Morgane (Morgan)
Lee Weathers, consultante en gestion des risques, est embauchée par une mystérieuse organisation pour enquêter sur un dramatique incident, évaluer la situation et décider des mesures à prendre. Elle se rend dans un lieu isolé et tenu secret, où des scientifiques s’occupent d’une jeune fille appelée Morgane. Mais Morgane n’est pas une jeune fille comme les autres. Il s’agit d’une créature artificielle, résultant d’une hybridation entre de l’ADN et des nanites. L’expérience semble être une réussite : après une croissance extrêmement rapide, Morgane a commencé à développer des émotions et à se comporter comme une jeune fille normale, au point que l’ensemble de l’équipe semble s’être attachée à elle. Jusqu’au jour où elle a agressé l’une eux en lui plantant une fourchette dans l’oeil...
Quand on s’appelle Luke Scott, quoi de mieux pour tenter de se faire connaître comme réalisateur que de se lancer dans la SF horrifique, le genre qui a rendu papa célèbre avec son Alien ?
Inutile de vous dire que la comparaison s’arrête là (car dans le cas contraire, vous auriez déjà entendu parler de Morgane).
Donc Morgane ne révolutionnera pas la SF... la faute, pour commencer, à un scénario qui ne brille pas par son originalité. Même sans remonter jusqu’à Frankenstein, le thème de la créature artificielle qui échappe à son créateur a été traité à de nombreuses reprises ces dernières années (Eva, The Machine, Automata, Chappie, Ex Machina, Vice, la série Westworld)... et souvent avec plus de talent que Luke Scott n’en montre dans Morgane.
Le film démarre pourtant bien, avec une certaine lenteur qui va bien avec le choix d’une ambiance assez glaciale, telle qu’on peut l’imaginer dans un laboratoire scientifique où se déroulent des expériences probablement pas très légales... et même si cela non plus n’a rien de bien original, c’est suffisamment efficace pour que le spectateur ait envie d’en savoir plus. Un peu trop rapidement, hélas, on se rend compte que Morgane bascule vers le film d’action.
Il y avait pourtant de quoi s’intéresser davantage au personnage de Morgane, à la question de sa conscience, de son libre arbitre, de ses émotions, ce qui l’aurait sans doute rendue beaucoup plus attachante. Malheureusement, le réalisateur sembe avoir fait le choix de mettre tout cela de côté puisque la jeune fille finit par s’en prendre à celles et ceux qui, pourtant, avaient fini par se prendre d’affection pour elle.
C’est dommage car le face-à-face des deux actrices Kate Mara (vue récemment dans Transcendance, Les Quatre Fantastiques et Seul Sur Mars) et Anya Taylor-Joy (The Witch, Split) aurait sans doute pu s’avérer bien plus passionnant que les quelques phrases qu’elles échangent avant de s’affronter physiquement.
Quant à la fin... le réalisateur aurait quand même pu s’y prendre un peu mieux pour brouiller les pistes et éviter qu’on devine au bout d’un quart d’heure la nature du twist final. C’est là qu’on se rend compte qu’il est encore loin d’avoir le savoir-faire (sans parler de talent !) de son père. Il suffit d’ailleurs d’imaginer ce qu’aurait pu donner ce scénario, réalisé par Ridley Scott, pour s’en convaincre.