’a rien à voir avec tout ce qui a pu être écrit ou filmé auparavant (ce qui présente un avantage indéniable : on’en connaît pas la fin*) sur ces personnages légendaires, d’ailleurs légèrement revus et corrigés à la sauce David Gemmell...
C’est ainsi qu’Andromaque devient une sorte d’amazone féministe et bisexuelle et qu’Ulysse devient un riche marchand et aventurier, célèbre pour son inégalable talent de conteur. Xanthos n’est pas le nom du cheval d’Achille (qui n’apparaît pas dans ce roman) mais celui du navire d’Hélicon. Quant à Priam, il est loin d’être le roi juste bon décrit par Homère... et convoite les épouses de ses fils !
Les pères n’ont d’ailleurs pas le beau rôle, de manière générale, dans le roman de David Gemmell puisque la plupart de ses héros ont eu des enfances particulièrement difficiles, tyrannisés et traumatisés par leurs pères respectifs !
Mais qu’ils aient le beau ou le mauvais rôle, tous ses personnages sont particulièrement hauts en couleur et aucun d’entre eux ne laisse indifférent, qu’il s’agisse d’un assassin en proie à des états d’âme, d’un ancien prince exilé ou d’un des pires ennemis d’Hélicon obligé, par un concours de circonstaces, à devenir son allié puis son ami. Et tous, ou presque, sont attachants...
Si on devait avoir un regret, c’est qu’on ne trouve pas davantage de fantastique dans ce roman... Mis à part les prédictions de Cassandre, les amateurs du genre n’auront pas grand chose à se mettre sous la dent et ne trouveront aucune arme magique, aucune intervention divine, aucune créature mythologique. Mais il faut bien avouer que cela n’enlève strictement rien à l’intérêt de ce roman, qu’on a beaucoup de mal à lâcher dès ses premières pages !
* La guerre de Troie, c’est bien... mais c’est un peu comme Titanic : la fin est beaucoup trop prévisible !