Les Papillons du Mal (Trauma)
Habituellement, les romans d’épouvante - notamment ceux de Masterton - commencent toujours par un horrible massacre.On fait ensuite connaissance avec le personnage principal, qui va se évidemment retrouver confronté à une monstrueuse créature ... et le roman se terrmine généralement bien, tout rentrant dans l’ordre une fois la monstrueuse créature éliminée ou renvoyée d’où elle venait. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! Là, on est presque dans le schéma inverse. Pas de massacre, pas même de créature monstrueuse, du moins au début. Rien de bien extraordinaire en fait, car l’héroïne du roman, Bonnie Winter, est tout ce qu’il y a de plus ordinaire...
Duke, le mari de Bonnie est minable, paresseux, alcoolique... Une sorte de Homer Simpson, en pire ! Au chômage et faisant semblant de s’en plaindre, il rejette son "malheur"sur les mexicains (l’un d’eux lui ayant soi-disant piqué son job), car évidemment un tel personnage ne pouvait être que raciste... Quant à Ray, le fils de Bonnie, il suit lentement la voie tracée par son père.
Mais Bonnie ne se décourage pas. En plus de son travail, plutôt que de "faire des ménages" pour arrondir les fins de mois, elle a créé une petite entreprise très spécialisée, sur un créneau assez particulier : elle nettoie les scènes de crime, une fois les enquêtes terminées, afin que maisons et appartements puissent être loués ou vendus, une fois éliminées toutes les traces des carnages y ayant eu lieu. Elle est si occupée qu’il ne lui viendrait même pas à l’idée de quitter son mari, ni même de la tromper.
Jusqu’au jour où elle se rend compte qu’un point commun unit certains crimes : le comportement inexplicable de personnes sans histoire ayant soudainement massacré leurs proches et surtout la présence de bien curieuses chenilles...
Quiconque connaît bien Masterton ne sera pas surpris de découvrir que derrière ces meurtres se cache une cruelle déesse aztèque. Le recours aux mythes et légendes les plus exotiques constitue une bonne partie du "fond de commerce" de l’écrivain, qui les utilise généralement avec talent, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
Mais quiconque connaît bien Masterton sera étonné de ne pas voir arriver plus rapidement des massacres bien sanglants, une apparition impressionnante de la déesse en question ! En fait tout se passe comme si Masterton (qui a la réputation d’écrire parfois très rapidement) s’était pris d’un intérêt particulier pour son personnage de Bonnie, qu’il développe et enrichit tout au long des 150 premières pages (sur un roman en comptant environ 220), le fantastique et l’horreur passant au second plan.
Lui qui est réputé pour sa capacité à effrayer voire à écoeurer les plus blasés de ses lecteurs, fait preuve ici d’une réelle sobriété. Les crimes sur lesquels travaille Bonnie ne sont pas différents de ceux que l’on peut voir (ou imaginer) dans une série comme Dexter. Et si la tension monte, c’est davantage du fait de la lente descente aux enfers de Bonnie, dont la situation personnelle ne va cesser de se dégrader... jusqu’à ce que, au moment où pn ne l’attendait plus, le fantastique refasse irruption, pour un final impecablement surprenant.
Voila qui ferait sans doute un sympathique scénario de film... mais qui fait surtout un excellent roman, qui se lit d’autant plus vite qu’il est difficile à lâcher. Pour celles et ceux qui aiment lire avant de s’endormir, attention : Les Papillons Du Mal fait partie de ces romans qui vous rendent insomniaques ...
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