The Addiction
Un soir à New-York, une jeune doctorante en philosophie Kathy Conklin (Lili Taylor) reçoit le baiser mordant d’une belle vampire (Annabella Sciorra). Commence alors pour Kathy le début d’une transformation aussi bien physique que psychique...
En connaissant un tant soit peu la filmographie du marginal (mais ô combien sympathique) Abel Ferrara, on pouvait difficilement s’attendre à une lecture classique d’un des mythes fondateur du genre Fantastique. Ferrara et Nicholas St John nous propose ainsi une version moderne du vampirisme à la fois urbaine et teintée de philosophie, une troisième voie originale en somme le vampire ayant été décrit en général par le passé comme un tueur sanguinaire dénué de sentiments ou comme un héros romantique atteint d’une terrible malédiction.
En faisant table rase du passé, à savoir rayer les différents aspects « folkloriques » qui définissent le vampire, le duo Ferrara/St John décident dès lors d’inscrire l’histoire au plus près de la réalité (quitte par conséquent à déplaire aux quelques intégristes de la cause vampire…). Sans déflorer l’intrigue, l’un des points les plus originaux survient au début du film, lorsque l’héroïne, l’étudiante Kathy Conklin, croise le chemin d’une demoiselle vampire. Cette dernière lui laisse en effet le choix d’accepter ou non la morsure qui fera d’elle par conséquent une future membre du club privé des croqueurs de jugulaires (dans ce cas précis, nul besoin de goûter au sang du non mort pour devenir vampire, une morsure suffit). Ce détail met dès lors en lumière la patte de Ferrara et ses différents questionnements (le libre arbitre, le déterminisme…) mais avant tout sa relation avec la religion, thème récurrent dans sa filmographie.
Néanmoins, le parti pris le plus intéressant (hormis le fait que l’ail et les UV ne posent guère de soucis aux vampires dans le cas présent) vient du fait que nous suivons pas à pas la lente transformation de Kathy Conklin (jouée par la talentueuse Lilly Taylor). Transformation qui s’inscrit dans la tradition du récit initiatique, l’héroïne croisant ainsi au cours de l’histoire divers personnages dont un vampire ascète interprété par l’énigmatique Christopher Walken (ce dernier lui conseillant la lecture du Festin nu de William Burroughs en réponse à ses questions). La jeune femme subit dès lors à la fois les affres d’une nouvelle addiction et un changement dans sa personnalité.
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Le seul point qu’on pourrait reprocher au long métrage d’Abel Ferrara provient de la trop grande place qu’accapare par moment les monologues de l’héroïne, cette dernière étant doctorante en philosophie, on serait en droit de trouver certains passages un peu trop "verbeux". Détail néanmoins intéressant indiquant que ce projet est avant tout l’oeuvre de son scénariste, Ferrara s’étant fait vampirisé pour l’occasion par St John. Hormis ce reproche, on soulignera la magnifique photo noir et blanc de The Addiction et ce nouveau regard porté sur la symbolique du vampire, ce dernier synthétisant les différents addictions humaines.
Film atypique qui ne laissera pas indifférent les plus curieux d’entre vous.
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L’ancien doctorant, que je suis, ne resta pas insensible à la fameuse scène où le pot célébrant l’obtention du doctorat de Miss Conklin se termine par un carnage.