Une Colonie (Half Way Home)
Cinq cents embryons placés dans un vaisseau spatial sont envoyés coloniser une lointaine planète. Leur éducation, pendant un voyage censé durer trente ans, est assurée par une Intelligence Artificielle, via une forme de réalité virtuelle. Et pendant tout le voyage, cette IA appelée Colony, ne cesse de scruter la planète vers laquelle le vaisseau se dirige. Il lui revient de décider si la planète sera viable ou pas. Dans ce dernier cas, elle est censée déclencher la "séquence avortement" Mais suite à une explosion accidentelle, un accident met un terme à l’éducation des colons , qui sortent de leur état de veille âgés de 15 ans, totalement démunis face à un monde qu’ils vont devoir découvrir et des dangers inconnus qu’ils vont devoir affronter. A commencer par le pire des dangers : eux-mêmes...
Le moins qu’on puisse dire est que le thème de la colonisation est un grand classique de la SF, que ce soit au travers de romans (récemment avec la saga The Expanse) ou encore de séries (comme Earth 2), allant généralement de pair avec celui de la survie dans un milieu hostile inconnu et dangereux. On se souvient des romans de La Ballade de Pern, d’Ann McCaffrey ainsi que de ceux du Cycle de ténébreuse de Marion Zimmer Bradley, dont le point de départ était l’atterrissage d’un vaisseau de colons.
Une Colonie est un mélange de ces deux thèmes, avec une pointe d’originalité liée au fait que les colons débarquent - accidentellement, après un crash - à l’âge de 15 ans. Après un début plutôt passionnant, on pense comprendre que le roman va s’orienter vers des luttes intestines de pouvoir entre les survivants, un peu à la manière de la série Les 100 (même si dans la série, le milieu hostile et inconnu était en fait celui de la Terre !) ou du film Voyagers (même si l’action se déroule uniquement dans le vaisseau)... jusqu’au moment où les personnages principaux décident de quitter le campement des colons, afin de fuir ceux qui ont pris le pouvoir, sous la direction de l’IA du vaisseau, qui elle aussi a survécu.
Il s’ensuit une longue, très longue partie du roman où les malheureux fuyards vont devoir faire face à différentes difficultés et différents dangers... Et là, pour le coup, on a l’impression de relire ce qu’on a pu lire des dizaines de fois, sous une forme ou une autre, depuis les années 70 et les romans de la série Anticipation des éditions Fleuve Noir, avec des créatures aussi exotiques que dangereuses... et pas toujours très réalistes ni très crédibles.
Ce qui diffère un peu de la production de la littérature de SF de ces années, c’est l’homosexualité de son jeune héros, conjuguée à ses relations avec ses deux amis, une jeune femme qui est attirée par lui, et un jeune homme dont il tombe amoureux mais qui n’a d’yeux que pour la jeune femme. Ce triangle qu’on pourrait presque qualifier de "polyamoureux", voire de "trouple" est évidemment très dans l’air du temps et on peut se demander, à la lecture du roman, si l’auteur ne cherche pas à surfer sur une vague susceptible de lui valoir des éloges de la part de la critique toujours très bien disposée à l’égard de ces tendances...
Mais la fin du roman, de manière assez inattendue, donne un sens à l’homosexualité du héros, en même temps qu’on revient à une SF un peu meilleure, même si là encore, on peut éprouver un léger sentiment de "déjà-vu" avec cette IA qui rappelle un peu la "Maman" du Nostromo dans le tout premier Alien.
Au final, en dépit de quelques bonnes idées, le mélange du genre s’avère plutôt indigeste et surtout, trop long. Une Colonie aurait sans doute pu faire une excellente nouvelle, ramené à quelques dizaines de pages. Mais 300 pages (au format de poche), c’est déjà trop quand on n’a pas grand-chose à dire...