Annihilation
Kane, le mari de Lena et soldat des forces spéciales, vient de rentrer d’une mission aussi difficile que mystérieuse lorsqu’il tombe soudainement malade. Pris en charge par des agents de la sécurité nationale, Lena apprend que Kane a été envoyé dans une zone où un étrange phénomène appelé le "miroitement" semble se propager, et dont il a été le seul de son unité à revenir vivant. Lena, professeur en biologie cellulaire et ayant elle-même appartenu à l’armée, se porte alors volontaire pour participer à une expédition scientifique avec quatre autres femmmes. Elles vont rapidement se rendre compte que les formes de vie, végétales comme animales, se trouvant dans la zone du miroitement ont subi d’étranges hybridations et mutations...
Roman de Jeff VanderMeer ayant remporté le Prix Nebula en 2014 (ce qui n’est pas rien !), Annihilation était aussi le point de départ de la trilogie du Rempart Sud, qu’on peut déjà considérer comme un classique de la SF. Mais elle était réputée difficilement adaptable au cinéma...
C’est Alex Garland, scénariste réputé (28 Jours Plus Tard, Sunshine, Dredd) et réalisateur prometteur (Ex Machina), qui s’y est collé. Et il a fait appel à un casting prestigieux, puisqu’on retrouve dans son film non seulement Natalie Portman, mais aussi Jennifer Jason Leigh, Tessa Thompson (la Valkyrie de Thor : Ragnarok), Oscar Isaac (alias Poe Dameron dans les nouveaux Star Wars, quand même) et Benedict Wong (transfuge de l’univers Marvel et de Docteur Strange).
En dépit de ces atouts, le film n’a pas trouvé son public lors de sa sortie en salles aux Etats Unis, au Canada et en Chine, ni dans le reste du monde avec sa diffusion sur Netflix.
Pourtant, les acteurs sont bons, de même que les effets spéciaux ,et les scè nes d’action et d’horreur (quoique peu nombreuses) sont réussies. Mais le film paie peut-être le prix d’un scénario qui n’a sans doute pas été pensé pour le grand public, et d’une originalité qui a sans doute perturbé certains spectateurs habitués à des invasions extra-terrestres d’une autre nature, plus spectaculaires et plus manichéennes.
Car si quelques créatures rencontrées dans la zone du miroitement sont d’un aspect plutôt terrifiant, à l’image de l’hybrique d’alligator et de requin ou de l’ours mutant, d’autres (comme les cerfs ci-dessous, ou certaines structures cristallines, même lorsqu’elles apparaissent clairement comme d’origine humaine), présentent une beauté, voire une certaine poésie assez déroutante pour un film de ce genre.
D’une certaine manière, le film pose la question d’une invasion extra-terrestre tout en douceur, presque sans horreur, avec une forme d’assimilation qui se ferait dans une sorte de beauté et de sérénité. Tout le contraire, donc, des productions hollywoodiennes formatées dans lesquelles d’horribles aliens réservent à leurs victimes humaines un sort généralement aussi violent qu’atroce. Mais c’est ce qui fait le charme de ce film, dont l’ambiance ne ressemble à aucun autre, avec son rythme faussement lent, ses scènes d’horreur s’opposant à ses images à l’esthétique fascinante.
Tout cela, allié peut-être au fait que l’expédition militaro-scientifique dans cette zone d’invasion extra-terrestre est composée exclusivement de femmes, ce qui va à l’encontre des clichés (qui, comme chacun sait, ont la vie dure) du genre, peut expliquer l’échec du film. Ce qui est bien dommage, car cela signifie que ceux qui ont apprécié le film n’auront pas le droit à une suite... Et parce que pour une fois qu’un film de SF sortait un peu de l’ordinaire des productions de ces dernières années, cela aurait mérité une deuxième chance.