The Bay
Plusieurs années après une catastrophe écologique, une journaliste reconstitue les événements horribles qui ont eu lieu à Chesapeake Bay, à partir de différents extraits de vidéos prises sur place par son cameraman ou retrouvées sur les victimes. Il semblerait que les autorités n’aient pas réagi aux alertes des biologistes concernant l’’extrême toxicité de l’eau. Et lorsque les premiers signes d’infection sont apparus, il était déjà trop tard. Et rapidement les plaques de furoncles attaquant la peau des habitants ont cédé la place à quelque chose de beaucoup plus terrifiant...
Mais quelle mouche a bien pu piquer Barry Levinson, réalisateur oscarisé*de plus de 70 ans (on se souvient du Secret De la Pyramide, de Toys ou encore de Sphère), pour qu’il nous ponde un film d’horreur qui aurait pu être réalisé par un cinéaste de 25 ans réalisant son premier film juste après avoir eu son diplôme ?
Il a peut être voulu s’amuser sans avoir à subir la contrainte de producteurs, comme a pu le faire Francis Ford Coppola avec ses derniers films (dont Twixt), avec un petit budget et des acteurs inconnus (à part Kristen Connolly, vue récemment dans La Cabane Dans Les Bois)... mais si c’est le cas, il devrait le faire plus souvent ! Car sur ce qu’il montre avec ce film, il n’a rien à envier aux jeunes réalisateurs qui se sont fait un nom ces dernières années dans le cinéma de genre !
Reprenant à son compte la technique du "found footage", il construit son film comme un patchwork de vidéos de qualité et de formats très divers (caméra de surveillance, webcam, appareil photo numérique, téléphone portable, caméra professionnelle) nous permettant de suivre le destin tragique de quelques personnages s’étant trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Pour les besoins du film, il s’attarde sans doute davantage sur ces personnages que ne le ferait un véritable documentaire... mais c’est un détail à peine perceptible quand on est pris dans l’action.
Car le film fonctionne à la perfection ! On oublie très vite l’aspect documentaire et Barry Levinson ne se gène pas pour nous servir les clichés habituels du genre, mettant en scène au début du film les réjouissances traditionnelles d’une petite ville américaine du bord de mer, entre l’élection de Miss Crustacés et le concours du plus gros mangeur de crabe, juste avant de faire basculer dans l’horreur quelques adolescents, un couple, une famille... comme le ferait finalement n’importe quel film d’horreur. Et là, le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cueillère : c’est bien d’horreur qu’il s’agit, bien sanglante, bien gluante, bien écoeurante.
Et si le film fonctionne bien, c’est aussi grâce à un scénario plutôt malin, qui reprend le bon vieux truc de la petite bestiole mutante qui grandit de manière franchement anormale, tout en nous faisant découvrir une bestiole qu’on ne connaissait pas (et qu’on n’a d’ailleurs pas envie de connaître), les isopodes... Si vous voulez un conseil, n’allez pas voir sur Wikipédia de quoi il s’agit, ça pourrait vous dissuader de vous baigner lors de vos prochaines vacances !
Cerise sur le gâteau, le film véhicule un message écologique assez fort, puisqu’il incrimine aussi bien les dérives de l’industrie agro-alimentaire(pollution bien entendu, mai aussi utilisation de produits interdits pour l’alimentation des animaux d’élevage) que les autorités qui ferment les yeux sur leurs pratiques, laissant même entendre que ce "documentaire" pourrait bien être le testament de ceux qui l’ont réalisé : une prise de position très nette, une vraie plaidoierie à charge, pas si courante que ça dans le cinéma américain.
Pour toutes ces raisons, The Bay est un film d’horreur hautement recommandable, qui vous fera passer un bon moment de frissons sans pour autant faire baisser votre QI... que demander de plus ?
* pour Rain Man, mais il a également signé Good Morning Vitenam, Sleepers, Des Hommes d’Influence....
Commentaires (fermé)