Max et les Maximonstres (Where The Wild Things Are)
Ingérable : c’est ainsi que sa mère définit le jeune Max, qui supporte mal l’absence de père, les problèmes professionnels de sa mère et les amis qu’elle fréquente... Et c’est vrai qu’elle aurait bien besoin d’une visite de "super nanny" ou d’un "grand frère", tant Max lui rend la vie impossible ! Mais lui aussi souffre, au point de faire une fugue, qui va l’amener sur une île peuplée d’étranges monstres...
Pour ce film tiré d’un roman de Maurice Sendak (également producteur du film) publié en 1963, Spike Jonze à fait appel au célèbre Jim Henson (le créateur du Muppet Show) pour imaginer les maximonstres... et il a bien fait : la réussite est totale. Impressionnants tant par leur taille que pour leur caractère sauvage et imprévisible, ils sont également étonnament expressifs et émouvants. Sur le point de dévorer Max à son arrivée, ils font finalement de lui leur roi... mais les problèmes ne font que commencer ! Car Max va petit à petit découvrir qu’il est difficile d’être roi, d’être responsables des autres, d’essayer de les rendre heureux, de solutionner leurs problèmes, en particulier avec des sujets au caractère... ingérable !
Un enfant ingérable qui se retrouve à la tête d’une troupe de monstres ingérables : c’est ce changement de point de vue, l’enfant se retrouvant soudain dans une position d’adulte confronté à des monstres dont le comportement est enfantin, qui constitue l’originalité du film et le coeur même de l’histoire imaginée par Maurice Sendak. Spike Jonze l’a dit lui-même : il n’a pas essayé de faire un film pour les enfants, mais plutôt un film sur l’enfance.
Et c’est vrai que Max et les Maximonstres n’est pas du tout, mais alors pas du tout, formaté comme les films pour la jeunesse ! Spike Jonze a d’ailleurs du revoir sa copie initiale, jugée trop effrayante. Il y a peu d’humour (à part quelques scènes de jeu assez délirantes entre les monstres) et peu d’action (à part les mêmes scènes déjà évoquées). En plus, Spike Jonze ne fait rien pour nous convaincre que cette île peuplée de monstres a une quelconque réalité et on comprend donc très vite, dès le début du film, que le voyage de Max est purement imaginaire. Et il ne fait rien non plus pour tenter d’inculquer de quelconques valeurs ... une pratique aussi courante que lénifiante dans la production hollywoodienne !
En revanche, sans recourir aux effets spéciaux, Spike Jonze nous livre des images d’une beauté étonnante, grâce à un travail minutieux et un tournage qui s’est étalé sur plusieurs années et plusieurs pays (Australie, Nouvelle Zélande, Californie, Argentine, Hawaï) pour un résultat étonnant qui nous fait passer en un clin d’oeil d’un paysage désertique immaculé au sommet d’une falaise donnant sur la mer !
Au final, certains regretteront sans doute que le film s’intéresse à un gamin aussi insupportable... mais c’est précisément tout l’intérêt de ce conte moderne et poétique, qui nous plonge dans l’inconscient imprévisible et incontrôlable de ce qu’on appelle parfois un "enfant à problèmes", sans donner aucune leçon ni porter aucun jugement et sans conclure sur une quelconque "morale". Du grand art... mais pas forcément pour les jeunes enfants ! Plutôt à partir de 12 ans ...
Commander le DVD ou le Blu-Ray sur Amazon et soutenir les Mondes Etranges !
Commentaires (fermé)