La Belle Et La Bête
Au début du 19ème siècle, un riche marchand, père de six enfants, se retrouve ruiné et doit quitter la ville pour s’installer à la campagne. Un jour, égaré à caue d’un tempête de neige, il découvre un étrange château, où il trouve de quoi se restaurer. Mais en partant, il cueille une rose et se retrouve condamné à mort par une bête monstrueuse, qui lui laisse une journée pour dire adieu à sa famille avant de revenir. Mais Belle, la plus jeune de ses trois filles qui est aussi celle dont il est le plus proche, décide de retourner au château à sa place. La bête ne la tue pas et Belle s’installe. Peu à peu, elle va découvrir l’histoire de la bête et de de l’homme qu’elle était, avant d’être frappée d’une terrible malédiction...
Encore une adaptation d’un conte... On ne les compte plus désormais et même le cinéma français avait déjà contribué à ce phénomène de mode avec Le Petit Poucet en 2001. Mais cette fois, c’est Christophe Gans qui s’y colle. Réalisateur (trop rare, son dernier film datait quand même de 2006 !) d’un des quatre segments de Necronomicon, du Pacte Des Loups et de Silent Hill, se retrouve ici à la tête d’un budget confortable (33 millions d’euros) et d’un casting de luxe, pour tenter de faire oublier le célèbre film de Jean Cocteau.
Bon nombre de critiques tenteront sans doute d’adopter une posture élitiste et intellectuelle, au nom d’une certaine conception du cinéma, en dénonçant la débauche de moyens et d’effets visuels du film, en regrettant que Gans nous montre tout et même davantage, là où Cocteau se contentait de suggérer, en opposant la poésie de l’un aux scènes d’action de l’autre. Ce serait à tout le moins très excessif, si on considère que près de 70 ans séparent les deux films ! Entretemps, le cinéma a évolué... et qui peut dire ce que Cocteau aurait fait de son film s’il l’avait réalisé avec les moyens d’ aujourd’hui, s’il n’avait pas été obligé de suggérer, faute de moyens techniques, ce qu’on peut désormais montrer ?
Ce que la plupart des spectateurs retiendront du film de Christophe Gans, c’est précisément la beauté des images et des décors. On n’est pas très loin dans ce domaines des références en la matière que peuvent être la saga du Seigneur Des Anneaux ou, dans le genre des contes, Alice Au Pays Des Merveille ou encore Le Monde Fantastique d’Oz... avec un budget pourtant très largement inférieur à ceux de ces blockbusters !
Ils retiendront aussi, sans doute, les prestation de Léa Seydoux, parfaite dans le rôle d’une Belle pleine de charme et de caractère, mais aussi celle d’Yvonne Catterfeld, actrice allemande dont la ressemblance avec Romy Schneider est parfois troublante. C’est grâce à ces deux actrices que le film fonctionne si bien et parvient à faire passer des émotions. Mais ce n’est peut être pas un hasard si les deux personnages féminins tirent ainsi leur épingle du jeu, le film étant assez fidèle* au conte écrit en 1740 par... une femme (Gabrielle-Suzanne de Villeneuve) !
Les seuls regrets qu’on puisse avoir concernent des points de détail. La présence d’André Dussolier, avec tout le respect qu’on doit à ce sympatique acteur, s’avère un peu perturbante dans une production comme celle-ci, tant on est habitués à le voir dans des films typiquement "franchouillards" ! On se serait également bien passés de la narration en voix-off (car on devine rapidement l’identité de la narratrice), qui n’a comme seul effet de nous faire "sortir" du film à plusieurs reprises, tout cela pour nous réserver une happy end hyper-prévisible, alors qu’on aurait très bien pu se contenter du tradtionnel "et ils vécurent heureux et eurent de beaux enfants" sans nécessairement le voir en images...
Ni film d’horreur ni film pour la jeunesse, La Belle Et La Bête s’avère un bon spectacle familial, qui plaira aux femmes comme aux hommes ainsi qu’aux enfants (même si les plus jeunes pourraient être impressionnés par certaines scènes), qui devraient être séduits par les "tadums", ces adorables petites boules de poils numériques... Comme quoi Christophe Gans a bien retenu les leçons de Disney et d’Hollywood ! Il ne faudra donc pas s’étonner si son film est un succès en salles, en France et à l’international, puis en DVD...
* Ce en quoi les différentes adaptations (celle de Cocteau, de Disney, de Gans) diffèrent, concerne surtout l’origine de la malédiction de la bête.
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