Oblivion
EN 2077, la Terre est au bord de l’agonie. Après une guerre dévastatrice contre des envahisseurs venus de l’espace, gagnée de justesse, l’humanité a du trouver refuge dans l’espace, sur Titan et à bord d’un gigantesque vaisseau appelé le Tet (tétraèdre) et se contente d’extraire de notre planète les dernières ressources qui s’y trouvent, l’eau notamment. Pour cela, des drones assurent la surveillance des installations d’extraction contre les attaques des quelques aliens ayant survécu. Et un couple d’humain, Jack et sa femme Victoria, sont chargés d’assurer la maintenance des drones, en attendant de rejoindre le reste de leur espèce dans l’espace. Mais lorsqu’un vaisseau spatial se crashe sur Terre, Jack fait une étrange découverte. Les humains qui étaient à bord sont attaqués par les drones. Et l’une d’elles, Julia, ne lui est pas inconnue : il l’a déjà vue à de nombreuses reprises, dans ses rêves...
Deuxième film du réalisateur Joseph Kosinski après Tron : l’Héritage, Oblivion fait partie de ces films de SF ambitieux, hélas trop rares, qui essaient de faire passer un message, au delà d’un scénario en forme de prétexte.
Le scénario, dont le réalisateur est à l’origine (il avait écrit ce roman graphique en 2000), n’est pas sans défauts. Il est notamment assez prévisible et le spectateur un peu averti se doute très vite que la vie idyllique de ce couple apparemment parfait, constitué par Jack (Tom Cruise) et Victoria (Andrea Riseborough), n’est pas tout à fait ce qu’elle semble être... D’ailleurs, quel aurait été l’intérêt du film dans le cas contraire ? Il aurait donc sans douté été préférable que le réalisateur exploite davantage quelques fausses pistes, en nous donnant moins d’indices au début, pour mieux nous surprendre par la suite.
Mais mises à part ces quelques maladresses, il faut bien avouer que le film frise par ailleurs la perfection.
Rares en effet sont les films de SF qui dégagent une véritable ambiance, capable de les distinguer du commun de la production du genre. On pourrait en citer quelques uns, parmi les plus récents : Bienvenue à Gattaca, Les Fils de l’Homme, District 9... Oblivions est de ceux-là, avec une véritable recherche sur les décors, le design, la lumière, les costumes, la musique, l’ensemble de ces éléments formant un tout cohérent, assez différent de ce qui a déjà été vu dans la SF (ce qui est déjà, en soi, un petit exploit) et parfaitement adapté au propos du film.
Généralement, les films de SF post-apocalyptique se contentent de nous proposer des décors de ruines, de dévastation, des routes jonchées de véhicules et de cadavres, des paysages vitrifiés, des forêts d’arbres morts... On pourrait citer dans cette catégorie, à titre d’exemple ( et en mettant de côté les innombrables films de zombies...) Je Suis Une Légende, La Route ou encore Le Livre d’Eli.
Joseph Kosinski a choisi un parti-pris très différent. Les ruines et les horreurs de la guerre sont à peine suggérés. Bien au contraire, les paysages montrés dans le film sont lumineux, épurés, certes désertiques mais étrangement reposants, suggèrant une forme de pureté. Commle si la Terre, en dépit de tout ce qu’elle a subi (et on parle ici d’une guerre nucléaire), avait déjà tout absorbé, tout digéré et était prête à renaître.
Du coup, on comprend mieux les états d’âme du héros, qui ne semble pas si pressé que ça de quitter son monde natal pour aller vivre dans l’espace ! C’est ce propos écologique finalement assez optimiste et teinté de nostalgie, sans être moralisateur, qui caractérise Oblivion et le rend assez différent de tout ce qu’on a déjà vu.
On appréciera aussi - mais c’est anecdotique - le designe assez original de l’appareil piloté par le héros et surtout ces drones en forme de pacman, assez terrifiants, les prestations sobres et efficaces de Tom Cruise, Morgan Freeman et de la belle Olga Kurylenko, ainsi que les scènes d’action parfaitement maîtrisées (on s’en doutait un peu après avoir vu Tron : L’Héritage).
Oblivion fait donc partie de ces films à voir... et même à revoir. Un peu de "vraie" SF, au beau milieur de tous ces super-héros, zombies et autres gros robots qui emcombrent parfois un peu trop les écrans ces derniers temps, c’est précieux !
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