King Kong
C’est étonnant quand on y pense, mais ce film n’a fait l’objet d’aucune critique négative en France, ce qui est pourtant généralement le cas des superproductions de ce genre. Pourtant, il avait tout pour déchainer les ires de nos intellectuels américanophobes : il s’agissait d’un remake, il y a une histoire d’amour (et même presque deux, si on compte celle entre la belle et la bête) tout ce qu’il y a de plus « mélo », et Peter Jackson en fait des tonnes aux niveau des scènes d’action et des effets spéciaux.
Et bien, non ! Le film a été plutôt bien accueilli. Peut être parce qu’il est fidèle à l’original de 1933 et lui rend un véritable hommage, sincère et authentique. Peut être aussi parce qu’en dépit des apparences, Peter Jackson n’a pas fait dans la facilité avec ce remake de 3 heures (presque le double de l’original). Et peut être tout simplement parce qu’un bon scénario, un bon film et un grand spectacle d’il y a plus de 70 ans sont restés actuels et parviennent toujours à nous étonner et à nous émouvoir. Grâce au talent d’un réalisateur hors normes.
Les effets spéciaux de ce King Kong ne se limitent pas à l’animation d’un singe géant, bien au contraire. Dès les premières images, on est subjugué par la reconstitution du New York des années 30, en pleine Grande Dépression. Ce choix de Peter Jackson de situer l’action du film à l’époque de la sortie du premier King Kong est pour beaucoup dans la crédibilité du scénario : peut-on imaginer aujourd’hui qu’il existe encore un « lost world » tel que l’île du Crâne ? Et combien de temps tiendrait un singe, même géant, face à des F16 ? Ce choix est aussi pour beaucoup dans le charme qui se dégage du film.
L’autre réussite de ce film, ce sont les scènes d’action, et notamment celles qui mettent en scène les animaux préhistoriques de Skull Island. On pensait avoir tout vu en la matière avec les 3 Jurassic Park, sans oublier le Godzilla de Roland Emmerich ... mais Peter Jackson va encore plus loin. Presque trop loin, d’ailleurs ! Là où l’original se limitait à quelques apparitions de dinosaures et à un combat avec King Kong de deux ou trois minutes , Peter Jackson multiplie les morceaux de bravoure et en fait carrément trop.
Heureusement, il y a beaucoup d’humour et de second degré dans ces scènes, et on peut du coup les apprécier pour ce qu’elles sont, sans se préoccuper de réalisme et de crédibilité. Mais c’est vrai que le carambolage des brontosaures, et le combat de King Kong dans les lianes, c’était osé ! Sans parler des insectes géants et autres animaux tous plus affreux les uns que les autres... on frôle par instants le véritable film d’horreur (qui est d’ailleurs la spécialité dans laquelle Peter Jackson a débuté).
Et pour le reste, on a beau le savoir et s’y attendre, on est toujours émus par cette grosse bête à poils qui s’éprend de cette jolie blonde, on est toujours triste de la voir caputurée et arrachée à son milieu naturel pour être exhibée de façon grotesque comme un animal de cirque, et on est toujours révoltés de la voir mourir, lâchement abattue par des avions qui ne lui laissent aucune chance de se défendre.
Rendez-vous, donc, vers 2080 pour voir une quatrième version !
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